Les ambitions sont grandes mais le pouvoir d'action infime. Le président Emmanuel Macron, théoriquement, reprend la main sur le bouton de la dissolution. La chose démange fortement le chef de l'Etat, enhardi par quelque 56% des Français – selon les sondages – qui en ont déjà soupé du gouvernement de François Bayrou. Mais tout le monde se souvient que la dernière fois que l'Elysée a joué à ce jeu-là elle a rendu le pays encore plus ingouvernable. Donc elle hésitera à actionner. A l'international le moins qu'on puisse dire est que Paris enchaîne les revers : Sur le dossier iranien Washington a renvoyé Macron dans les cordes et refuse de partager la main, la France a repris langue avec la Russie mais l'affaire est tombée à plat, idem sur le dossier palestinien où là aussi les USA imposeront leur volonté. Qu'est-ce qui reste au président français pour briller sur la scène locale ? Les Frères musulmans... J'exagère à peine mais il faut voir le tableau de l'Hexagone. Le champ politique est un champ de ruines depuis que Macron a eu la mauvaise idée de rejouer sa majorité aux législatives anticipées, comme on joue sa voiture au poker après avoir tout perdu ; les finances publiques et l'économie nationale sont fortement dégradées, à un niveau sans précédent, etc. Il faut très vite une victoire « facile » pour donner le change, ce sera le rapport sur « l'entrisme » des Frères musulmans. C'est le chiffon rouge de ce lundi 7 juillet, l'objet du Conseil de défense et de sécurité nationale qui a eu lieu en fin de matinée à l'Elysée. L'artisan de cette affaire, le ministère de l'Intérieur Bruno Retailleau, reprendra des couleurs après que la présidence de la République et le Quai d'Orsay l'ont prié de lâcher sa marotte électorale : l'Algérie. Aux côtés de Retailleau il y aura un autre poids lourd du gouvernement, l'ancienne Première ministre et actuelle ministre de l'Education, Elisabeth Borne, mais aussi la ministre des Sports Marie Barsacq. Ici au moins personne ne disputera au président son leadership, lui qui vient de tancer la cacophonie gouvernementale et exigé la discipline ministérielle. Lors du précédent Conseil de défense sur « l'entrisme » des Frères musulmans Macron avait laissé exploser sa colère après que le rapport qu'il avait commandé a fuité dans les médias avant la réunion. Il avait également reproché au ministre de l'Intérieur d'avoir minoré le danger. « Compte tenu de l'importance du sujet et de la gravité des faits établis, il a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions« , avait indiqué l'Elysée. Retailleau, qui n'en demandait pas tant, se fera un plaisir de pourrir la vie des barbus et voilées, Frères et sœurs musulmans ou pas. A noter que le document évoquait une « menace pour la cohésion nationale« , avec l'éclosion d'un islamisme « par le bas » orchestré par les Frères musulmans. Des faits de ce type ont été signalés « dans certains quartiers » mais Macron avait indiqué tout de suite après le premier Conseil de défense qu'il faut se garder de « penser qu'il y en a partout, parce que ça peut rendre complotiste ou paranoïaque« . C'est justement le coin qu'a enfoncé La France insoumise (LFI)... Le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard, a encore fustigé ce lundi sur TF1 le projet inavoué de « pointer du doigt les Français de confession musulmane« . Retailleau avait proposé de « s'attaquer aux écosystèmes islamistes » par le biais d'une restructuration administrative, en mettant en place un « chef de file » en matière de renseignement ou encore un « parquet administratif » qui a le pouvoir de signer des dissolutions. Mais même avec ça la patronne du Rassemblement national, Marine Le Pen, disait que le compte n'y était pas ; elle avait dénoncé des « mesurettes administratives« , au lieu d'aller « chercher, dénoncer, débusquer, couper les financements, interdire les publications » de cette « idéologie totalitaire« . Il est très probable que les décisions qui émaneront du deuxième Conseil de défense ne satisferont ni la gauche ni l'extrême droite, et ce sont elles qui dictent leur loi à l'Assemblé nationale. Ce n'est pas sur le dossier des Frères musulmans que le président de la République se payera sa petite victoire pour faire oublier sa cohorte de revers, en France comme à l'international…
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