L'année 2009, a été moyenne pour le tourisme tunisien avec une légère baisse du nombre de touristes, contre une hausse de 2% des recettes. La crise économique y est pour quelque chose. Cette année on croyait à la reprise et voilà que la crise de la zone euro qui débarque avec des mesures d'austérité qui réduiront considérablement le pouvoir d'achat des citoyens européens et donc leurs dépenses pour les loisirs. Les chiffres enregistrés depuis le début de l'année, ne sont pas dramatiques, mais ne laissent pas entrevoir un grand optimisme pour la saison. Alors que la Tunisie célèbre la journée nationale du Tourisme, le président de la République vient d'annoncer un certain nombre de mesures qui aideront certainement le secteur à surmonter la pente, et à définir une stratégie touristique plus compétitive. Un secteur qui se développe malgré la crise : Avec plus de 7% du PIB, le tourisme s'impose comme un pilier important de l'économie tunisienne. Son importance se vérifie aussi au niveau des postes d'emplois (380 milles postes), et surtout dans la couverture du déficit de la balance commerciale des biens et qui atteint 58%. Le secteur a connu une année 2009 un peu difficile avec une baisse de 2.1% des visiteurs soit 6.9 millions d'entrées seulement, et une hausse des recettes de 2% avec 3406 millions de dinars Durant la période 2007-2009, le tourisme tunisien a augmenté en moyenne de 2.4% annuellement, et les recettes touristiques de 7.1% annuellement. Plus de 9000 nouveaux lits ont été crées et des investissements de plus de 1100 MD ont été réalisés durant la période 2007-2009. Des chiffres importants à la lumière de la conjoncture et surtout la compétitivité plus accentuée de certaines destinations concurrentes. Depuis des années la stratégie de développement du secteur touristique s'est axée autour de certaines priorités, à savoir : - Une diversification de l'offre touristique, avec le développement de la thalassothérapie, le tourisme culturel et écologique, le golf, les activités de plaisance, nouveaux modes de logements (résidences, maisons d'hôtes,…)… - Un développement de la politique marketing, - Accélération du rythme de la mise à niveau des unités hôtelières et l'amélioration de la qualité de services. La stratégie se basait surtout sur la mise à niveau de plus de 80 unités hôtelières, le reclassement de certains hôtels selon les nouvelles normes de 2005, et l'amélioration de la formation du personnel dans les écoles de formation. - L'amélioration de l'infrastructure touristique à travers l'aménagement de plusieurs circuits touristiques, et la rénovation des zones touristiques.
Toutes ces mesures ont permis d'afficher de bons résultats durant la précédente période, et de limiter l'impact de la crise de 2009.
Des résultats mitigés depuis le début de l'Année : La crise de la zone euro et les déficits de certains pays de la zone, n'arrangent pas les choses pour les perspectives du secteur durant le reste de l'année. En effet, les mesures d'austérité prises par certains gouvernements européens visent un gel des salaires et des augmentations des taxes pour pouvoir réduire les déficits. Ces mesures affecteront considérablement le pouvoir d'achat des consommateurs, qui réduiront leurs dépenses consacrées aux loisirs pour subvenir à l'essentiel. Même ceux qui décident de partir en vacance, ils essayeront de réduire leurs dépenses pour respecter les limites de leurs budgets. La baisse relative de l'Euro face au dinar tunisien et au dollar, va certainement affecter les recettes touristiques. Selon les plus récents chiffres publiés, les arrivées des touristes accusent une baisse de 1,5% au cours des cinq premiers mois de 2010 pour s'établir à 2, 2 millions de visiteurs. Cette baisse est imputée essentiellement à une baisse du nombre de touristes européens de 3% et de 1% de nos amis Algériens et Libyens. Le marché allemand continue sa baisse entamée depuis des années avec -9%, alors que le marché de l'Europe de l'Est, sur lequel on a compté à un moment, il accuse une baisse de -4%. Quant au marché français, il enregistre une stabilisation, alors que le marché anglais fait un saut de 27%, bénéficiant d'un grand effort promotionnel sur ce marché. Malgré ce début d'année très mitigé, les professionnels sont au qui vive, et essayent de faire réussir la saison, et ce malgré les problèmes financiers, et l'endettement excessif de plusieurs unités touristiques. En effet, la majorité des entreprises en difficultés sont du secteur du tourisme. Comme d'habitude, les opérateurs comptent sur le last minute booking, (les réservations de dernières minutes), et les prix compétitifs par rapport aux concurrents de la zone méditerranéenne. L'optimisme est toujours présent surtout avec des chiffres qui confirment que la Tunisie reste la destination préférée des français et y est au Top 3 des destinations 2010, et que les français sont plus d'1 million à visiter notre pays chaque année. La Tunisie doit aussi bénéficier de la baisse du tourisme en Grèce à cause de la crise économique de ce pays. Au début de cette année, nos concurrents directs dans le secteur font mieux que nous. Le Maroc a enregistré une hausse de 11% des arrivées de touristes à fin avril 2010, alors que les nuités ont enregistré une hausse de 5%. Selon le ministère du tourisme marocain « cette évolution est attribuable aux bons résultats affichés aussi bien par les touristes résidents ( +13%, soit + 39 500 nuitées additionnelles) que par les non-résidents (+4%, soit +46 000 nuitées additionnelles). » Le taux d'occupation moyen des chambres s'est stabilisé à 49% en avril 2010 par rapport au même mois de l'année précédente. La tendance à l'échelle internationale est plutôt bonne selon les prévisions. Selon l'Organisation Mondiale du Tourisme, le tourisme international passe progressivement à la vitesse supérieure, après une année 2009 extrêmement difficile. D'après la dernière édition du Baromètre OMT du tourisme mondial, les arrivées de touristes internationaux ont augmenté de 7 % à l'échelle mondiale au cours des deux premiers mois de 2010. La croissance a été particulièrement forte en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient. L'OMT prévoit une augmentation des arrivées de touristes internationaux de 3 à 4 % en 2010.
Le coup de pouce présidentiel : Le programme présidentiel « Ensemble relevons les défis » est un cadre très important pour orienter la politique de développement du pays. Dans ce programme le tourisme a occupé une place importante En concrétisation de ce point du programme, plusieurs mesures ont été annoncé au cours d'un conseil ministériel tenu le 28 juin 2010, à l'occasion de la journée nationale du tourisme, sous la présidence du Chef de l'Etat. « Ces mesures visent à consolider la compétitivité du secteur touristique et à améliorer son rythme de croissance et de sa rentabilité ». Dans ce cadre il a été décidé : * Actualisation périodique des critères de classification des hôtels conformément aux exigences de la qualité. * Révision du cadre organisationnel de la profession de directeur d'hôtel, en insistant sur le professionnalisme pour assumer cette responsabilité. * Accélération du rythme du programme de mise à niveau des établissements hôteliers, pour atteindre 200 plans de mise à niveau approuvés à la fin de 2014, tout en axant les efforts sur le volet immatériel. * Création du prix de "L'excellence touristique", afin d'encourager les meilleures initiatives dans le domaine touristique. * Réajustement des interventions du Fonds de protection des zones touristiques, afin d'accorder davantage d'attention à la propreté de l'environnement touristique. * Dynamisation des activités des commissions régionales chargées du suivi et de la coordination entre les intervenants, dans le secteur touristique au niveau régional. * Réalisation de deux projets pilotes dans le domaine du tourisme culturel en collaboration avec le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine et orientation vers le choix de deux projets similaires, dans le domaine du tourisme écologique, en coordination avec le ministère de l'Environnement et du Développement durable. * Adoption d'une politique ambitieuse dans le domaine de l'animation et organisation de grandes manifestations dans le but de les exploiter pour attirer les touristes et servir l'image de la Tunisie au niveau international. * Encouragement des investissements dans les modes d'hébergement orientés vers le tourisme intérieur et identification des mécanismes susceptibles de les développer. * Réalisation d'une étude spécifique pour définir une nouvelle stratégie de promotion et un système de commercialisation pour chaque produit et chaque région. * Examen des moyens de développer le budget de promotion, afin de s'adapter aux objectifs fixés, à l'instar des destinations concurrentes. * Réalisation de sites web institutionnels relatifs à la destination Tunisie tout en veillant à leur actualisation. * Réalisation d'un programme en partenariat avec la profession, afin d'inciter les entreprises touristiques tunisiennes à promouvoir davantage leur positionnement commercial sur le réseau internet. Pour atteindre la vitesse de croisière : Malgré tous les efforts gouvernementaux et ceux des opérateurs, on traine toujours derrière nous, l'image du tourisme low cost, avec des touristes venant dans des vols charters et qui entrent dans les hôtels avec leur bouteille d'eau à la main pour dépenser le moins possible. On trainera aussi l'image d'un tourisme bradé avec 7 nuits pour 200 euros en all inclusive. Une image qui malheureusement n'est pas digne de ce secteur qui traine derrière lui des années de professionnalisme et de contribution importante aux efforts de croissance. Pour remédier à cette image il est nécessaire d'investir dans une nouvelle politique marketing et « mettre la paquet » car le retour sur investissement se fera vite sentir. En comparaison avec d'autres pays semblables, nos investissements en marketing sont insignifiants. Les efforts de variation de l'offre touristique en Tunisie sont à saluer, mais l'offre balnéaire reste la plus dominante. Des objectifs chiffrés pour le rééquilibrage de l'offre touristique est primordial à ce niveau. La concurrence dans le secteur touristique s'est nettement accentuée au cours des dernières années avec la venue sur la scène de nouveau concurrents tel que Chypre, la Croatie, le Monte Negro, la Turquie,….Cette nouvelle physionomie du tourisme méditerranéen impose de se différencier des autres et offrir un produit nouveau et qui répond aux besoins. On doit constamment poser la question : si j'étais un européen, pourquoi je vais passer des vacances en Tunisie ? La Tunisie s'est engagée dans le tourisme des seniors. Une stratégie à développer car elle est plus rentable que d'autres catégories. Le tourisme de plaisance connait de sa part une croissance importante avec une capacité de plus de 1100 anneaux et de nouveaux investissements (la Baie de Gammarth (400 anneaux) et le projet Marina Cap 3000 à Bizerte, et la Marina de Hergla). Ce créneau est très porteur car il attire une catégorie de touristes riches et dépensiers. La réalité du secteur touristique dégage aussi un endettement élevé des unités hôtelières ce qui a poussé plusieurs d'entre eux à la location gérance pour des opérateurs qui gèrent seulement sans investir. Selon une étude réalisée il y a quelques années par Fitch Ratings sur le tourisme tunisien, plusieurs remarques importantes ont été avancées. En effet, l'étude signale qu'entre 2000 et 2005, la Tunisie a perdu 5,3% de sa part du marché régional, alors que la part de la Turquie a augmenté de 9,9%. En outre, les recettes par touriste en Tunisie sont les plus basses parmi ses concurrents méditerranéens. La crise économique mondiale, et celle de la zone euro, nous a rappelé que le tourisme est très sensible aux conditions sociales et économiques des pays « émetteurs ». En effet, toute récession ou baisse des revenus se traduit automatiquement par une baisse des dépenses consacrées aux loisirs et au tourisme. L'étude prévue par le Ministère du tourisme sur « le tourisme à l'horizon 2016-2020 » permettra certainement de voir plus clair sur la stratégie à adopter, malgré que les recommandations sautent aux yeux de tous, et ne nécessitent pas un grand effort d'analyse.