Rached Ghannouchi est monté au créneau, de nouveau, pour défendre son parti en affirmant qu'Ennahdha n'est pour rien dans la montée du terrorisme en Tunisie, tout en imputant ce mal à la dictature, à la pauvreté et au chômage, selon l'analyse du journal en ligne « Kapitalis ». Cette thèse, pour la énième fois réchauffée, a été véhiculée par la chaîne d'Al-Jazira, passée depuis longtemps pour le relayeur incontesté de la fumeuse islamo-démocratie. Dans son adresse, au cours d'une Conférence des conservateurs et des réformateurs qui s'est tenue en fin de semaine à Tunis, Ghannouchi a expliqué que le manque d'opportunités économiques offre un terrain fertile où le terrorisme peut foisonner, ajoutant que «la liberté seule ne pourrait jamais changer la vie d'un peuple si elle n'était accompagnée des principes de l'Etat de droit et d'une véritable croissance économique inclusive », sachant que son parti n'avait rien fait durant les quatre ans de son hégémonie pour réduire un tant soit peu de cette situation. Pire encore, la Troïka n'a fait qu'attiser les dissensions et à réduire les capacités de l'Etat et du pays. Un lien étroit entre terrorisme et crise économique «Le lien qui existe entre le terrorisme et la crise économique est très étroit. Plusieurs parmi les personnes qui ont emprunté la voie du terrorisme sont originaires des régions marginalisées et pauvres», a expliqué le chef islamiste tunisien. «Le terrorisme se nourrit d'une mauvaise compréhension et d'une interprétation erronée de l'islam, tout autant que des dysfonctionnements du milieu et du manque d'instruction», a-t-il renchéri, en s'empressant de tracer la ligne de séparation entre l'islamisme «éclairé» d'Ennahdha et les salafisme, djihadisme, wahabbisme et autres obscurantismes. «Notre islam est celui de la paix, du pardon, de la justice, de la fraternité et des sciences (...) Nous, à Ennahdha, nous ne sommes pas uniquement un parti politique, nous sommes également une école de pensée qui défend l'islam de la liberté et des droits de l'Homme. D'ailleurs, c'est pour cette raison que les intégristes et les terroristes nous en veulent : ils nous traitent en ennemis parce que le mouvement d'Ennahdha croit en un islam qui est différent du leur», a prêché le président d'Ennahdha. Rached Ghannouchi a souligné que le terrorisme reste, dans une très large part, la résultante de la dictature: «Certaines personnes s'étonnent qu'un pays aussi modéré que le nôtre puisse aujourd'hui exporter les terroristes par centaines et par milliers (...) Non, ces gens-là ne sont nullement le produit de la révolution. Ils sont plutôt le produit de la dictature.» La faute à Ben Ali «En effet, tente-t-il d'expliquer encore, sous l'ancien régime, il y avait un vide spirituel en Tunisie... Puis, au lendemain de la révolution, des idéologies étrangères ont été importées dans le pays, elles ont tiré parti de ce vide spirituel, elles l'ont envahi.» Ghannouchi a pris le plus grand soin de passer sous silence l'essentiel de l'histoire de la relation qui lie les courants extrémistes religieux et Ennahdha. Il a omis de dire que, sous les gouvernements des Troïkas 1 et 2 dirigés par Ennahdha, le projet d'islamisation de la Tunisie comprenait également, à plusieurs reprises, la main tendue par les Nahdhaouis aux salafistes, les «enfants» du cheikh qui lui rappelaient sa jeunesse! Aujourd'hui, ces mêmes enfants de Rached Ghannouchi décapitent les bergers et arrosent de balles de leurs kalachnikovs les citoyens tunisiens et les touristes étrangers – ainsi qu'ils l'ont fait au Bardo, à Sousse... et plusieurs fois ailleurs, en Tunisie.