Le tourisme du golf est l'un des nouveaux fers de lance de la stratégie de la diversification du produit touristique tunisien. Une stratégie qui s'articule autour de deux axes principaux. Il s'agit de créer un label golfique à travers les actions promotionnelles vis-à-vis des principaux marchés émetteurs et le développement de l'infrastructure. Sur les collines ombragées de Tabarka, sous les senteurs des oliviers et des orangers d'Hammamet, ou face à la marine d'El Kantaoui, la Tunisie réserve aux golfeurs ses plus beaux espaces verts à travers la douceur du climat et la diversité des paysages qui sont des atouts pour l'aménagement de Greens de qualité et des fairways en harmonie avec l'environnement. Compte tenu de son rôle dans le développement du tourisme national, «l'Expert» a jugé utile de contacter M. Imed Lagha, Directeur de Real Golf Travel, pour mettre l'accent sur l'importance de ce produit à l'échelle nationale et même internationale. - En tant que produit et comme on l'a indiqué, le golf a un passé très élogieux, disons une histoire qui s'est tissée à travers le développement de ce sport depuis des décennies. Parlez-nous un peu de cette histoire? - En Tunisie où la nature offre un spectacle majestueux, le golf trouve ses racines et sa culture. Pour les passionnées, il offre 10 parcours avec plus de 200 trous. En effet, le golf en Tunisie a une très belle histoire. Car le pays dispose de l'un des plus anciens terrains de golf, celui de Carthage créé en 1927 et rénové en 1992. Ainsi, on dispose aujourd'hui de 9 terrains opérationnels. Après le parcours de La Soukra, Il y a eu une période creuse. Le second n'a pu voir le jour qu'en 1979 à El Kantaoui. Et, depuis, il a fallu attendre les années 90 pour que la construction des parcours connaisse sa période euphorique avec la naissance de deux parcours en 92 suivis d'autres sur une dizaine d'années, dans les principaux pôles touristiques: Yasmine Hammamet, à Djerba, à Monastir, Tozeur, Tabarka et le dernier né des parcours se trouve dans le banlieue nord de Tunis, le golf course "The Residence". - Le golf est un vecteur pour le tourisme Jet-set qui peut drainer des revenus forts importants pour l'industrie du tourisme et l'organisation de tournois internationaux surtout que la Tunisie a fait valoir ses preuves dans ce domaine (elle a occupé la quatrième place des destinations de golf en 2008, selon les derniers classements de Greens ou monde). Pouvez-vous nous donner des éclaircissements? - La valeur ajoutée du produit "golf" au tourisme tunisien est évidente. C'est un produit qui draine une clientèle spécifique, en l'occurrence haut de gamme et à fort pouvoir d'achat. De plus, le golf assure la diversification du produit touristique et surtout un étalement de l'année touristique caractérisée par une saisonnalité chronique. - Pouvez -vous nous présenter Real Golf Travel? - En qualité d'homme bien expérimenté avec une grande expérience en Angleterre dans le domaine du golf » j'ai décidé de créer ma propre agence. Real Golf Travel est une agence pionnière dans ce domaine. Si tout va bien, elle va créer des émules.
- Dans le but de diversifier le produit touristique national, la politique tunisienne a conféré un intérêt particulier pour le produit "golf". Selon vous, comment peut-on améliorer ce secteur en garantissant un taux de retour conséquent de la clientèle? - Il faut penser à développer à long terme la qualité des prestations du produit (niveau technique) puisque la stratégie actuelle fixe des objectifs à court terme, et ce, afin de garantir un taux de retour conséquent de la clientèle. - Aujourd'hui, l'orientation générale de l'administration du tourisme est de créer des pôles golfiques dans un rayon de 60 Km des zones touristiques notamment Nabeul, Hammamet, Monastir et Djerba. Car au regard des professionnels un golf ou même deux dans une zone touristique sont insuffisants pour attirer un grand nombre de golfeurs. Pouvez-vous nous parler des difficultés qui entravent le développement de cette activité? - La Tunisie compte uniquement 1000 golfeurs, ce qui est insuffisant pour rentabiliser les parcours, d'où la nécessité de s'ouvrir sur les golfeurs étrangers. Or, notre pays n'arrive à drainer que très peu de golfeurs par an sur les millions de joueurs dans le monde. Certes, il y a des difficultés qui entravent le développement de cette activité mais les parcours de golf rencontrent les mêmes difficultés au niveau de l'exploitation et de la gestion. On peut citer, par exemple, le manque d'accessibilité aérienne, la difficulté d'entretien et de maintenance de parcours. Par conséquent, on a perdu un grand marché (scandinave) - Certains professionnels pensent que l'investissement dans tels projets est lourd, compliqué et complexe. Outre les formalités administratives et la multiplicité des intervenants, la rentabilité se réalise à long terme. La solution, à leur avis, est dans un parcours de golf qui soit accompagné d'un projet immobilier, ce qui permettra aux investisseurs d'orienter les efforts vers la promotion, le marketing, l'entretien et la maintenance de parcours. Voudriez- vous nous expliquer cela? - Evoquant la rentabilité des parcours, plusieurs personnes pensent que l'investissement dans de tels projets est lourd et un peu compliqué surtout en ce moment où la crise frappe de plein fouet. On ne peut pas parler de projets d'investissement surtout que le travail est concentré sur 3 mois (novembre, mars, avril). C'est donc un produit hivernal. Aussi, et selon un pro du métier, notre pays dispose d'une infrastructure très «in» dans le domaine du golf. Or, quelques hôteliers délaissent ce créneau porteur pour faire du chiffre. On ne cible pas les intéressés… Le golf est une activité «secondaire»... à l'envi. De plus, je pense que Real Golf est lésé par une concurrence déloyale. Quelques uns essayent par des moyens multiples d'égrener ce capital par des propositions de «guerre» pour attirer la clientèle…. Le tourisme n'est pas un domaine où tous les coups sont permis. Il est impératif de faire le tri entre le bon grain et l'ivraie. Le golf est un sport pour connaisseurs, il exige des préparatifs et un certain esprit de coopération pour le bien de tous… « Si les choses se passent de façon professionnelle, on est capable d'inviter Tigger Wood… en Tunisie».
- Dans une conjoncture un peu dure, l'ensemble des parcours a accusé une baisse sensible. Les prévisions ne sont pas non plus optimistes. Certains pensent que l'année 2009 est une année incertaine. Quelle action faut-elle déployer pour faire face à cette contrainte? - A cette conjoncture un peu exceptionnelle, la poursuite des répercussions de la crise et le manque de visibilité laissent prévoir une année difficile pour le tourisme en général .Mais pour ce faire, les efforts doivent s'intensifier, entre autres l'amélioration du produit et de la qualité des services. C'est une action permanente qui sera renforcée à travers la formation et la mise à niveau des unités hôtelières. Aussi, est-il important de multiplier les actions promotionnelles à travers l'élaboration d'une stratégie de promotion et de communication avec la collaboration des différents golfs qui devraient agir dans le cadre d'une structure bien définie pour viser les marchés émetteurs. Personnellement, je suis surpris par le manque de publicité pour la destination Tunisie en Europe contrairement à plusieurs pays concurrents comme le Maroc et la Turquie qui existent partout avec de grandes affiches publicitaires. Il y a lieu de souligner que, malgré ces circonstances, Real Golf a affiché des résultats positifs. Ces résultats sont le fruit de la création d'une agence virtuelle sur Internet afin de stimuler un grand nombre de golfeurs. D'ailleurs, en 2008, le nombre de greens fees a atteint 644 et a réalisé un chiffre d'affaires de 6455.350DT