Le nouveau projet de résolution sur la Syrie sur lequel le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait être amené à voter dans les prochains jours souligne le soutien du Conseil aux décisions de la Ligue Arabe mais sans faire de référence explicite au sort de Bachar El-Assad. Cette dernière mouture du projet doit être transmise aux capitales pour avis, à la suite des discussions jeudi entre ambassadeurs des 15 pays à New York. ”Chacun demandera des instructions à sa capitale et nous espérons être en mesure de voter dès que possible” sur ce texte, a déclaré jeudi à la presse l'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant, tandis que l'ambassadrice américaine Susan Rice soulignait qu'il restait des ”problèmes compliqués” à résoudre. Les ambassadeurs considèrent qu'ils sont arrivés à la limite de leur marge de négociation sur ce texte et l'envoient à l'échelon supérieur pour un dernier arbitrage avant un vote. Selon le texte, le Conseil ”soutient pleinement (…) la décision de la Ligue arabe du 22 janvier 2012 de faciliter une transition politique conduite par les Syriens eux-mêmes et menant à un système politique démocratique et pluraliste”. Mais les détails de cette transition – notamment le transfert des pouvoirs du président El Assad à son vice-président – n'apparaissent pas, à la demande de Moscou qui ne voulait pas que le Conseil préjuge de l'issue de la crise en demandant a priori que le chef de l'Etat syrien cède le pouvoir. C'est aussi pour amadouer les Russes que le processus est décrit comme ”conduit par les Syriens”. Le processus de transition démocratique avait été proposé par la Ligue arabe en janvier dans son plan de sortie de crise pour la Syrie, où des milliers de personnes ont été tuées depuis mi-mars 2011, quand a éclaté une révolte sans précédent contre le régime. Autres concessions à Moscou dans le texte: il n'y a pas de référence aux sanctions économiques imposées par la Ligue à la Syrie en novembre dernier, ni d'inquiètude exprimée sur les ventes d'armes à Damas, que la Russie souhaite poursuivre. Enfin, le texte précise que le Conseil veut ”résoudre la crise politique actuelle en Syrie de manière pacifique”, afin de dissiper toute analogie avec l'affaire libyenne. Comme les précédentes versions, le nouveau texte ”condamne toute violence d'où qu'elle émane et exige que toutes les parties en Syrie, dont les groupes armés (d'opposition), cessent immédiatement toute violence ou représailles”. Il ”dénonce les violations continues, flagrantes et étendues des droits de l'homme” par les autorités syriennes et demande ”que le gouvernement syrien mette immédiatement fin” à ces violations et à ”ses attaques contre ceux qui exercent leur droit à la liberté d'expression”. Ce texte peut encore être amendé par les gouvernements et le vote au Conseil pourrait intervenir dans les tout prochains jours, vraisemblablement lundi, selon des diplomates. Ils soulignent que des consultations sur la Syrie pourraient avoir lieu entre Occidentaux et Russes à l'occasion de la Conférence sur la sécurité de Munich ce week-end.