La crise qui tourmente Nidaa Tounes depuis l'année dernière semble avoir contaminé son bloc parlementaire qui avait pourtant, jusque-là, tenu bon (à part, bien évidemment, l'épisode de son éclatement et la fondation du bloc d'Al Horra). Après le remue-ménage ayant touché le feu Comité constitutif, le premier Comité politique – dirigé, à l'époque par Mohsen Marzouk – et le second Comité politique – présidé, à un moment, par Ridha Belhadj – le tour du bloc parlementaire est arrivé. Cela a commencé avec la déclaration, accordée au Temps, de Tahar Battikh qui avait annoncé qu'une trentaine de députés ont signé une pétition à travers laquelle ils ont appelé à l'élection d'un nouveau président du bloc. Mongi Harbaoui avait réagi à cette pétition en expliquant qu'il s'agit en fait d'une tentative externe pour affaiblir le bloc parlementaire. Vendredi dernier, le directeur exécutif du mouvement, Hafedh Caïd Essebsi, a contacté Sofiene Toubel afin de lui demander de reporter les Journées parlementaires de Nidaa Tounes le temps que tout le monde revoit l'ordre du jour. Refusant de se soumettre à la requête, Toubel a maintenu la tenue des Journées parlementaire qui se sont déroulées le week-end dernier au siège de l'Assemblée des représentants du peuple. Cette réunion a été suivie par un communiqué annonçant la reconduction de Toubel et de son équipe à la direction du bloc parlementaire. Contacté par Le Temps, la députée Ibtissem Jebabli a expliqué qu'aucune élection n'a été tenue lors des Journées parlementaires. « Cette rencontre nous a permis de revenir sur les décisions issues des dernières Journées parlementaires tenues en mai 2016. A l'époque, on avait élu Sofiene Toubel pour qu'il préside le bloc jusqu'à la fin de l'année 2017. On a donc juste convenu de respecter notre convention morale qui stipule de garder la même équipe » a expliqué la députée. Interrogée sur le nombre des présents à cette récente réunion, Ibtissem Jebabli a annoncé qu'une trentaine de députés y ont marqué leur présence et que le député Khemaeis Ksila les a rejoints le lendemain. A la question de la légitimité de la reconduction de Toubel alors que presque la moitié du bloc était absente, notre interlocutrice a estimé que, comme Toubel est déjà passé par l'épreuve des élections en mai dernier, sa légitimité ne peut en aucun cas être contestée et qu'elle ne dépend nullement du nombre des présents aux Journées parlementaires. « On ne peut pas revoir nos positions à chaque début de crise. De plus, ces mêmes députés qui ne se sont pas présentés à la réunion ont quand-même envoyé leur candidature pour le poste de président du bloc parlementaire. Ceci est une manière de reconnaître la légitimité de la réunion. Toutefois, nous restons ouverts à toute proposition de réunion afin de remettre les points sur les ‘i'. Nous ne nous sommes pas en guerre, nous avons juste quelques discordes qui peuvent être résolues très facilement » a expliqué Ibtissem Jbebli. Pour Tahar Battikh, député du même bloc qui s'est absenté de la « réunion de Toubel », les Journées parlementaires n'ont pris aucune décision nouvelle. « Pendant que Sofiene Toubel était au Hadj, nous avons été contactés par trois députés qui voulaient intégrer notre bloc. Cela voulait dire que Nidaa Tounes pouvait enfin récupérer sa première place au sein du Parlement... comme le président du bloc n'était pas là, on l'a attendu afin qu'il valide ces nouvelles adhésions. C'est entre autres pour cette raison que l'on a chargé – nous, les trente-neuf députés qui étaient présents à la réunion du vendredi – le directeur exécutif pour qu'il demande au président du bloc de reporter la tenue des Journées parlementaires. Ignorant tous ces éléments, Sofiene Toubel a préféré organiser ces Journées avec seulement vingt-quatre députés. Nous avons beaucoup de réserves quant au communiqué qui a été publié suite à cette réunion et nous comptons organiser une nouvelle rencontre – puisque le règlement interne du mouvement stipule que le tiers du bloc peut convoquer la tenue des Journées parlementaires – et ce avant l'inauguration de la nouvelle session parlementaire prévue pour le 15 septembre. Je tiens, en attendant, à rappeler à tout le monde que le bloc parlementaire ne peut pas être indépendant du mouvement et qu'il doit respecter un minimum de discipline partisane. » Lorsqu'il qu'il a été élu à la tête du bloc parlementaire, Sofiene Toubel s'était fixé comme objectif de récupérer la majorité au sein du Parlement. Aujourd'hui, force est de constater que le résultat est totalement dirigé vers l'autre sens puisque le bloc de Nidaa Tounes risque de vivre un nouvel éclatement que nul ne pourrait réparer par la suite...