Avec les challenges conjoncturels et macroéconomiques que la Tunisie devrait relever dans les années à venir, les banques tunisiennes feront elles aussi face à plusieurs impératifs à savoir la diversification des produits, la modernisation des systèmes d'information, la gestion des compétences et la réduction des coûts, en plus, des mouvements de concentration et de rapprochement entre banques pour atteindre des seuils de compétitivité. Trois grands défis, au moins, sont à relever, à savoir : la concentration des banques, l'internationalisation. la réduction du fragmentation du secteur et l'accroissement du taux de bancarisation, Pourquoi la concentration ?
Le dernier classement, publié par le magazine Jeune Afrique, des 200 premières banques africaines, démontre des insuffisances au niveau des établissements de crédit en Tunisie. Les bailleurs de fond nationaux sont absents même du top 40 des banques en termes de produit net. Plein de questions se posent à cet égard surtout en présence d'un climat favorable pour le développement du secteur. Le secteur bancaire en Tunisie reste limité en termes de volume. Les banques de la place sont de tailles moyennes par rapport à leurs homologues africaines et arabes. Dans un pays réputé très actif dans la promotion des investissements étrangers, les banques sont appelées à étudier les possibilités d'accroissement de leurs potentiels financiers à travers des fusions étudiées permettant d'amplifier la sphère de leurs moyens financiers. Les banques tunisiennes ne peuvent pas financer des mégaprojets : par exemple, Orascom Tunisie (Tunisiana) a fait appel à des fonds étrangers pour financer son implantation en Tunisie et ce à cause des réserves limitées en devises, des dépôts et garanties jugé s insuffisants en termes de volume et surtout des problèmes d'impayés importants. Le fait de créer des groupes bancaires à travers des fusions permettra d'avancer la marge de progression et la disponibilité des fonds. D'ailleurs, on a touché de prés l'importance des groupes financiers qui ont acquis des banques tunisiennes et ont pu surmonter des situations difficiles pour assurer des retours importants sur leurs investissements. On note des cas tel que la banque Tuniso-Koweitienne (groupe caisse d'épargne), l'Union Internationale des Banques (groupe Société Générale) et Attijari Bank (groupe Attijariwafa Bank). Ce choix demeure de plus en plus indispensable pour faire face aux défis de la concurrence. L'entrée en vigueur de la convention de libre échange avec l'union européenne pour la partie relative aux services permettra aux banques européennes d'accéder à notre marché d'où l'importance de se concentrer dans des « Holding financiers ». Par ailleurs, 3 autres défis au moins sont à relever :
L'internationalisation : Pour se développer au-delà des frontières, il s'avère nécessaire avec l'ouverture du compte de capital qui poussera plusieurs de nos entreprises tunisiennes à se développer ailleurs. Etant un maillon incontournable dans le financement de l'économie, les banques tunisiennes devraient accompagner les entreprises nationales dans leur développement extérieur afin d'accroître leur rentabilité en retour. Encore une fois c'est l'Etat qui fait le premier pas dans ce domaine puisque la première phase du projet de création d'un nouvel holding « Tunisian Foreign-Bank» (TFB), a été achevée. Ce holding renforcera, par ailleurs, la présence des banques tunisiennes à l'étranger, la première phase de ce projet a été marquée par la restructuration du capital de l'ex-Union tunisienne des banques (UTB) par l'augmentation de son capital de 30 millions d'euros, la mise en place d'un noyau solide d'actionnaires publics (STB, BH, BCT) et l'obtention, auprès des autorités monétaires françaises, des autorisations nécessaires pour l'entrée en fonction du holding. Accroitre le taux de bancarisation Le taux de bancarisation en Tunisie reste assez faible et selon les directives des autorités il est prévu de généraliser les services bancaires à distance en augmentant le nombre des représentations bancaires, d'une agence pour 8.500 personnes à une agence pour 7.000 personnes à l'horizon de 2014. Ce qui représente une opportunité de croissance considérable pour les banques. Dans ce cadre, quasiment toutes les banques tunisiennes disposent d'un programme d'ouverture de nouvelles agences à travers le pays afin d'améliorer leur performances. La différenciation de l'offre de services et de produits va aussi de pair avec cet accroissement ce qui élargira la base de clientèle et améliorera, par conséquent, la rentabilité des banques. Remédier à la fragmentation du secteur Le secteur bancaire tunisien reste assez fragmenté et les banques de petites tailles. Pour y remédier, et dans le cadre de la politique nationale de hisser la Tunisie en une place financière régionale, il est prévu d'accroître la taille des banques et de consolider leur positionnement à l'international. En effet, le capital minimum des banques sera porté à 100 millions de dinars et la part des créances classées à moins de 7%, d'ici 2014. Pour la question de la fragmentation du secteur, le rapprochement entre les banques tunisiennes reste une solution à plusieurs autres maux : D'abord, c'est de faire face à la concurrence des banques étrangères qui pourraient pénétrer le marché national avec la libéralisation des services et, deuxièmement avoir des tailles considérables pour pouvoir s'exporter et deuxiemement s'implanter hors des frontières.