A l'heure où la tendance économique moderne s'oriente vers la spécialisation "à chacun son métier", le factoring constitue une illustration contemporaine de la division de travail. Avec l'âpre concurrence économique d'aujourd'hui et de demain qui contraint les dirigeants d'entreprises à exercer, chaque jour davantage, leur vrai métier d'entrepreneur, le factoring constitue un auxiliaire précieux pour la gestion financière quotidienne de leurs ventes, tâches qu'ils n'ont guère le temps, sinon le goût, d'assumer et, pour tout dire, qui n'est pas de leur vocation première. En Tunisie, le factoring est relativement en état embryonnaire. Dans le cadre de la mise à niveau du secteur bancaire, la loi 98-4 du 2 février 1998 réglementant l'activité des sociétés de recouvrement (qui se démarque du factoring) constitue le premier jet d'un train de mesures réglementaires visant à dynamiser la vie économique.
Quel sera l'avenir du factoring en Tunisie ? on ne s'aventurera pas en affirmant que le factoring devrait constituer en Tunisie un nouveau métier qui allégera les charges administratives et judiciaires des entreprises, et notamment des banques. Cette jeune activité devrait favoriser l'éclosion de nouvelles missions (le conseil et la prestation de service) pour la profession des experts comptables (à l'instar de ce qui s'est passé en France en 1996). Avant de s'engager dans ces nouvelles missions, l'expert comptable doit bien sûr vérifier qu'il dispose des ressources techniques et humaines lui permettant d'intervenir dans des conditions économiques satisfaisantes et avec une bonne maîtrise des risques spécifiques. Ces missions devraient présenter un intérêt stratégique pour l'expert comptable. Au-delà de l'opportunité d'un accroissement du volume d'activité, elles devront permettre en effet un transfert de la nature des services proposés de la bulle du cabinet (la maîtrise de la technique comptable) vers l'univers quotidien de l'entreprise (la prise en charge d'une fonction interne). Ce rapprochement vers les centres d'intérêt des clients et cette contribution directe à l'amélioration de leur performance opérationnelle devrait permettre de renforcer leur viabilité économique, mais aussi les liens entre l'expert comptable et ses clients. Pour y parvenir, l'expert comptable va devoir attendre l'émergence de ce nouveau produit sur le marché mais surtout accentuer l'adaptation de son organisation et la mobilisation de ses collaborateurs vers le service du client. En favorisant l'enrichissement de ses compétences et le développement de ses moyens technologiques, en le conduisant à bâtir des prestations à forte valeur ajoutée pour ses clients, cette exigence lui permettra de se différencier et devrait lui procurer un avantage concurrentiel durable. Tel est pour la profession comptable, l'enjeu du développement des nouvelles missions dans la gestion des comptes clients... Telle est la conclusion à laquelle a abouti le confrère Moez Kammoun dans son mémoire intitulé « le factoring analyse de l'opération et implication managériale » en vue de l'obtention du diplôme d'expert comptable.