A côté des impacts purement économiques de la crise, il y a eu certainement des impacts d'ordre sociologique ou psychologique, vu l'interaction qui existe avec la sphère économique. Le comportement des investisseurs et des consommateurs a nettement été affecté par les bouleversements économiques, la cherté de la vie, la rareté des crédits et le resserrement de ces conditions. Les Tunisiens, investisseurs comme consommateurs, étaient insensibles aux impacts de la crise, qu'on voyait se dérouler ailleurs. C'est pour cette raison que notre comportement dépensier a continué à son rythme normal. Ailleurs, les études affirment un véritable changement de comportement que ce soit en terme de dépenses, de gestion de l'argent, ou en œuvres de bienfaisance. On ne connaît pas la crise Sur un plan macro-économique, la crise a affecté nos prévisions de croissance économique, et les perspectives de l'emploi pour les prochaines années. Mais, le plan de gestion de la crise adopté par le gouvernement a nettement réduit les effets et amorti le choc. Sur un plan micro, la situation est encore plus supportable mais avec des disparités entre chefs d'entreprise et consommateurs. Du côté des chefs d'entreprises et investisseurs, la tendance était à la prudence et la vigilance, et surtout à l'attentisme. Les dépenses prévues et les projets programmés ont été retardés ou simplement annulés, en l'attente d'une vision plus claire de la situation économique. Certains, dans une situation de panique, ont même tenté de vendre, ou ont vendu leurs actifs, pour se prémunir contre les effets de la crise qui risque de leur faire perdre tous leurs avoirs. D'autres ont opté pour une fuite vers l'avant, en augmentant leurs investissements, tout en les orientant vers des secteurs et projets stratégiques pour l'entreprise, tout en attendant les signes de reprise. Ces différents comportements se sont nettement matérialisés au niveau du rythme de l'investissement industriel au cours de l'année 2009, qui s'est contracté de 13%. Au cours des 3 premiers mois de l'année, la barre ne semble pas se redresser, avec une baisse de 19.8%. Sur un plan global, le rythme de croissance de l'investissement a chuté entre 2008 et 2009, passant de 14.8% en 2008 à 10.6% en 2009. Cette situation survient alors que les banques de la place n'ont pas resserré les conditions du crédit et ont continué à prêter à des conditions confortables, suite à une consigne générale, et aussi à une situation d'excès de liquidité. L'encours des crédits bancaires a enregistré une hausse de 8.2% en 2009. Sur un autre plan, «les riches» tunisiens n'ont pas réduit leurs dépenses du luxe, car être riche chez nous c'est avant tout un état d'esprit et une marque d'appartenance. Rien que pour les voitures de luxe, ils continuent à être commercialisés par les concessionnaires tunisiens à un rythme croissant, ce qui témoigne d'une demande grandissante. Du côté des consommateurs, le comportement dépensier n'a pas été affecté par la crise. Certains n'ont même pas entendu parler. Le rythme de la consommation continue sa progression. Le Tunisien est connu pour être bon vivant, et ne lésine pas sur les moyens pour garantir son luxe et son bien-être. Les chiffres confirment une croissance de 6.4% de la consommation privée par personne entre 2008 et 2009. Un rythme supérieur au niveau de croissance du PIB qui est de 3.1%, et dépassant légèrement la croissance du revenu par habitant qui est de 6%. La baisse du taux du marché monétaire de 0.75 point opéré par la Banque Centrale en 2009, a encouragé les consommateurs à dépenser encore plus, à travers les crédits à la consommation. En effet, l'encours des crédits octroyé aux ménages a augmenté de 18.7% entre Décembre 2008 et Décembre 2009 ce qui témoigne d'une tendance galopante à la consommation. La crise économique n'a pas affecté non plus le sentiment de solidarité et de la culture du don du consommateur tunisien, qui a continué à donner, comme à ses coutumes. En témoigne la hausse importante des montants collectés au profit du Fonds de Solidarité Nationale, au cours de la journée nationale de solidarité de 8 Décembre. Si le comportement dépensier du consommateur tunisien ne semble pas être affecté par la crise économique directement, son budget continue à souffrir de la hausse de l'Indice des Prix à la Consommation qui s'est stabilisé au niveau de 5.2% au cours des 3 premiers mois de l'année. Cette hausse de l'indice est en partie causée par la hausse des cours de certains produits importés et les matières premières. L'enquête sur la consommation des ménages prévue par l'Institut National des Statiques permettra de déceler encore plus en détail l'impact de la crise sur les dépenses des consommateurs tunisiens.
Le comportement des riches face à la crise La crise mondiale a causé une véritable crise de confiance qui a opéré des changements dans la façon dont les individus les plus riches du monde investissent, donnent aux œuvres de charité et vivent le luxe. L'analyse de ce changement a été réalisée par l'unité de recherche de «the Economist Intelligence Unit». La crise financière mondiale a provoqué une crise de confiance entre les personnes les plus riches du monde, et ils ont réagi en prenant plus de contrôle sur leurs investissements, en cherchant une plus grande responsabilité quand ils donnent à la charité et tendant à une meilleure qualité quand il s'agit de produits de luxe, L'étude dégage sept grandes tendances qui matérialisent le changement du comportement des attitudes des riches (ceux ayant plus de 30 millions de dollars en actifs à investir) depuis le début de la pire crise financière depuis la Grande Dépression. Selon une estimation, la population mondiale des riches a diminué de près d'un quart de 2008 à 2009 et leur richesse a diminué de 24%. L'Economist Intelligence Unit a effectué 24 entrevues pour le rapport, y compris 11 entrevues en profondeur avec des ultras fortunés du monde entier. La conclusion générale de cette étude est que les très riches veulent comprendre plus que jamais où va leur argent. Ils peuvent avoir des objectifs différents pour les investissements, la philanthropie et les dépenses, mais dans chaque arène, la récession a conduit à être plus sceptiques, poser plus de questions et, dans certains cas, adopter une approche plus directe, et un rôle plus pratique. Les sept principales tendances relevées dans le rapport sont les suivantes: 1. La crise financière a conduit à une crise de confiance entre les riches et les experts en investissement. Les très riches sont plus susceptibles pour avoir été exposés à des classes d'actifs qui ont été terriblement affectées durant la récession, comme l'immobilier commercial et les placements non liquides. En conséquence, leur confiance s'est érodée dans une mesure beaucoup plus grande que celle d'autres investisseurs. Les très riches semblent avoir découvert que la confiance et la transparence sont plus importantes que des rendements élevés. Dans l'avenir, ils poseront plus de questions et dans certains cas, ils vont prendre un rôle plus actif dans la gestion des investissements eux-mêmes. 2. Quand il s'agit de l'endroit où les plus riches doivent investir leur argent, ils ont tendance à laisser les produits complexes tels que les hedge funds et dérivés, vers plus de simplicité. Selon les experts de la richesse, il est inévitable que les très riches soient de retour vers des produits plus complexes, dans le proche avenir, pour plus de rentabilité. 3. Les dons de bienfaisance sont globalement en baisse, mais la plupart des personnes très riches ont l'intention de maintenir ou d'accroître leur niveau de dons. Le ralentissement semble avoir entraîné une réduction de la philanthropie dans la plupart des niveaux de revenu dans la société. Au sommet de la pyramide, ceux qui restent très riches disent qu'ils ont l'intention de maintenir ou d'augmenter les niveaux des dons. Dans certains cas, c'est parce qu'ils ont mis en place des fondations, dont la vie ne dépend pas des cycles économiques. Certains riches interrogés ont affirmé que le don est un «état d'esprit" plutôt qu'un investissement. 4. Tout en maintenant les niveaux du don, les très riches sont de plus en plus axés sur la vérification des résultats positifs de la société et l'amélioration de la reddition de comptes dans le secteur de la bienfaisance. Cette tendance était présente avant la crise, mais il semble qu'elle ait été accélérée par la récession. Les très riches veulent s'assurer que leur argent va à ceux qui ont le plus besoin, au vu des exemples dans les deux dernières décennies au cours desquelles les bonnes intentions ne correspondent pas toujours aux résultats réels. La récession les a aussi rendus plus conscients du rendement social. 5. Dans certains pays émergents, tels que l'Inde et la Chine, la culture du don se confirme de plus en plus, surtout avec l'apparition de nouveaux riches. Cette situation a poussé les gouvernements à réduire leurs dépenses sociales et encourager les actes de bienfaisance. 6. Selon l'enquête, les riches dépenseront autant qu'ils dépensaient avant la récession, mais ils seraient moins flagrants. Perdre la moitié d'une fortune de 100 millions de dollars ne signifie pas qu'il y a nécessairement moins de luxe. Les riches semblent changer leurs habitudes de dépenses de manière plus subtile, en partie parce que la récession les a amenés à réévaluer le sens de la valeur (tels que la qualité ou l'expérience), et en partie parce qu'ils sont conscients qu'il ne faut pas paraître insensible aux conditions économiques générales. 7. A cause de la crise, les riches exigent encore plus un service spécial et différent de la part des grandes marques, à côté du produit cher. La récession semble avoir accéléré cette «fuite vers la qualité» dans les habitudes d'achat. Les très riches disent qu'ils veulent des produits meilleurs, plus durables et plus respectueux de l'environnement. Ils paieront pour l'expérience et le service plutôt que pour la marchandise en soi. Les avis sont partagés, cependant, sur le temps que durera cette tendance. Avec la mondialisation, les comportements des terriens se rapprochent de plus en plus, et convergent vers les mêmes règles pour aboutir enfin à la définition «du citoyen du monde». La spécificité se dissipe dans la globalization, ce qui est parfois dangereux. Les crises économiques qui commencent à un lieu et s'étendent vers toute la planète nous confirment toujours la chute des barrières économiques, et même celles du comportement.