Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a exprimé jeudi sa « profonde inquiétude » face à la décision de six pays européens d'envisager ou d'entamer leur retrait du traité d'Ottawa, qui interdit l'usage, la production, le stockage et le transfert des mines antipersonnel. Les pays concernés – Estonie, Finlande, Lettonie, Lituanie, Pologne et Ukraine – ont soit déjà franchi un cap administratif, soit laissé entendre leur intention de quitter cette convention cruciale du droit international humanitaire. Des armes meurtrières aux effets durables Dans sa déclaration, Volker Türk a souligné que les mines antipersonnel infligent des souffrances graves et durables aux civils, en particulier les enfants, et continuent à faire des ravages bien après la fin des conflits armés. « Le respect des engagements du traité ne doit pas être conditionné par la paix », a-t-il martelé, rappelant que le droit international s'applique aussi en période de guerre. Les mines, conçues pour exploser au contact humain, menacent directement plus de 100 millions de personnes dans une soixantaine de pays. Elles polluent des terres agricoles, rendent les zones résidentielles inaccessibles, et empêchent les civils déplacés de retourner chez eux en toute sécurité. Une augmentation inquiétante des victimes Le Haut-Commissaire a révélé une hausse de 22 % des victimes civiles de mines antipersonnel en 2024, notant que les enfants représentent près de la moitié des cas recensés. Ce constat alarmant reflète les conséquences du recul des normes internationales en matière de protection des civils. Appel à geler tout processus de retrait Dans son message, Türk appelle les Etats à geler immédiatement tout processus de retrait du traité d'Ottawa et à honorer leurs obligations humanitaires. Il exhorte également les pays non signataires à rejoindre la convention sans délai. Adopté en 1997 à Ottawa (Canada), ce traité est aujourd'hui considéré comme l'un des piliers du droit international humanitaire, avec 164 Etats parties. Il constitue un cadre fondamental pour réglementer la conduite des conflits armés et assurer la protection des populations civiles. « Se retirer du traité au nom de la sécurité nationale revient à sacrifier des vies civiles au nom de considérations politiques à court terme », a conclu Volker Türk. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!