Alors que la croissance stagne dans l'ensemble de l'Europe, l'Espagne détonne. Selon une estimation provisoire de l'Institut national des statistiques (INE), le produit intérieur brut (PIB) espagnol a progressé de 0,7 % au deuxième trimestre 2025, ce qui équivaut à un rythme annualisé de 2,8 %, plaçant le pays en tête des économies avancées du continent. Malgré les tensions commerciales liées à la hausse des droits de douane imposés par les Etats-Unis, l'économie espagnole affiche une vigueur étonnante. Exportations dynamiques, consommation intérieure solide et investissement privé en forte progression expliquent en grande partie ce résultat supérieur aux attentes de la Banque d'Espagne, qui tablait sur une croissance de 0,5 à 0,6 %. Un moteur économique inattendu en Europe Depuis huit trimestres consécutifs, l'Espagne maintient un rythme soutenu, avec des hausses du PIB toujours supérieures à 0,6 %. Au deuxième trimestre, les exportations ont grimpé de 1,1 %, les investissements des entreprises de 2,1 %, et la consommation des ménages de 0,8 %. Une combinaison qui témoigne d'une résilience remarquable malgré un contexte international incertain. « L'économie espagnole a conservé son dynamisme », a déclaré le ministre de l'Economie Carlos Cuerpo. Il se félicite de voir l'Espagne en « tête des économies avancées non seulement en Europe, mais aussi au niveau international ». Chômage au plus bas depuis 2008 Cette embellie économique se reflète aussi sur le front de l'emploi. Le taux de chômage a chuté à 10,29 % à la fin du mois de juin, son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008. Le gouvernement anticipe une poursuite de cette amélioration, bien que le chômage des jeunes demeure élevé. Le gouvernement de Pedro Sanchez vise une croissance de 2,6 % sur l'ensemble de l'année 2025, un objectif désormais jugé crédible à la lumière des performances du premier semestre. L'Europe à la traîne À l'échelle européenne, la comparaison est éloquente. La Commission européenne prévoit une croissance annuelle de seulement 0,9 % dans l'UE, avec 0 % pour l'Allemagne et 0,6 % pour la France. Pour le professeur Pedro Aznar de l'école de commerce Esade, l'Espagne « compense une croissance plutôt faible dans plusieurs autres économies européennes ». Alors que Washington et Bruxelles se sont entendus sur une taxe de 15 % sur certains produits européens, Madrid reste relativement protégée. Seulement 5 % des exportations espagnoles sont destinées aux Etats-Unis, ce qui limite l'impact direct des nouvelles barrières douanières. « L'exposition est faible par rapport à d'autres pays européens », rappelle Carlos Cuerpo, qui reconnaît toutefois le risque d'effets indirects liés à la volatilité des marchés. Selon la Banque d'Espagne, l'année 2025 devrait s'achever sur une croissance de 2,4 %, proche de celle anticipée par le FMI (2,5 %). Des performances solides pour une économie qui, encore récemment, sortait difficilement de la pandémie. Un modèle à suivre ? Le cas espagnol rappelle que diversifier ses marchés, stimuler la consommation intérieure, et soutenir les investissements peuvent constituer des leviers efficaces de résilience. Tandis que les économies allemandes et françaises peinent à redémarrer, Madrid semble avoir trouvé la formule gagnante... au moins pour le moment. À l'heure où l'Europe cherche un nouveau souffle, l'Espagne avance à contre-courant, confirmant son rôle inattendu de locomotive économique du continent. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!