Le G20 de Londres s'est achevé sur les déclarations satisfaites de ses participants. Naissance d'un « nouvel ordre mondial », selon le Premier ministre britannique Gordon Brown, « compromis historique », pour la chancelière allemande Angela Merkel, le sommet est allé, selon les mots de Nicolas Sarkozy, « au-delà de ce que nous pouvions imaginer ». Au contentement des dirigeants faisait écho l'envolée des Bourses européennes : + 5,37 % à Paris, + 6,07 % à Francfort, + 4,28 % à Londres (voir infographie). Rendues publiques hier, en fin d'après-midi, les décisions prises lors du sommet de Londres entendent réorganiser le système financier mondial selon trois axes. Elles vont recevoir un total de 1 100 milliards de dollars, principalement du Fonds monétaire international (FMI), qui bénéficiera de 500 milliards supplémentaires de la part des Etats. Le FMI sera également autorisé à produire pour 250 milliards de droits de tirage spéciaux - un instrument monétaire qu'il a lui-même créé -, et à vendre une partie de son stock d'or. Cette institution, dont le rôle initial était d'apporter un soutien financier aux pays en difficulté, aura désormais un rôle de prévention des crises. Elle partagera ces fonctions de surveillance avec le Forum de stabilité financière.
La Banque mondiale, qui aide à financer des projets d'infrastructures dans les pays émergents, verra quant à elle ses capacités de prêt augmenter de 100 milliards de dollars. Son organisation sera revue d'ici à 2010 (et celle du FMI d'ici à 2011) afin d'accorder plus de poids aux pays en développement. Enfin, 250 milliards de dollars seront consacrés au soutien du commerce international.
« Le temps du secret bancaire est révolu », affirme le communiqué du G20. Comme prévu, une liste de sanctions a été établie pour les places non coopératives : des difficultés administratives jusqu'à l'interdiction aux institutions internationales de placer des fonds dans ces pays. De manière plus inattendue, le G20 a décidé de prendre note d'une liste des paradis fiscaux « non coopératifs », publiée immédiatement par l'OCDE. Une manière de contourner l'opposition de certains pays, dont la Chine, à l'établissement de cette liste dans le cadre du sommet. Les fonds spéculatifs seront soumis à des obligations de déclaration, d'immatriculation et de transparence. Quant aux agences de notation, souvent accusées d'avoir participé au déclenchement de la crise par leurs mauvaises évaluations de certains produits financiers, elles devront s'enregistrer auprès d'une autorité ad hoc.
Gordon Brown a annoncé de « nouvelles règles » sur les bonus et les salaires, sans que l'on sache quelles en seraient les modalités. Mais elles pourraient se fonder sur l'avis du Forum de stabilité financière, qui préconisait de lier les rémunérations et avantages financiers aux résultats des sociétés.
Selon le communiqué, les mesures décidées au G20 devraient entraîner une hausse de 4 % de la production mondiale d'ici à 2010. Un autre sommet devrait se tenir en septembre, à New York, dans la foulée de l'Assemblée générale des Nations unies, afin de faire le point sur l'application des mesures décidées.
Les principales mesures adoptées au G-20 de Londres
- REGULATION FINANCIERE ACCRUE: toutes les institutions financières, tous les instruments et marchés "d'importance systémique" (cruciaux pour la stabilité du système financier) doivent être régulés, y compris les "hedge funds", ces fonds d'investissement spéculatifs appréciés pour leur opacité par les investisseurs institutionnels et les grandes fortunes. - ENCADREMENT DES REMUNERATIONS DES CADRES DIRIGEANTS: de nouveaux principes sur les salaires et primes devraient remplacer les systèmes encourageant la prise de risque excessive voire, récompensant l'échec des dirigeants. - PARADIS FISCAUX: publication par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) de la liste noire des paradis fiscaux non coopératifs. Ils risqueront des sanctions s'ils ne respectent pas les règles internationalement reconnues. Les gouvernements qui, confrontés à la crise, ont mis beaucoup d'argent sur la table et creusé leurs déficits, ne veulent pas voir des impôts leur échapper. - AGENCES DE NOTATION FINANCIERE: ces agences, sévèrement critiquées pour avoir attribué de très bonnes notes à des titres qui se sont révélés risqués, pourrait se voir imposer un code international de bonnes pratiques afin d'en finir avec les conflits d'intérêts. Leurs détracteurs leur reprochent d'être payées par les émetteurs de titres qu'elles notent. - RESERVES: après la reprise, les banques devraient accumuler davantage de fonds propres dans les périodes fastes pour amortir les crises. De nombreuses banques du monde ont été recapitalisées d'urgence ces derniers mois pour éviter la faillite. - FMI: Les moyens des institutions financières internationales (Fonds monétaire international, Banque mondiale...) vont être accrus de 1.000 milliards de dollars, dont la moitié pour le FMI, qui prête aux Etats en difficulté, et verra ses ressources triplées selon le président français Nicolas Sarkozy.