Comme on l'a déjà annoncé dans les deux numéros publiés les 27 et 28 novembre courant, l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises (IACE) a organisé sa 23ème Session des Journées de l'Entreprise à Port El Kantaoui, à Sousse. Et en marge de ces Journées «l'Expert» a contacté M. Tarak Chérif, P-DG de MPC Prokin et l'un des fondateurs de l'IACE et M. Sid Ahmed Ghozali, ancien Premier ministre de l'Algérie. M. Tarak Chérif, Président-Directeur Général de MPC Prokin et l'un des fondateurs de l'IACE
▪ La 23ème Session des Journées de l'Entreprise a porté principalement sur l'UPM. Quel est l'importance de ce thème? ▪ L'Union pour la Méditerranée est très importante pour l'économie tunisienne. Nous vivons actuellement une période difficile avec la crise financière et cette Union Pour la Méditerranée est une opportunité réelle qu'il faut savoir saisir et bien cadrer et cela en mettant des instruments nécessaires pour que l'entreprise tunisienne tire le maximum de bénéfices de cette opération. De plus, il faut essayer de demander les choses qui peuvent donner encore plus de compétitivité pour l'entreprise tunisienne, encore plus de marché, de connexion et d'éléments positifs.
▪ Que pensez-vous du thème (UPM) de ces Journées de l'entreprise qui est débattu dans un climat et un contexte mondial difficile (la crise financière internationale)? ▪ Le thème de cette session a été choisi depuis 9 mois, donc bien avant la crise financière mondiale, mais il se fait qu'il coïncide avec la crise. De toutes les façons, l'UPM est un thème qui est toujours d'actualité. Je crois que le travail politique a été bien avancé au niveau de l'Union Pour la Méditerranée et maintenant, il va y avoir les structures et surtout les projets. En fait, ce sont les projets entre les Tunisiens et les entrepreneurs de toute la Méditerranée qui nous intéressent. Plus il y aura des projets en commun, plus il y aura des opportunités de projets pour toute la région. Ce que nous voulons, c'est avoir plus de facilités d'exportation, plus de mobilité pour les entreprises, notamment pour les ressources humaines pour qu'elles puissent travailler un peu partout dans les différents pays de la Méditerranée et avoir plus de connexion au niveau de la formation professionnelle. Cette dernière peut aider énormément nos entreprises pour se mettre encore plus au niveau des entreprises européennes et permettre également à nos étudiants d'avoir un programme comme celui d'«Eras-mos» où les étudiants peuvent faire leur cursus universitaire en Europe. C'est très enrichissant et cela permet à nos futurs dirigeants, à nos futurs cadres, d'avoir une formation et une culture méditerranéenne qui leur permettra de prendre le relais. Il y a également l'aspect financier ou les crédits. Je pense que l'intervention de M. Philippe de Fontaine Vive (vice-président de la Banque Européenne d'Investissement) a été nette puisqu'il a dit qu'il y a plus de 7 milliards et demi d'euros qui sont consacrés pour les projets à tous les pays et à tous les entrepreneurs de cette région pour utiliser cet argent.
▪ Ces Journées de l'Entreprise ont été marquées cette année par une nouvelle formule basée sur la discussion. Qu'en dites-vous? ▪ C'est plus intéressant que les discours classiques. Il faut qu'il y ait ce genre de discussion interactif et du débat. Ils sont plus dynamiques.
M. Sid Ahmed Ghozali, ancien Premier ministre de l'Algérie
▪ Cette session des Journées de l'Entreprise s'est déroulée dans un climat où règne une crise financière internationale. Que pensez-vous? ▪ La crise financière ne devrait pas retarder le projet s'il est conçu sérieusement, aussi bien par le Nord que par le Sud, mais elle ne devrait pas non plus minimiser l'attention vis-à-vis de ce projet. Elle devrait au contraire en renforcer l'attachement parce que l'Union Pour la Méditerranée fait partie des grands volets de la solution de la crise. En fait, la crise économique se résout par le renforcement des marchés et le renforcement de la demande. Les Américains agissent sur le plus grand marché, c'est-à-dire qu'ils maîtrisent le marché intérieur. Et s'ils augmentent le marché européen, c'est encore mieux pour eux. En tout cas, le Sud de la Méditerranée est pour eux une voix inexplorée pour l'augmentation de la demande. Lors de mon intervention, j'ai cité cet exemple: Après la 2ème Guerre mondiale, les Américains sont venus avec le plan Marshall qui été présenté comme une aide à l'Europe, mais ils ne l'ont pas fait par bonté d'âme ni pour les beaux yeux de l'Europe parce que l'Europe est un marché tellement important qu'il été stratégiquement essentiel pour les Américains que l'Europe reprenne ses capacités d'échanges. Et là, le plan Marshall a été fortement soutenu. D'ailleurs, la Banque Mondiale qui s'appelle «la Banque Mondiale de reconstruction et de développement» été faite pour financer le redressement de l'Europe et l'augmentation du marché européen. Donc, en somme, la crise financière ne devrait pas remettre en cause l'idée de partenariat, mais au contraire elle ne fait que renforcer son utilité et je dirais même sa nécessité.
▪ Lors de ces Journées, votre intervention a porté sur les approches de l'UPM. Voudriez-vous nous en donner une idée? ▪ Il faut d'abord qu'il y ait un apport qui donne des idées aux Européens. Il ne faut pas penser à notre destin et attendre que les autres le désignent pour nous. Comme il s'agit de partenariat, chacun doit y apporter quelque chose. En fait, c'est comme dans un mariage: il n'y a pas un seul conjoint qui apporte, mais il faut que les 2 conjoints apportent, sinon le mariage échouera. Dans un couple, il n'y a jamais un seul heureux, ce n'est pas possible, il faut qu'il y ait deux heureux sinon ça fera deux malheurs. Donc, dans une union, chacun doit apporter quelque chose et chacun doit être gagnant sinon l'Union ne peut pas durer.
▪ Puisque vous participez pour la première fois aux Journées de l'Entreprise, quelle est votre appréciation sur cette participation? ▪ Je trouve que c'est une très bonne initiative sachant, que nous sommes dans une situation où la politique est en retard par rapport à l'économique. C'est une voix, à la seule pour préparer la reconstruction du Maghreb à travers l'entreprise. Il faut que l'entreprise maghrébine soit de plus en plus forte. C'est-à-dire qu'il y ait de plus en plus d'entrepreneurs tunisiens, marocains, algériens et libyens qui s'installent dans ces pays et qui augmentent les échanges entre eux. C'est une manière positive de préparer l'UMA.