«Une entreprise qui manque de capitaux peut emprunter de l'argent; Celle qui est mal installée peut déménager. Mais une entreprise qui manque d'ingénieurs n'a guère de chances de survivre » Warren Bennis
Les évolutions nouvelles et radicales du métier de l'ingénieur ont forcément des implications extrêmement fortes pour nos écoles d'ingénieurs : il ne s'agit pas de rajouter quelques matières scientifiques ou managériales ou de les mettre à jour, mais carrément de repenser les méthodes et les contenus d'enseignement et de formation. Nous devons en effet imprégner l'esprit des élèves- ingénieurs d'entreprenariat, d'imagination, de créativité, de travail en équipe avec d'autres métiers et de disciplines diverses, de capacité d'animation, de capacité d'écoute active, de capacité à apprendre à apprendre (dans les deux sens du terme : apprendre pour soi-même et apprendre aux autres)… Le statut social valorisant de l'ingénieur dans le monde attirait (et attire encore) vers lui les étudiants les plus brillants, ce qui permet de sélectionner les meilleurs et de leur offrir un enseignement de qualité : le haut niveau de l'enseignement scientifique, la dimension humaine de la formation, la part importante réservée à la culture générale et managériales le prépare aux plus hautes fonctions de l'entreprise. La question qui se pose à nous aujourd'hui est de savoir comment faire évoluer notre structure de formation pour que nos ingénieurs de demain soient performants dans ce nouvel système économique mondial ? : devons nous nous aligner sur les systèmes de formation dominants comme cela a été proposé par certains, ou, bien au contraire, tirer parti de nos expériences du terrain ? Bien entendu tout cela ne pourra se faire qu'en réformant en profondeur nos méthodes pédagogiques pour préparer nos élèves –ingénieurs à entrer mieux armés dans une compétition qui n'a jamais été aussi dure … Nos écoles d'ingénieurs partagent parfois les défauts de nos entreprises qui apprennent tardivement à affronter la concurrence internationale.
COMMENT FONT LES GRANDES ECOLES FRANçAISES ? A l'Ecole Polytechnique de Paris EPP, tous les élèves- ingénieurs doivent effectuer au moins un semestre à l'étranger au titre d'échange académique ou de double- diplômation. Aux cours scientifiques, on y ajoute des formations sociales (sciences humaines, vie associative, réseaux de société) mais surtout une culture de mobilité, désormais facteur essentiel pour une forte employabilité professionnelle à l'international. L'EPP, cette Grande Ecole française forme ainsi des ingénieurs généralistes de forte culture scientifique et technique, c'est à dire des preneurs de décisions pouvant agir sur les scènes locale et internationale. Avec l'Ecole Centrale de Paris ECP et l'Ecole des Mines de Paris EMP, l'EPP figure souvent en tête des différents classements des grandes écoles d'ingénieurs dans le monde : rien qu'en 2008, elle a été classée 2ème par la revue « l'Express / L'Etudiant » et désignée meilleure école d'ingénieurs en informatique, dans le cadre du classement annuel organisé par la revue « 01 Informatique ». Rien que le Centre de recherches de l'EPP, il comporte plus de 400 personnes (chercheurs, enseignants- chercheurs, post-doctorants, doctorants, ingénieurs, techniciens et personnels administratifs), réparties sur sept laboratoires dont trois sont des unités de recherches du Centre français de la recherche scientifique CNRS. Les domaines d'activités de ces laboratoires couvrent un large spectre : physico-chimie, informatique, mathématiques, mécanique, économie, génie industriel et management. Les domaines d'application de ces recherches fondamentales ou appliquées concernent l'environnement, le secteur de l'énergie, la "science des systèmes", les transports, la santé, les TIC… De nombreux échanges de chercheurs sont réalisés avec d'autres institutions, notamment par l'accueil réciproque de professeurs étrangers invités. L'Ecole Polytechnique est ainsi clairement tournée vers l'international, puisque environ un quart de ses étudiants est constitué d'étrangers.
COMMENT FAIT CAMBRIDGE ? Avec Oxford, l'université de Cambridge suscite aujourd'hui non seulement en Angleterre mais partout dans le monde un grand intérêt et beaucoup de jalousie. En effet, celle-ci est une université d'élites par son niveau académique et pédagogique et c'est pourquoi le nombres de ses étudiants est passé de 9000 dans les années 60 à actuellement 18000 dont 40% d'étrangers. 83 Prix Nobel anglais sont raflés par cette université d'élites qui a fêté en 2008 son 800ème anniversaire. Ce qui fait de Cambridge une des plus importantes universités du monde entier est le fait que des découvertes technologiques telle que celles des atomes et des électrons y étaient faites. De même, des noms comme Isaac Newton et Charles Darwin sont intimement associés à Cambridge. D'ailleurs, le secret de réussite de cette méga- université de renom international réside au fait que le taux d'interruption des études y est quasiment zéro au moment où il est de plus que 20% au niveau national anglais. Autre signe de succès de cette université- modèle est le nombre des entreprises créées par ses diplômés auxquelles elle tient à être durablement actionnaire, une sorte d'aide au démarrage et une manière de constituer son propre réseau industriel. D'ailleurs avec un tel réseau, l'université de Cambridge compte rassembler d'ici 2012 un sponsoring dépassant le milliard de £ soit 2.2 milliards de nos dinars, colossal !. Notre jeune université n'a qu'une cinquantaine d'années et réussit bien dans sa région malgré ses modestes ressources; mais comme il est légitime, nous voulons toujours plus et mieux avec moins de frais !