Ils étaient tous là, ils étaient tous venus rendre hommage au Leader Bourguiba, le père de la Nation. Un hommage dépêtré pour ce 11ème anniversaire ; Car tous ces amoureux de Bourguiba, réunis en ce jour mémorable, n'ont pu par le passé, brailler leur loyauté et leur désarroi quant à la perte lancinante de celui qui fut le fondateur d'une architecture moderne de la Tunisie. A la place du Mausolée de Bourguiba, nous entendions des slogans, tels des mantras glorifiés au nom du Leader : « Yarahmek ya Bourguiba », « Habib Bourguiba ya habib ». Frissons assurés ! La veille de la commémoration, nous faisions une flânerie dans les rues de Monastir, ville natale de Bourguiba. 22h30, tout près de la place, fraîchement baptisée « Place du Leader Habib Bourguiba », une foule de gens s'est rassemblée, fignolant par les dernières touches l'organisation de la cérémonie. Une fresque géante du portrait de Bourguiba peinte par Berguaoui érigée dans le jardin en face du Mausolée, juste à proximité une reproduction du buste de Bourguiba posée sur une colonne en marbre. Monastir s'est mise sur son trente-et-un. C'est que les Monastiriens ont du rafistoler pour cet anniversaire. L'occasion est on ne peut plus éminente et honneur doit être rendu au père de la Nation que le peuple a du, condamné au silence, égarer sa mémoire. Et donc pas question, cette année, que la journée s'en aille en eau de boudin. Les enfants ont quitté les bancs de l'école en ce jour exceptionnel, les plus grands ont du sécher la journée de travail-tant pis si le patron sera furieux, cela en vaut la chandelle- d'autres ont carrément pris routes et autoroutes pour venir se recueillir sur la tombe de Bourguiba et faire montre en toute fierté de son dévouement et tout son amour pour le Zaïm. Après le passage des officiels, une fanfare et un défilé de militaire ont parcourus l'esplanade du Mausolée, applaudis par un public subjugué. Les gens étaient venus de toutes places, de différentes villes de différents gouvernorats. Aussi, des personnalités politiques ont-elles été au rendez-vous immanquable, selon eux, car d'antan ils ne pouvaient afficher leur « bourguibisme ». Un peu loin, et avant d'atteindre la Place Habib Bourguiba, dans l'ancienne maison de la famille, se tenait une foire dédiée au Leader : des photos, des livres, et des coupures de presse écrite étalées sur les murs de la demeure. L'afflux était au comble, tous venus en curieux et en admiration découvrir quelques endroits de la vie privée et publique de Bourguiba. Puis, nous sommes entrés à l'intérieur du Mausolée où gisait la tombe de Bourguiba, nous avons récité la Fatiha, sur quoi nous avons regagné nos pénates. La journée était garnie d'émotions fortes et malgré le tumulte, nous n'avons remarqué quasiment aucune fausse note, aucun dérapage désolant, en cette journée mémorable, tout le monde n'avait d'yeux que pour Bourguiba. Nous ne serions pas à même d'affirmer que le peuple a fini par absoudre à l'ex-président sa négligence criante envers le père de la Nation quant à la sauvegarde de sa mémoire, en revanche, en ce jour de commémoration de son décès, il n'y avait pas de place aux cacophonies, aux mauvaises langues et les ondes négatives. Monastir portait un sourire des plus charmants. Nous ne pouvions mieux espérer. Les années passèrent, passent et passeront, la mémoire du Zaïm restera à tout jamais vive dans les cœurs de tout Tunisien. Car comment renier que c'est Bourguiba qui a rendu notre peuple cime. Paix à ton âme Bourguiba. Haut-parleur des Bourguibistes «Nous sommes venus aujourd'hui rendre hommage à la mémoire de Bourguiba pour la première fois depuis son décès. Avant, nous ne pouvions pas le faire, nous avions peur d'exprimer notre amour et notre admiration à celui qui fut le père de la Nation. » «Je vois aujourd'hui une Monastir en fête qui danse et qui chante. Une Monastir comme je l'ai jamais vu auparavant. Rien que toute cette foule ici présente, en témoigne de la grandeur de l'évènement et de tout le respect que les Tunisiens ont pour la mémoire de Bourguiba. J'en suis très fier et fier d'en faire partie. » «Nous sommes venus de Sfax, cette journée est très importante pour nous. C'est le 11èmé anniversaire du décès de Bourguiba, mais pour nous c'est comme si c'était le premier. Car nous n'avons pas pu le célébrer en grandes pompes durant les dix années précédentes à cause de ce que Ben Ali imposait au peuple afin d'effacer peu à peu la mémoire de Bourguiba, mais quand nous voyons tout ce beau monde ayant répondu à l'appel du cœur pour l'amour du Leader, nous comprenons que c'était peine perdue pour lui et que la mémoire de Bourguiba a triomphé. » «Je suis heureuse de me retrouvée ici aujourd'hui. Heureuse de pouvoir rendre hommage à Bourguiba. Je le considère comme un modèle, il a beaucoup sacrifié pour construire une Tunisie moderne et un peuple instruit, nous lui devons énormément. »
Ahmed Néjib Chebbi: «Je suis venu en citoyen me recueillir sur la tombe de Bourguiba» « Pour moi Bourguiba est le père de la Nation. C'est à lui que nous devons une Tunisie moderne. Il a privilégié l'éducation du peuple, la libération de la femme et militer pour l'indépendance du pays, sans oublier l'institution du Code du Statut Personnel. Certes, et nous ne pouvons le nier, Bourguiba n'a pas fait en sorte que la société acquiert le droit à la démocratie, il a préféré un système politique basé sur la dictature, mais cela n'empêche pas la grandeur de sa personne à plus d'un titre, ni les réalisations qu'il a pu faire pour le pays et c'était loin d'être gagné. Nous devons d'ailleurs de faire de notre possible pour conserver l'ensemble de ces acquis et les développer surtout en cette période délicate et critique postrévolutionnaire. C'est quelque part grâce à lui que le peuple a pu se soulever aujourd'hui contre un régime dictatorial, le 14 janvier porte l'empreinte de Bourguiba à travers la jeunesse qu'il a préparé. »