Après avoir accablé la sphère financière, la crise des subprimes, amplifiée par sa dimension planétaire, a commencé à déborder sur l'économie réelle, se traduisant ainsi par un ralentissement économique évident. A ce titre, la révision à la baisse des prévisions de croissance, la chute des prix de pétrole provoquée par une baisse considérable de la demande mondiale et la vague de licenciements déclenchée dans les grandes entreprises américaines et européennes, constituent, toutes, des manifestations explicites de cette récession alarmante. Si la situation est bien loin d'être aussi préoccupante et compliquée dans notre pays, c'est principalement grâce à une approche économique saine, progressive et bien orientée. Plus encore, la Tunisie a déjà fait ses preuves dans l'amortissement des crises et l'absorption de leurs effets négatifs. D'ailleurs, l'industrie tunisienne n'a-t-elle pas brillamment résisté au grand choc du démantèlement de l'accord multifibre en 2005.
Signe de l'efficacité du système national de veille économique et financière, les prémices de la crise actuelle avaient été repérées d'une manière précoce. Ce qui a permis de réduire au maximum son impact sur l'économie tunisienne. Mais même si la Tunisie s'avère, dans une large mesure, épargnée par rapport à d'autres contrées, notre pays subit, comme tout le monde, la conjoncture. A l'heure actuelle, les autorités financières et économiques nationales se trouvent dans l'obligation de surveiller de près, et d'une manière permanente, les dernières évolutions d'une situation extrêmement variable et difficilement prévisible. Il s'agit, certes, d'une tâche délicate et continue. Elle durera autant que la crise se prolonge dans le temps. Or, il est nettement clair, que le spectre de cette crise ne va pas disparaître dans le proche avenir.
Toutefois, et au-delà de cet aspect essentiellement préventif, la Tunisie pourrait aller plus loin en prospectant d'éventuelles opportunités qui seraient engendrées par les mutations du paysage économique mondial dans le contexte actuel. Car les grandes crises, en bouleversant, aléatoirement ou méthodiquement, la donne économique, créent également des occasions en or qui profitent aux plus vigilants. C'est à travers le suivi continu, la prédiction scientifique et l'analyse anticipatoire que ces opportunités deviennent visibles et peuvent être décryptés, pour être, enfin, bien saisies. Il s'agit, en quelque sorte, de voir le revers de la médaille. La Tunisie dispose, sans doute, des compétences nécessaires pour effectuer cette mission et en tirer les meilleurs résultats.