En marge de la victoire présidentielle de Donald Trump et de la COP22 à Marrakech, la visite officielle du chef du gouvernement tunisien à Paris s'est révélée très productive pour les relations entre la Tunisie et la France. Le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed a entamé sa première visite officielle en France accompagné d'une délégation de ministres, députés et journalistes tunisiens. La visite de deux jours, les 9 et 10 Novembre, sous l'invitation de son homologue français, Manuel Valls lui laisse le temps d'aborder plusieurs questions concernant la transition démocratique de la Tunisie et ses relations économiques et sécuritaires avec la France. Cette courte visite officielle a permis au chef tunisien de s'entretenir avec Manuel Valls ainsi que le ministre des affaires étrangères et du développement international, Jean Marc Ayrault et le président de l'Assemblée nationale française, Claude Bartolone. Il a rencontré le président de la république française, François Hollande le 10 Novembre à l'Elysée et a enchainé par un entretien avec le président du Sénat, Gérard Larcher. Pendant son entretien avec son homologue tunisien, Manuel Valls en a profité pour confirmer sa présence à Tunis le 29 Novembre prochain à l'occasion du démarrage de la conférence Tunisia 2020. Il rappelle également que la France est déterminée à « mobiliser la communauté internationale, les bailleurs de fonds, les entreprises, au profit du développement de la Tunisie ». « Avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed nous avons évoqué la panoplie des relations bilatérales qu'entretiennent la Tunisie et la France. Nous avons également évoqué la contribution de la France en soutien à la Tunisie et qui s'élèvera à 1 milliard d'euros réparti sur 5 ans. Nous confirmons par la même notre engagement vis-à-vis de ce pays frère et ami » a déclaré Manuel Valls. La principale motivation de la venue de Mr. Chahed à Paris est de « montrer que la Tunisie est chez elle en France. Ça sera aussi, pour la partie tunisienne, une occasion d'exprimer ce qu'elle attend de la France » a précisé lors d'une conférence de presse, l'ambassadeur de France à Tunis, Olivier Poivre d'Arvor. Le chef du gouvernement, fils d'un ancien élève de l'université de Science Po Paris, a profité de sa visite pour tenir une conférence au sein de l'université. Il a été reçu les bras ouverts par le directeur, Frédéric Mion qui lui a remis le dossier universitaire de son père. Une action symbolique. Quelles sont les attentes de la Tunisie face à sa transition démocratique ? Le journal Le Monde a interviewé Youssef Chahed. Plusieurs questions concernant les aspirations tunisiennes envers la coopération tuniso-française ont été soulevées. « Aujourd'hui, la Tunisie est une vraie démocratie. En conséquence, je pense que l'engagement politique de la France sur la Tunisie doit se hisser à un autre niveau » explique le chef du gouvernement lors de l'interview. Depuis la chute du régime de Ben Ali, la Tunisie a été secouée par le terrorisme, la chute vertigineuse du secteur touristique et par l'expansion de la corruption, peste noire de l'administration et des investissements à tous les niveaux. Le nouveau gouvernement promettait, face aux obstacles économiques, d'être efficace au redressement de l'économie tunisienne en mettant l'accent sur la sécurité nationale liée au terrorisme, à la corruption et à la propreté de l'environnement tunisien. Le Fonds monétaire international (FMI) a joué un rôle décisif dans le développement de la transition démocratique tunisienne en octroyant plus de 2.6 milliards d'euros de prêts à la Tunisie. Néanmoins, Mr. Chahed rappel que les déficits publics ont explosé depuis la révolution et évoque l'importance de soulager ce déficit par l'engagement de la communauté internationale auprès de la Tunisie. Une lutte acharnée contre la Corruption et le terrorisme en Tunisie « La lutte contre la corruption fait partie des priorités de mon gouvernement. J'y consacre personnellement tous les jours au moins deux heures de mon temps. Ce n'est pas facile, car nous souffrons en Tunisie de l'économie informelle, notamment dans le Sud avec une frontière libyenne qui fait vivre beaucoup de gens » explique le chef gouvernemental tunisien. Face à la corruption, les autorités tunisiennes se plient en quatre, tous les jours, afin de démanteler les réseaux mafieux en Tunisie. La rumeur selon laquelle des drones américains décolleraient de Tunisie vers la Libye pour y mener des actions d'espionnage, notamment au-dessus du bastion de l'organisation Etat islamique (EI) à Syrte a été démentie par le diplomate. Cependant, il révèle la mise en place d'un système de sécurisation des frontières tunisiennes en se dotant d'équipements, d'infrastructures et de technologies modernes en collaboration avec ses partenaires européens et américains. Face à sa transition démocratique historique, la Tunisie renforce ses relations avec ses partenaires américains et européens et appel à une meilleure coopération internationale. A la suite de la victoire présidentielle du conservateur Donald Trump, les relations économiques et sécuritaires entre la Tunisie et les Etats unis sont menacées.