Le Tsunami qui s'est rabattu sur l'économie mondiale ne cesse de faire des dégâts et briser des rêves sur le rocher de la l'économie réelle. Un des booms qui s'est subitement éclaté sous l'effet de la crise économique et financière, est sans doute le boom immobilier. La crise est partie de l'immobilier et elle en fera sa première victime. Le secteur de l'immobilier a connu une chute considérable lors des derniers mois. Une chute qui a touché principalement les Etats-unis et s'est propagée, par un effet financier, vers les pays du Golfe et spécialement les Emirats Arabes Unis. Et la Tunisie dans tout ça ? Si la Tunisie n'a pas connu les effets financiers de la crise, et subit actuellement des effets économiques (textiles, IME, Tourisme,…), elle subira certainement des effets sur les grands projets immobiliers prévus par les grands groupes émiratis sur nos terres. L'un des projets grandioses est sans doute celui de « la porte de la méditerranée » de Sama Dubaï et qui a fait tant rêvé les tunisiens. Un projet, maintenu au milieu de la crise, puis mis en veille et peut être annulé. Retour sur un rêve « peut être brisé », dans une Tunisie nouvelle qui ne connaît pas l'échec et l'impossible. L'histoire d'un rêve : Le projet de « la porte de la méditerranée » est sans doute pour la Tunisie le projet du siècle. C'est même l'un des plus grands projets immobiliers de la méditerranée. Un projet prévu initialement à 14 milliards de dollars (l'équivalent du budget de l'Etat) a évolué jusqu'à 25 milliards de dollars, soit 32 milliards de nos dinars. La cité du siècle s'établira sur 830 hectares, génèrera 350.000 postes d'emplois directs et indirects, et recevra la visite de 100.000 personnes par jour. Sur un plan macro économique, la réalisation de ce projet engendrera 0.34% de croissance d'ici 2011et 0.5 point de croissance d'ici 2014. Le plan de réalisation est divisé en 14 étapes qui s'étaleront, comme il était prévu, entre Mars 2008 et 2028. La première tranche couvrira 14 hectares où seront construits 16 tours et les commodités qui y vont avec. Des chiffres grandioses sur le plan macro et micro. La folie des grandeurs des investisseurs du Golfe est en train de frapper à nos portes. Les photos et les maquettes de ce projet sont tout simplement saisissantes. L'histoire de ce rêve, commence un jour du mois de Juillet 2007 avec la mise de la première pierre du projet par le Président de la République, et Cheikh Mohamed Ben Rached Al Maktoum. Un travail juridique a été réalisé en amont, celui de la préparation de la convention entre le gouvernement tunisien et Sama Dubaï, et son vote au parlement. Le 11 Septembre 2008, toute la presse nationale et internationale, a été invitée dans une soirée de présentation du projet. En présence de Monsieur Med Nouri Jouini, Ministre du Développement et de la Coopération internationale, monsieur Farhan Faraidooni a étalé les composantes du projet et la maquette relative. Durant 1 heure, nous avons été éblouis et fascinés par la grandeur des buildings, des espaces de divertissements et l'architecture moderne du futur site. Au mois d'Octobre 2008, Sama Dubaï ouvre son centre de marketing et de ventes. Nous croyons que les choses vont bon train, et les choses sérieuses vont commencer. Au mois de décembre 2008, et en plein déclenchement de la crise économique des rumeurs se sont répandues sur l'annulation du projet ou son possible report. Mais voilà que des informations officielles viennent démentir la rumeur et affirmer, au contraire, le maintien du projet et sa réalisation dans les délais fixés. L'information a été confirmée par le Premier Ministre lors d'une conférence de presse. Coup de théâtre au mois de janvier 2009 : Sama Dubaï et le britannique EC Harris ont dissout leur joint venture. « Sama-ECH Tunisia » était l'entité chargée de superviser la planification et la réalisation du projet. Cette dissolution, laisse plus d'un, perplexe autour du futur des travaux. Le flou a persisté encore, puisque la société « Med Gate Développement Tunisie », qui est la société en charge de la conduite des travaux en Tunisie, a gardé « la vie », et le personnel recruté, après une sélection auprès de 2500 candidatures, a continué ses fonctions. Au mois de Février 2009, l'imposant « Sell Center » construit à l'entrée de Tunis en 52 jours seulement, ferme ses portes aux acquéreurs. De nouveaux rebondissements surviennent au mois d'Avril dernier, dans ce qu'on peut appeler « l'affaire de la porte de la méditerranée » (qui ne veut pas s'ouvrir). En effet, des sources proches des milieux des affaires au Golfe, rapportent que « Dubaï Properties » a repris la gestion de Sama Dubaï par l'injection de 10 milliards de dollars. L'objectif étant de résorber une partie des dettes et reprendre les projets reportés ou retardés par Sama Dubaï. Une injection d'argent frais qui pourra donner du souffle et la remise en marche de quelques « rêves gelés ». Même avec ce renflouement des caisses le flou persiste encore et on ne sait pas quel sort est réservé au projet tunisien.
Les portes de sortie : Le projet de la porte de la méditerranée est un rêve pour la Tunisie et les Tunisiens. C'est aussi un symbole des avancées réalisées en Tunisie depuis 21 ans en matière d'amélioration du milieu des affaires, de stabilité politique et économique, de progrès sociaux et amélioration du niveau de vie, et surtout de l'intégration croissante de la Tunisie dans son espace méditerranéen. Pour ces raisons symboliques et aussi pour des raisons économiques, la Tunisie ne doit pas abandonner ce projet. 2 portes de sortie nous semblent valables : 1- « Dubai Properties », qui a repris les projets de Sama Dubaï décide de maintenir le projet Med Gate, et s'engage de le réaliser selon de nouveaux délais. Dans ce cas le gouvernement tunisien doit avoir des assurances plus strictes sur le sérieux du groupe. Selon la conjoncture actuelle et la crise économique qui risque de durer dans le temps, il est possible que le groupe émirati, revoie « sa copie » et présente un projet moins grandiose. Une révision des composantes du projet, ainsi que des délais de réalisation sont possibles. 2- Partant du principe que « l'impossible n'est pas tunisien », une autre alternative s'impose, celle de réaliser le projet par des tunisiens. Certains diront que le projet dépasse nos capacités financières et techniques, et que nos entreprises n'ont pas l'habitude de ces grands projets. C'est pour cela qu'il est opportun, dans le cas d'un désistement du groupe émirati, de constituer un consortium de banques, de promoteurs immobiliers, d'entreprises de construction, et même d'entreprises publiques, pour la réalisation du projet, ou une version révisée. La recherche de partenaires financiers (surtout libyens, marocain, ou chinois…) et techniques (français, japonais, chinois,…) serait un élément important pour garantir la bonne réalisation d'un « rêve inachevé ». Cette alternative s'impose au fur et à mesure que la crise économique s'étale dans le temps et que le groupe émirati ne donne aucun signe de vie. Les compétences tunisiennes ont prouvé leurs efficacités et le sens des affaires dans plusieurs projets, ce qui encourage à opter pour cette alternative, et soutenir une possible manifestation d'intérêt de la part de nos investisseurs locaux. Il faut signaler que le groupe Sama Dubaï a gelé tous ses projets au Maghreb et d'autres pays du Golfe, surtout ceux prévus au Maroc et en Tunisie. Au Maroc, les premiers coups de pioches entamés dans le projet « Amwaj », ont été arrêtés et les travaux sont mis à sec. Si le flou persiste encore sur le projet « porte de la méditerranée », d'autres mégaprojets prévus en Tunisie, semblent maintenus, tel que le projet « Tunis Sport City » du groupe Boukhater, ou le port financier du groupe Gulf Finance House. La lumière doit être apportée sur le projet de « la porte de la méditerranée » pour se fixer autour d'un des grands projets de la Tunisie de demain.