Les membres de la grande famille du secteur des phosphates et dérivés se sont rencontrés à Gafsa les 11 et 12 mars 2009 à l'occasion du 30ème anniversaire du Centre de Recherche de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG). Rehaussé par M. Lazhar Bouaouni, ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie, cet événement a été l'occasion pour valoriser la recherche scientifique comme vecteur de développement économique Les débats ont été repartis sur deux panels. Le premier a été consacré à la recherche scientifique dans le secteur phosphatier: stratégie, normes et diversification. Quant au deuxième panel, il s'est articulé autour de l'innovation et les nouvelles techniques dans le secteur des phosphates. Ouvrant cette manifestation, M. Ridha Ben Mosbah, P-DG de la Compagnie des Phosphates de Gafsa, a annoncé que la recherche scientifique est une préoccupation majeure pour la CPG. 30 ans après sa constitution. Le Centre de recherche de la CPG a connu un véritable essor. Grâce à son infrastructure développée. Le Centre assure plusieurs tâches dont principalement les bilans des usines de lavage des phosphates et des unités de flottation, l'étude de la qualité des phosphates en place, liée à l'avance préparatoire de l'exploitation. M. Mosbah a réaffirmé que le Centre de la CPG est certifié selon la norme ISO 9001 version 2000 et ce afin de renforcer le processus d'amélioration continue. Par la suite, M. Lazhar Bouaouni, ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie a pris la parole. Dans son allocution, le ministre a signalé que le Centre des recherches de la CPG est un vrai dispositif pour encourager et consolider la culture de recherche et de l'innovation dans le milieu industriel et universitaire. Il a signalé que la CPG occupe une place importante dans la stratégie nationale du développement économique de la Tunisie. «La CPG est sur la bonne voie. Elle a le savoir-faire pour exporter ses produits et ses services d'expertises en matière de recherche» a déclaré le ministre. Il a aussi réaffirmé que la CPG croit en la recherche scientifique comme soutien au développement de ses compétences et à l'amélioration de son taux d'encadrement afin de renforcer et encourager la dynamique de la recherche appliquée. A la lumière des travaux et des discussions, l'on ne peut qu'être conforté dans notre conviction que le Centre de Recherche de la CPG constitue l'épine dorsale de la structure de notre Compagnie des Phosphates. Cet énorme acquis technique et scientifique est de nature à permettre à la CPG d'être à la pointe et en pôle position dans un secteur stratégique où la compétitivité est un maître mot. Ils nous ont déclaré: I. - M. Néjib Mrabet, DGA de la CPG L'Expert: Quelle est la stratégie de la CPG vis-à-vis de cette manifestation? M. Mrabet: C'est le premier forum scientifique qui vise la recherche scientifique au niveau de la CPG. 30 ans après sa création, le Centre de Recherche de la CPG a contribué d'une façon remarquable dans le développement des méthodes d'exploitation des mines et par conséquent l'amélioration de la qualité des produits tunisiens. Compte tenu de la conjoncture internationale, on doit signaler l'impératif de renouveler et diversifier le champ d'application du Centre de Recherches. De ce fait, l'environnement est un enjeu de taille pour la CPG. D'ici 2009 on vise la valorisation des déchets. Au moyen de notre Centre de Recherches, on a pu récupérer 30% du volume total (de l'eau utilisée par la CPG) qui est de l'ordre de 12 millions m3 par an. La CPG veut créer et renforcer la synergie université-industrie. Le Centre de Recherches sera une bonne opportunité à saisir pour renforcer le partenariat université-industrie. L'Expert: La CPG face à la conjoncture internationale? M. Mrabet: La conjoncture internationale actuelle est marquée par une volatilité au niveau des prix des phosphates et de ses dérivés. Néanmoins, depuis 1996, la CPG a connu un véritable essor: le volume d'activité en termes de production et d'exportation a évolué. A ce propos, le GCT a pu réaliser 1.368 millions de dinars comme chiffre d'affaires d'exportation en 2007 contre 1.109 millions de dinars en 2006. Pour sa part, la CPG a réalisé 414 millions de dinars en 2007 contre 338 millions de dinars en 2006 comme chiffre d'affaires à l'export. De ce fait, la CPG a pu avoir la certification ISO 9001 version 2000, pour son Centre de Recherches. Actuellement, on vise à garantir l'accréditation de notre Centre en collaboration avec l'INNORPI et ce pour pouvoir exporter notre savoir-faire. L'Expert: La CPG et le développement régional? M. Mrabet: La CPG a un rôle très important dans le développement régional, de ce fait, un fonds régional du développement fut créé pour les financements de la CPG (FRDCM). Toute une direction d'essaimage existe au niveau de notre organigramme. On vise à renforcer la dynamique de création d'entreprises afin de développer la région.
II. - M. Bouassiri Boujlal, Directeur central de la recherche à la CPG L'Expert: Quelles sont les missions de ce Centre, 30 ans après sa création? M. Boujlel: Le Centre de recherche de la CPG fête son trentième anniversaire. Depuis sa création en 1978, le Centre de recherches n'a cessé de connaître une croissance à travers le développement des techniques d'exploitation, de l'innovation technologique et de valorisation des minerais. Les objectifs de recherches fixés par la CPG soit pour ses propos moyens soit pour ceux de son environnement ont touché plusieurs axes dont on note principalement: - La certification de nouvelles réserves géologiques - La caractérisation physico-chimique des réserves - Le développement des procédés de traitement des minerais - Le soutien des exploitations à l'échelle de la mine, des usines, de valorisation et de la maintenance - La création des valeurs ajoutées visant à améliorer la compétitivité de l'industrie phosphatière. A ce titre, la productivité de la CPG est passée de 50% au début du siècle précédent à 65% actuellement. - L'interfaçage de la CPG avec les universités: 42 projets (mastères, thèses, doctorats…) sont élaborés avec la coopération des Centres de recherches de la CPG, durant les 3 dernières années. L'Expert: Face à la concurrence marocaine, où peut-on positionner la CPG? M. Boujlel: La CPG est le 5ème producteur mondial du phosphate avec 8 millions de tonnes comme production annuelle de phosphate, contre 28 millions de tonnes pour le Maroc qui occupe le 3ème rang de la production mondiale de phosphate. Néanmoins, la CPG présente des avantages comparatifs. «Nous ne sommes pas trop gâtés par la nature! Mais nous avons confiance en nous-mêmes. Les produits tunisiens sont à 90% transformés et à 10% bruts, ce qui les rend plus réactifs et par conséquent plus demandés. De plus, la CPG a découvert un nouveau gisement stratégique à «Tozeur-Nafta», ce qui renforce notre position».
III. - M. Taïeb Mrabet, Secrétaire général de l'Institut Mondial du Phosphate. L'Expert: Quelles sont vos impressions et attentes vis-à-vis de cet événement? M. Mrabet: Je suis très heureux d'être à Gafsa qui est le berceau de l'industrie de phosphate en Afrique. Je suis impressionné par le nombre de cadres présents, ce qui affirme l'évolution très positive dans la recherche à la CPG et au CGT. L'Expert: En tant qu'organisme international, quelles sont vos missions pour renforcer la recherche? M. Mrabet: Au niveau de «l'IMPhos», on veut créer une synergie entre les producteurs de phosphates afin de trouver et fixer les axes de recherches bénéfiques pour tout le monde. On vise la promotion et la protection de l'image des phosphates à travers le monde.
IV. - M. Abdessalem Charfi, Directeur central de la Recherche scientifique au Groupe Chimique Tunisien (CGT). L'Expert: Quelles sont les conclusions qu'on peut émettre suite à cet événement? M. Charfi: On a voulu profiter de cette manifestation pour informer et sensibiliser les chercheurs universitaires et industriels des efforts fournis dans le domaine de la recherche scientifique. La recherche est la seule issue pour pouvoir assurer l'écoulement de notre phosphate tunisien avec des rendements acceptables et aussi pour résoudre les difficultés rencontrées lors de la commercialisation des produits. Cette manifestation est une occasion pour présenter notre programme de recherche selon le plan directeur de la recherche au CGT. On veut profiter de cette occasion pour sensibiliser les universitaires sur les potentialités existantes et les grandes possibilités de coordination entre le secteur phosphatier et les universitaires.
V. - Mr. Habib Hamdi, Chef du Centre de Recherches de la CPG L'Expert: Quelles sont généralement vos attentes et vos objectifs en tant que centre de recherches? M. Habib Hamdi: On a voulu profiter de cette occasion pour renforcer le rôle de la recherche à l'échelle nationale et internationale. Principalement on espère créer une synergie et un réseau de chercheurs tunisiens dans le phosphate. Notre objectif fondamental fut la création et la mise en place d'une réglementation appropriée pour régler et gérer les conventions de partenariat entre la CPG et les universitaires chercheurs. A ce titre on a signé des conventions de coopérations avec l'INRAP, le Centre National de la Recherche scientifique en France (CNRS) et L'OUTOTEC en Finlande.
VI. - M. Omar Bahi, Enseignant chercheur à l'Institut National d'Agronomie de Tunis L'Expert: Quelles sont les objectifs et les attentes de votre participation à cette manifestation? M. Bahi: Actuellement on a une bonne collaboration dans le cadre d'une convention avec le groupe chimique tunisien. Mais généralement en tant que chercheurs universitaires on a des problèmes de gestion des moyens de financement. Les procédures administratives sont trop lourdes. Les chercheurs universitaires sont soumis à la législation publique. De ce fait la gestion des moyens de financement paraît une tâche fatigante. On espère bien créer un cadre législatif pour mieux faciliter le financement des travaux de recherche que ce soit dans les universités ou dans le cadre des conventions.