Bien que produit intrus qui a acquis droit de cité dans nos traditions culinaires, la pomme de terre est devenu produit de base, voir même stratégique. Aujourd'hui on estime que la consommation mensuelle de ce produit en Tunisie atteint une moyenne de trente mille tonnes, soit 360 000 tonnes par an. Mais la production tunisienne est fluctuante passant par des années d'abondance au cours desquelles se posent des problèmes de stockage, d'écoulement et d'exportation et des années de pénurie qui posent les problèmes d'importation et d'approvisionnement du marché local. Le niveau des prix à la production et à la consommation varie du simple au double. Nul doute qu'en année d'abondance ou de pénurie, le producteur et le consommateur sont les plus zélés. Seul l'intermédiaire en tire un profit excessif. Cette situation est le résultat d'une défaillance structurelle dénoncée depuis des décennies. La profession n'a fourni aucun effort pour apporter plus de réconfort aux producteurs. L'intervention de la fonction devra se faire à deux niveaux, d'une part au départ en planifiant et en établissant les prévisions nécessaires, d'autre part en mettant en place des structures de nature à réguler le marché et sécuriser les producteurs. Les coopératives de service qui, diabolisées et combattues ont laissé un vide qui n'a pu être comblé par les GDA mis en place. Ces groupements se plaignent d'un manque d'encadrement, de gestion et de dynamisation. Ces structures mises en place pour prendre la relève notamment des offices de développement et des coopératives de services ne se sont pas attaquées aux problèmes de commercialisation, d'écoulement, de transformation et de conservation du produit. L'Etat ayant joué son rôle de mise en place des structures nécessaires pour venir en aide et sécuriser les agriculteurs et des mécanismes indispensables pour assurer une bonne marche de ces structures. Cette défaillance constitue une menace pour les producteurs tunisiens qui se trouvent otages de l'augmentation continue des coûts de production et des baisses des prix de vente. La situation enregistrée pour la campagne en cours illustre bien ce problème. La campagne de fin de saison, cette année a mobilisé une superficie de 11 000 hectares contre 10 500 pour la campagne précédente qui avait déjà permis une production de 120 000 tonnes. La production de la nouvelle campagne est estimée à 140 000 tonnes permettra d'approvisionner le marché pendant tout le printemps, avant de laisser la place à la production primeur. Les prix à la production se situent entre 320 et 450 millimes le kilogramme, chiffres revus à la baisse par rapport à ceux pratiqués au cours du mois de novembre dernier, et qui se situaient entre 500 et 600 millimes. Aujourd'hui, la pomme de terre d'arrière saison touche à sa fin et on s'attend aux produits de la pomme de terre de saison à partir de fin mai. Cette campagne est caractérisée par un important accroissement des superficies semées et des semences utilisées. Les importations ont porté sur près de 21 000 tonnes contre 18 000 T pour la campagne 2010, il faut ajouter 4 000 T mises sur le marché grâce à la participation des multiplications. Autrement dit, 10 300 ha ont été mobilisés pour cette culture contre 9 000 ha pour la campagne précédente. Avec une production estimée à 250 000 T, on peut croire qu'un important surplus devra être géré. Le groupement Interprofessionnel des légumes (GIL) dont le rôle consiste à intervenir en temps voulu pour réguler le marché se prépare à stocker dans ses propres chambres froides 15 000 tonnes et intervenir auprès des privés pour le stockage de 25 000 tonnes. Mais le problème ne sera pas résolu pour autant. Il sera nécessaire de renforcer cette intervention dans l'attente de voir la profession assumer ses responsabilités.