Le caractère bioclimatique aride de la Tunisie, auquel s'ajoutent des potentialités hydriques restreintes, amènent notre pays à faire le choix des eaux non-conventionnelles par la réutilisation des eaux usées traitées pour satisfaire ses besoins, sans cesse croissants, en eaux. Pour divers raisons, le domaine du traitement et de la réutilisation des eaux usées a connu une évolution rapide, car le nombre de stations d'épuration est passé de 26 en 1986 à 54 en 1996, et le volume d'eaux usées traitées est passé de 43 à 180 millions de mètres cubes.
La réutilisation agricole des eaux usées La réutilisation agricole des eaux usées a, toujours, été une pratique courante et elle est, aujourd'hui, suivie largement en Tunisie. En effet le bassin méditerranéen est une région où la pénurie d'eau est particulièrement ressentie. C'est aussi l'une des régions où la réutilisation des eaux usées pour l'irrigation est la plus répandue. La Tunisie est le premier pays de l'ouest méditerranéen à avoir adopté des réglementations, en 1989, pour la réutilisation des eaux usées. C'est une politique préventive qui s'insère dans le cadre d'une politique nationale réfléchie. Cette réutilisation avait permis de sauver et d'irriguer 600 hectares de cultures. La réglementation de 1989 spécifie que l'utilisation des effluents urbains traités est autorisée à l'effet d'irriguer tous les types de cultures mis à part les légumes, qu'ils soient consommés cuits ou crus, autrement dit les arbres fruitiers (citrons, olives, pêche, pommes, poires…) les vignobles, les fourrages, le coton, le tabac, les terrains de golf (Tunis, Monastir, Hammamet, Sousse, Djerba) et les jardins d'hôtel. Ces stations ont été implantées à travers toutes les régions, notamment à Cebela, La Soukra, Mornag, Nabeul, Sousse, Monastir, Sfax et Kairouan. Par ailleurs, et afin de garantir la protection de la santé publique, il est indispensable de mettre en place des normes et des réglementations strictes et adaptées à la spécificité des différentes cultures, dont l'objectif primordial est d'éliminer les risques sanitaires. L'irrigation des cultures ou des espaces verts est la voie la plus répandue de réutilisation des eaux usées urbaines, au niveau mondial, c'est également la solution qui a le plus d'avenir à court et à moyen terme.
La réutilisation industrielle des eaux usées Cette réutilisation et le recyclage interne des eaux usées sont désormais une réalité technique et économique. Pour certains pays et types d'industries, l'eau recyclée fournit 85% des besoins globaux en eau. Les secteurs les plus exigeants en eau sont les centrales thermiques et nucléaires (eau de refroidissement) et les papeteries. La qualité de l'eau réutilisée est réglementée et dépend du type d'application ou de production industrielle. La part des eaux usées urbaines ne dépasse pas le taux de 15% du volume des eaux résiduaires réutilisées en industrie. Ces eaux représentent, ainsi, environ, un volume de 790.000 m3/j dont 68% est réutilisés pour le refroidissement.
Le secteur urbain et périurbain Les usages urbains et périurbains des eaux usées correctement traitées se développent rapidement et deviennent un élément fondamental de la politique de gestion intégrée de l'eau dans les grandes agglomérations. Les bénéfices obtenus sont importants, il faut noter en premier, l'aménagement paysager (cascades, fontaines, plans d'eau), le lavage des rues ou des véhicules et la protection contre l'incendie. Une autre application importante est le recyclage en immeuble avec, par exemple, l'utilisation de l'eau ménagère traitée pour les chasses sanitaires. En conclusion, la réutilisation des eaux usées est une technique en pleine expansion, dans les pays où les réserves actuelles d'eau douce sont ou seront prochainement, en deçà de la limite du niveau de renouvellement des nappes. Le recyclage des eaux usées semble être la technique alternative la plus abordable, tant au niveau financier (les traitements extensifs sont les plus adaptés) qu'au niveau technique pour les réutilisations agricoles, industrielles et urbaines ne nécessitant pas une eau de qualité potable. Au plan mondial, l'utilisation de cette technique par l'agriculture, l'industrie et les usages domestiques couvre respectivement 70%, 20%, 10% de leur besoin en eau. Seul doit être pris en compte le coût marginal de recyclage des eaux usées, à l'exclusion du coût de la collecte et du traitement des eaux usées. Ainsi, le coût supplémentaire de la réutilisation des eaux usées à des fins d'irrigation, par exemple, ne représente qu'une faible partie (environ 30%) du coût total du traitement classique avec rejet des eaux usées dans le milieu naturel.