Au cours des dernières années, la production d'énergie à partir de la combustion de ressources d'énergie fossile, comme le charbon, le pétrole et le gaz naturel, représentait près de 45% de l'empreinte écologique mondiale. Une réduction substantielle de l'utilisation des combustibles fossiles, et des émissions de dioxyde de carbone qui en dérivent, est indispensable pour prévenir les changements climatiques et limiter le réchauffement à 2ºC au-dessus de niveaux pré-industriels. En vue d'atteindre un tel objectif, le WWF, importante organisation indépendante qui milite pour la conservation de la nature qui compte près de 5 millions d'adhérents et est lié à un réseau mondial actif dans plus de 100 pays, a développé toute une vision énergétique pour l'horizon 2050.
La « Vision énergétique du WWF pour 2050 » utilise un modèle d'analyse des leviers susceptibles de satisfaire la demande mondiale en énergie tout en réduisant de manière significative les émissions de gaz à effet de serre, et ce, en combinant des ressources énergétiques et des technologies déjà disponibles et plus durables.
Ce modèle poursuit trois stratégies parallèles. La première consiste à accroître l'efficience énergétique dans l'industrie, les bâtiments et toutes les formes de transport afin de stabiliser la demande globale d'énergie d'ici à 2025. La deuxième consiste à augmenter l'utilisation d'énergies renouvelables comme l'éolien, l'hydraulique, le solaire et le thermique, la biomasse, tout en éliminant progressivement les émissions des combustibles fossiles conventionnels utilisés pour la production d'énergie et les procédés industriels. Cela se ferait par la troisième stratégie d'augmentation du piégeage et du stockage du carbone. En outre, une augmentation de l'utilisation du gaz naturel est proposée à titre transitoire de 2010 à 2040. Basé uniquement sur les sources d'énergie actuellement disponibles et commercialement concurrentielles ou susceptibles de l'être à court terme, le choix de ces leviers énergétiques est délibérément prudent. Le choix des technologies à privilégier est guidé par les impacts et risques associés à chacune d'elles, les obstacles potentiels à leur mise en oeuvre, l'acceptabilité sociale et les coûts relatifs.
Le modèle "Vision énergétique du WWF pour 2050" tente de prouver qu'il est techniquement possible de réduire considérablement les émissions dangereuses tout en répondant aux besoins en énergie des pays développés et en voie de développement au 21e siècle. Outre la mise en oeuvre des technologies, systèmes, infrastructures et modes d'exploitation appropriés, trois impératifs complémentaires à respecter sont prévus pour garantir une réelle diminution des émissions de gaz à effet de serre au cours des 10 prochaines années, et qui sont l'implication effective des gouvernements, l'urgence de l'action (tout retard rendra la transition vers une économie à faibles émissions de carbone de plus en plus coûteuse et difficile, tout en augmentant le risque d'échec) et, enfin, la conjugaison des efforts à l'échelon mondial.
Les leviers énergétiques
Le modèle du WWF est construit autour de trois stratégies principales réduisant les émissions de carbone tout en augmentant les services énergétiques :
Casser le lien entre les services énergétiques et la production d'énergie primaire : en 2025, l'efficience énergétique (plus de servicesénergétiques par unité d'énergie utilisée)permettra une offre croissante en services énergétiquestout en stabilisant la demande de productiond'énergie primaire. La demande projetéeest réduite de 39%, avec 9,4 Gt d'émissionsde carbone évitées chaque année.
Croissance simultanée des technologies à faibles émissions : en parallèle, se développeune gamme complète de technologies quisatisfont les critères environnementaux etsociaux de durabilité et qui permettent ainsi deréduire considérablement les émissions liées àla combustion fossile. En 2050, les technologiesdisponibles pourraient satisfaire 70% de lademande restante, avec 10,2 Gt supplémentaired'émissions de carbone évitées chaqueannée.
Capture et stockage du carbone (CSC) : en 2050, 26% de la production d'énergie primaire est assurée par des usines combustibles fossiles avec capture du carbone et technologie de stockage, évitant ainsi 3,8 Gt d'émissions de carbone par an. Cette stratégie a des implications immédiates en termes de planification et de localisation des nouvelles installations puisque le transport du CO2 vers des sites de stockage distants serait très coûteux.
A côté de ces trois axes, deux mesures complémentaires s'avèrent nécessaires dans la même vision énergétique du WWF:
Le développement de carburants flexibles et du stockage de l'énergie pour permettre àl'énergie produite à partir de sources intermittentes,comme l'éolien et le solaire, d'êtrestockée et transformée en carburants transportableset compatibles avec les besoins thermiquesde l'industrie. Les nouveaux carburantsqui satisfont à ces exigences, comme l'hydrogène,nécessiteront de nouvelles infrastructurespour leur production et leur distribution.
La substitution du charbon à haute teneur en carbone en gaz à faible teneur en carbone, en tant que mesure transitoire de2010 à 2040, évitant ainsi d'investir dans denouvelles centrales électriques au charbon etpermettant d'importantes économies decarbone à court terme.