La nuit du dimanche à lundi aura été longue et sombre pour de très nombreux Tunisiens et pour cause! Des coupures récurrentes d'électricité sont survenues un peu partout dans le Grand Tunis et à Bizerte, durant le plus souvent quelques minutes voire plus dans certains cas. Les habitants de l'Ariana et plus précisément ceux des environs d'El Ghazela ont vu leur sommeil perturbé également par des bruits de détonations intempestives et des étincelles éclairant par moments le ciel et semant la panique parmi les citoyens. Rude épreuve surtout qu'il faisait tard et que les média n'ont commencé à donner des débuts de réponses aux questions des Tunisiens qu'au petit matin. Dans un contexte sécuritaire tendu et un passé très proche peuplé d'attentats terroristes et d'événements sanglants, nombreux sont les citoyens qui avouent avoir redouté le pire hier soir et privilégié l'hypothèse d'une attaque terroriste ou encore d'un coup d'Etat. D'autres ont préféré jouer la carte de l'humour et ont posté des statuts hilarants sur les réseaux sociaux évoquant le début des mesures d'austérité évoquée par Youssef Chahed dans son discours devant les élus à l'ARP. Mais qu'en est-il vraiment de ce phénomène étrange? Il s'agit apparemment d'une première en Tunisie, due à un taux très élevé d'humidité ayant atteint 94%. Ceci a eu pour conséquence une accumulation d'eau au niveau de différents pylônes de hautes tensions à l'origine des coupe-circuits répétitifs survenus dans plusieurs zones et régions. C'est du moins l'explication donnée hier matin par la STEG par le biais de son responsable en charge de la gestion du système de production et de distribution d'électricité. La société a également présenté ses excuses à ses clients, affirmant que le réseau avait pu être rétabli sur tout le territoire dès hier matin, les rayons du soleil ayant largement contribué à l'évaporation de l'eau sur les pylônes. Bilan de cette nuit mouvementée, une grosse frayeur pour tous, quelques dégâts matériels dans certains foyers mais encore plus grave, les coupures de courant dans certains hôpitaux de Tunis dont certaines qui ont duré des heures. A l'hôpital Aziza Othmana par exemple, l'électricité a été interrompue dès 3h du matin pour n'être rétablie que plusieurs après. Le groupe électrogène de secours n'étant pas fonctionnel, l'unité hospitalière a dû fonctionner au ralenti durant tout ce laps de temps, au détriment de la vie des patients, notamment ceux admis en soins intensifs. Quelle sera la conséquence de ce laisser-aller? Comment en est-on arrivé à un tel niveau de nonchalance surtout que la réglementation tunisienne stipule que la vérification et la maintenance d'un groupe électrogène doivent être réalisées au moins une fois tous les 15 jours dans les établissements publics? Qui en paiera le prix? A cette dernière question, nul doute que la réponse est le citoyen, le citoyen lambda qui devra payer de sa santé et peut-être même de sa vie les conséquences de la hausse du taux d'humidité dans l'air, de l'accumulation de l'eau au niveau des pylônes électriques, de la négligence des agents de maintenance et des catastrophes engendrées par un système sanitaire défaillant. Entre temps, nous devons « rester debout pour la Tunisie » nous dit-on !