Cette semaine, je n'ai jamais autant suivi le journal de 20h de ma vie. Je me persécute chaque soir pendant 30 minutes, en regardant ces présentateurs nauséabonds, tout en étant persuadé de tomber sur une nouvelle aussi effroyable que celle de la veille. D'abord l'annonce de l'envoie de nos militaires en Syrie en cas de nécessité, ensuite l'affaire du drapeau et enfin la tempête qui s'est abattue sur nos côtes –ça c'est de la news ! - . Du coup je commence à me poser des questions. Qu'est ce qui se passe ? Est-ce que le bon dieu est en train de nous châtier alors que nous avons voté pour le parti le plus honnête et le plus pieux du pays –Haaaaaaaallelujah – ? Pourtant on m'a même timbré le droit d'entrée au paradis sur mon passeport dès que j'avais coché la case de l'oiseau déféqueur. Ils m'ont même assuré que dorénavant je pourrais faire n'importe quelles conneries, dieu n'en tiendra pas compte. On ne peut pas dire que nos amis salafistes se sont vraiment retenus. Donc cette semaine, j'ai décidé d'aller rencontrer notre cher et légitime président de la république tunisienne Monsieur Moncef Marzouki. Je voulais des explications concernant quelques questions que mon esprit de jeune chroniqueur visionnaire se parade. Je me dirige donc vers la porte d'entrée du palais et j'entre sans aucun problème. J'interpelle le gardien pour annoncer ma visite et là il me dit quelque chose qui me choque. « On s'en fou de qui vous êtes, entrez donc et ne nous fêtes pas perdre notre temps » dit-il. Je lui dis « Mais Monsieur c'est de la sécurité du président qu'il s'agit là, comment ça se fait ? » il me répond donc avec aplomb « Même ma grand-mère a plus de pouvoir dans ce pays, comment veux-tu que ce pauvre binoclard soit en danger ? Tout le monde s'en fou de lui ». Bouche bée je m'oriente vers le cœur du palais et voilà que me surprend l'homme le plus puissant -provisoirement- de la Tunisie, Hamadi Jebali. Je lui dis tu tombes bien je voudrais qu'on discute de ce qui ce passe dans notre pays, de mon avenir et de celui de mes enfants – actuellement en forme spermatozoïdale et que je couve si bien dans mes glandes génitales (je sais c'est dégelasse, mais bon...) - . Là, il commence à me crier dessus « Mécréant, sioniste, moderniste, scientiste, maçonniste… etc. » tout ça avec une voie stridente et désagréable à l'ouï, une voie étonnante qui ne lui appartient pas mais que je reconnais. C'est bien la voie de Ghannouchi, ce gros mesquin se tenait à l'ombre du couloir tel un seigneur Sith de Star Wars. Il était en possession de l'âme de notre premier ministre. A ce moment-là, j'ai pris mon courage à deux mains, j'ai sauté sur Jebali, j'ai sorti mon pendentif de la paix et des boules geisha – en guise de la croix gammée et des gousses d'ails - et j'ai commencé à murmurer « Liberté, Démocratie, Paix, Cohabitation, Emplois, Richesses, Socialisme…etc. ». Bref, J'ai réussi à exorciser l'ami Jebali et j'ai quitté cet endroit à la recherche de l'introuvable Marzouki tout en laissant le corps du premier ministre convulser sur le sol et ignorant Dark Ghannouchi abattu par l'ampleur des mots que j'ai bafouillés à l'oreille de son disciple. Cherchant partout dans le palais je ne trouvais guère présence. J'ai eu donc l'idée d'aller faire un tour à la cave. J'allume la lumière, voilà que je trouve ce président fou, le teint pale, le dos courbé s'agrippant à la chaise présidentielle et chuchotant « mon précieuuuux, mon précieuuuux…). Cet être désaxé avait aussi le nez fourré dans de la poudre blanche, le bâtard il avait trouvé la cachette secrète des stupéfiants du couple Ben Ali et ça a consommé le seul neurone qui lui restait. J'ai donc dirigé mon corps vide de tout espoir vers la sortie et là j'ai commencé à espérer le retour de Ben Ali –Jamais de la vie, même pas dans ce récit sarcastique -. Mais avouez bande d'hypocrites que bon nombre d'entre vous, fils de millionnaires et fils de milliardaires souhaitent le retour de ce meurtrier rien que parce que vous avez peur de perdre votre villa d'été avec vue sur mer à Hammamet ou votre voiture achetée à plus de cent mille dinars alors que la moitié de vos salariés ne bénéficient pas de la CNSS. Demandez à vos papounets comment ils sont devenu très riches aussi vite, d'où venait l'argent de votre quotidien celui qui vous permet de noyez votre chagrin de fils à papa…