Des militants des droits de l'Homme crient à la catastrophe humanitaire au Yémen, à « l'extermination » de la population et à l'usage d'armes interdites... L'association tunisienne « L'identité de la Résistance » a organisé, avant-hier à Tunis, une conférence de presse afin de mettre la lumière sur la situation humanitaire au Yémen au moment où la coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite mène notamment des raids aériens sur différentes régions du pays. Le président de ladite association, Chamseddine Rouissi, a fustigé dans son intervention le comportement des autorités saoudiennes dans le cadre de l'alliance arabe lors de son intervention militaire au Yémen. D'après lui, l'Arabie Saoudite a transgressé plusieurs traités et conventions internationaux outre le chaos qu'elle a engendré au Yémen par les raids aériens qui ont ciblé notamment des civils, des enfants et des femmes. Lotfi Azzouz, président du bureau de Tunis d'Amnesty Internationale, a dénoncé l'usage d'armes interdites sur des civils, outre le bombardement d'établissements scolaires et hospitaliers dont un hôpital dirigé par Médecins Sans Frontières. Il a affirmé que des rapports d'experts ont confirmé l'usage de la part des forces militaires de la coalition de roquettes intelligentes. « Ce qu'a commis l'Arabie Saoudite ne peut être qualifié que de crimes de guerre puisqu'il offense des articles du Traité international sur les armes. Nous savons que réellement on ne peut pas arrêter l'usage d'armes dans des conflits pareils, alors que les Nations unies, sous la pression des grandes puissances, a omis de citer l'Arabie Saoudite dans le dernier rapport de sa commission des droits de l'Homme. Avec un ton mélancolique, Violette Dagher, présidente de la Ligue arabe des droits de l'Homme, s'est exclamée sur la situation humanitaire et de la liberté d'expression au Yémen et dans le monde arabe. « C'est une réelle extermination du peuple yéménite alors que les partenaires des grandes puissances mondiales dans ce carnage ne sont autres que des Arabes! ». Issam Chebbi, leader du parti Aljomhouri, a quant à lui dénoncé ce qui se passe tout en s'exclamant sur « les crimes de guerre commis par des Arabes contre des Arabes », ce qui constitue une grande contradiction. Chebbi a lancé un appel à l'Etat tunisien pour qu'il se retire de ladite coalition même si sa participation n'est que sur le plan politique. L'activiste et militant des droits de l'Homme libyen, Khaled Ghouil, a quant à lui appelé à former un comité international pour faire pression sur l'opinion internationale afin d'arrêter le massacre au Yémen. Issam Chebbi a rebondi sur la proposition pour proposer de former un comité de pression national qui devrait aller rencontrer les leaders politiques des différents partis tunisiens afin qu'ils dénoncent officiellement ce qui se passe au Yémen et demander du gouvernement tunisien de se retirer de la coalition arabe que mène l'Arabie Saoudite. Usage d'armes interdites D'après un rapport de Human Rights Watche, le Haut-Commissaire est tenu de présenter ses rapports au Conseil des droits de l'Homme en mars et septembre 2016, et un certain nombre d'Etats ont souligné que le Conseil devait rester prêt à faire pression en faveur d'un rôle pour l'investigation internationale plus important si le nombre des victimes civiles continue à augmenter et si le processus national est inadéquat. Human Rights Watch avait affirmé dans un récent rapport avoir pu documenter des dizaines de frappes aériennes menées par la coalition et manifestement aveugles, en violation du droit international. Ces frappes ont fait des victimes chez les civils, et certaines pourraient constituer des crimes de guerre. Voici quelques exemples de ces frappes : le 30 mars, au moins 29 civils ont trouvé la mort lors d'une frappe aérienne sur un camp de personnes déplacées internes près de la frontière entre le Yémen et l'Arabie Saoudite ; le 31 mars, une frappe aérienne sur une usine de produits laitiers en périphérie de Hodeïda a fait au moins 31 victimes civiles ; le 12 mai, dans la ville de Zabid, au sud de Hodeïda, une frappe aérienne sur un marché et un verger de citronniers voisin a tué au moins 60 civils ; le 4 juillet, ce sont au moins 65 personnes qui ont trouvé la mort lors d'une frappe aérienne sur un marché du village de Muthalith Ahim, au sud de la frontière saoudienne ; et le 24 juillet, une frappe aérienne sur des quartiers résidentiels de la ville portuaire de Mokha a causé la mort d'au moins 65 civils. Selon le même rapport, Human Rights Watch a documenté l'utilisation par les forces de la coalition de trois types d'armes à sous-munitions au Yémen en 2015, et l'utilisation d'un quatrième type a été rapportée par Amnesty International en novembre 2015. Un cinquième type d'armes à sous-munitions a été utilisé, mais la partie responsable de leur utilisation n'a pas été clairement identifiée. Le Yémen, l'Arabie Saoudite ainsi que d'autres Etats de la coalition ne sont pas des Etats signataires de la Convention de 2008 sur les armes à sous-munitions. De même, depuis juillet, les forces houthistes ont posé de nombreuses mines terrestres, y compris des mines antipersonnel interdites, dans les gouvernorats de Abyan, Aden, Marib, Lahij et Ta'izz dans le sud et l'est du Yémen. Les mines terrestres et les restes d'explosifs de guerre ont fait au moins 23 morts ainsi que des blessés, dont deux démineurs, selon des fonctionnaires yéménites chargés des opérations de déminage, des professionnels de santé et des rapports des médias.