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La reprise de l'économie mondiale et les menaces de rechute
Publié dans L'expert le 06 - 05 - 2010

Si l'économie mondiale enregistre dans l'ensemble une confirmation de la reprise, celle-ci n'en demeure pas moins sous la menace d'une rechute réelle dont les contours sont de plus en plus tangibles ces derniers temps, notamment dans la zone euro, avec les problèmes de la Grèce confrontée à une dette colossale de 300 milliards d'euros, suivis tout récemment par ceux du Portugal et aussi de l'Espagne. La liste risque de s'allonger dans les jours qui suivent et le Comité monétaire et financier international du Conseil des gouverneurs du Fonds monétaire international(FMI) a opportunément relevé lors de sa récente réunion «la subsistance de nombreux problèmes auxquels il faut s'attaquer ensemble». Tout en affirmant au passage que les signes d'affermissement de la reprise économique sont encourageants, le Comité a en particulier appelé à renforcer la réglementation, la surveillance et la résilience des secteurs financiers de la planète. Même son de cloche du coté de l'Asie où l'actualité est aux aguets.
Le FMI a récemment estimé que "le plus grand défi à court terme "des économies asiatiques est d'arriver à "normaliser leurs politiques fiscale et monétaire", pour éviter une surchauffe, sans mettre en danger leur reprise.


FMI: Affermissement de la reprise économique mondiale
La situation de l'économie mondiale a été au centre de la dernière réunion du Comité monétaire et financier international du Conseil des gouverneurs du Fonds monétaire international(FMI) qui a relevé des signes d'affermissement de la reprise économique qui sont encourageants, mais, a-t-il ajouté, il subsiste de nombreux problèmes auxquels il faut s'attaquer ensemble. Ledit Comité ajoute notamment «Nous continuerons d'œuvrer pour aider chaque pays à mettre progressivement fin aux mesures de relance, en tenant compte du rythme variable de la reprise et des effets de contagion éventuels d'un pays et d'une région à l'autre. Nous restons fermement déterminés à mener des politiques économiques qui sont compatibles dans leur ensemble avec les objectifs que nous poursuivons, à savoir une économie mondiale équilibrée et stable, un redémarrage de la création d'emplois et la stabilité des prix, et à éviter le protectionnisme sous toutes ses formes. Nous avons aussi la ferme intention d'assurer la viabilité des finances publiques et de remédier aux risques afférents à la dette souveraine. Nous appelons le FMI à continuer de renforcer sa surveillance de l'évolution économique et financière mondiale et de remplir sa mission de conseil. Nous nous félicitons du soutien que le FMI apporte au Processus d'évaluation mutuelle du G-20, qui devrait mettre les pays membres sur la voie d'une croissance vigoureuse, durable et équilibrée».
Secteur financier: Appel pour renforcer la réglementation, la surveillance et la résilience des secteurs financiers
Le Comité monétaire et financier international du Conseil des gouverneurs du FMI souligne également que les problèmes du secteur financier étaient au cœur de la crise récente. Il reste essentiel de renforcer la réglementation, la surveillance et la résilience des secteurs financiers. Le Comité appelle à redoubler d'efforts pour définir une démarche concertée et cohérente afin de mettre en place un système financier mondial stable qui soit capable de soutenir la reprise économique. Ses membres ont indiqué attendre «avec intérêt le rapport sur les progrès accomplis et les priorités dans ce domaine. Nous attendons aussi avec intérêt que soit mené à bien, dans le cadre du Programme d'évaluation du secteur financier, l'examen des pays dont le système financier a une importance systémique. Nous sommes favorables à la poursuite des efforts déployés pour recenser les risques systémiques et leurs circuits de transmission, et nous prendrons connaissance avec intérêt du rapport sur les mesures visant à corriger les insuffisances des données; nous sommes aussi favorables à ce que soit explorée la possibilité d'établir, sur la base d'une vaste consultation, une norme de diffusion des données financières à caractère volontaire, en tenant dûment compte de la situation particulière des différents pays». Le Comité a en outre indiqué qu'il examinera avec intérêt les résultats des travaux du FMI sur les différents moyens de faire en sorte que le secteur financier contribue de façon équitable et substantielle au financement du soutien extraordinaire apporté par les pouvoirs publics, tout en limitant la prise de risques excessifs, en aidant à promouvoir des conditions d'égalité et en tenant dûment compte de la situation particulière des différents pays.
Chine: La Banque centrale relève le taux de réserve des banques
Du côté chinois, l'actualité monétaire est dominée par la décision de la Banque centrale chinoise de limiter la surchauffe de l'économie, ordonnant le 3 mai courant à la plupart des banques commerciales du pays de relever le niveau de leurs réserves de 0,5%. Ce niveau sera de 14% pour les petits établissements financiers et de 17% pour les grandes banques. C'est la troisième fois que la Banque Populaire de Chine relève ces réserves cette année. La décision est vue comme un prélude à la hausse des taux d'intérêt, très attendue en 2010, mais elle est aussi un moyen de retarder cette relève des taux en resserrant la vis sur les crédits via la proportion des réserves obligatoires. Cette mesure sera effective au 10 mai. De toute évidence, le gouvernement cherche à donner un coup de frein, alors que les inquiétudes sur la surchauffe et l'apparition de bulles notamment dans l'immobilier gonflées par les facilités d'emprunt refont surface. La plupart des analystes restent confiants sur la capacité du gouvernement à enrayer la surchauffe, mais quelques uns tirent la sonnette d'alarme.
Change: une démarche progressive
Sur le plan change, la Chine a réaffirmé sa réticence à laisser le yuan s'apprécier fortement après avoir annoncé un nouveau relèvement des réserves obligatoires des banques. Le ministre chinois des Finances, Xie Xuren, a clairement annoncé que la troisième économie mondiale s'en tiendrait à sa politique de réformer progressivement son mécanisme de change malgré son différend avec les Etats-Unis, déclarant en substance : "Nous continuerons à promouvoir le perfectionnement du mécanisme de formation du taux de change du yuan et à maintenir le taux de change du yuan à un niveau raisonnable et équilibré". Il a au passage indiqué que la valeur du yuan, n'était pas la cause principale de l'excédent commercial chinois et qu'un yuan stable avait aidé l'économie mondiale à sortir de la crise. "On ne peut vraiment pas citer l'excédent commercial chinois comme une excuse pour demander à la Chine de laisser le yuan s'apprécier", a-t-il ajouté après l'annonce par la banque centrale d'un nouveau relèvement des réserves des banques. Soulignant la nature technique de cette décision de la Banque centrale chinoise dimanche, Xie Xuren a indiqué que la Chine voulait maintenir la "politique monétaire accommodante" adoptée fin 2008 au plus fort de la crise financière internationale. "Nous ne pensons pas que les fondements de la reprise économique soient très solides, c'est pourquoi nous avons décidé de continuer à mettre en oeuvre une politique fiscale proactive et une politique monétaire modérément accommodante cette année, a-t-il enfin affirmé.
Japon: la déflation préoccupe
Au pays du soleil levant, l'actualité monétaire a enregistré la révision à la hausse de la Banque du Japon (BoJ) de ses prévisions en matière de prix à la consommation, anticipant désormais une légère inflation pour l'exercice 2011-2012 contre une baisse des prix lors de sa précédente estimation. Dans son rapport semestriel résumant ses prévisions économiques, la Banque centrale japonaise a maintenu inchangée, pour l'exercice en cours qui se terminera le 31 mars 2011, sa prévision d'une baisse des prix à la consommation de 0,5%. Ces prévisions ne sont guère susceptibles de relâcher la pression exercée par le gouvernement japonais sur la Banque du Japon pour qu'elle combatte le phénomène de déflation, déjà à l'oeuvre depuis 13 mois au Japon. La Banque du Japon, qui a revu en hausse sa prévision du produit intérieur brut pour cette année, de 1,3% à 1,8%, publie des prévisions à long terme deux fois par an, en avril et en octobre.

Un soutien inconditionnel
De toute évidence, la Banque du Japon veut soutenir l'économie par la liquidité. En effet, la BoJ a conservé un objectif de 0,1% pour le taux au jour et le gouverneur a chargé le personnel d'examiner les moyens de renforcer les fondations de la croissance économique par l'intermédiaire des banques et des apports de liquidité. Le communiqué n'en dit guère plus mais certains professionnels des marchés se demandent si la BoJ ne veut pas faire baisser le taux interbancaire, qui est resté relativement élevé. Le gouverneur a déclaré lui-même qu'il ne voyait pas la nécessité d'un nouvel assouplissement monétaire pour l'instant, jugeant que les retombées de la politique de taux très bas produisaient de plus en plus leurs effets. "Cela soutiendra une reprise autonome de la demande intérieure", a-t-il dit, ajoutant qu'il n'avait pas en tête, à l'heure actuelle, d'idée particulière sur de nouvelles mesures de soutien à la croissance. "Il semble que la Banque du Japon pense à une nouvelle forme d'opération sur le marché ou à modifier ses instruments de liquidité pour faire baisser les échéances longues de la courbe des rendements. Je ne crois pas qu'elle songe à étendre son opération d'apport de liquidité adoptée en décembre", commente un analyste. Pourtant, le gouverneur de la BoJ a aussi déclaré que le gouvernement n'avait pas fait de demande particulière en vue de nouvelles mesures de soutien à la croissance. Même si l'institut d'émission est indépendant du gouvernement, ses statuts stipulent qu'il doit communiquer avec lui pour que sa politique monétaire soit en conformité avec la politique générale du pays.

Zone euro: l'inflation accélère
Dans la zone euro, l'inflation s'est légèrement accélérée en avril mais elle reste nettement inférieure à l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE), ce qui devrait permettre à cette dernière de laisser ses taux d'intérêt inchangés jusqu'à l'an prochain. Les prix à la consommation dans les 16 pays de la zone euro ont augmenté de 1,5% sur un an, contre +1,4% en mars, a annoncé Eurostat. La première estimation de l'inflation ne comprend ni données détaillées, ni variation par rapport au mois précédent et les statistiques détaillées seront publiées le 18 mai. En mars, l'inflation avait été alimentée notamment par l'augmentation des prix des produits énergétiques. La BCE se fixe pour objectif de contenir l'inflation légèrement en dessous de 2% à moyen terme. Les économistes prévoient que la banque centrale ne touchera pas à ses taux avant l'an prochain et son principal taux reste fixé à 1%, son plus bas niveau historique.

Forte hausse de l'activité manufacturière
Sur la sphère réelle, l'activité manufacturière s'est redressée encore un peu plus que prévu en avril dans la zone euro, à son plus haut niveau depuis près de quatre ans, selon la dernière estimation de l'indice PMI pour ce secteur publiée le 3 mai courant. L'indice PMI manufacturier, qui synthétise l'activité dans le secteur, est monté en avril à 57,6 points après 56,6 points en mars, a indiqué la société Markit qui le publie. Elle a revu légèrement en hausse sa première estimation faite le 22 avril, et qui donnait un indice à 57,5 points. L'indice PMI manufacturier se situe pour le septième mois consécutif au-dessus du seuil de 50 points, qui indique une progression de l'activité. Il est tiré par une forte croissance de la production manufacturière, la plus importante depuis près de dix ans en juin 2000, malgré une nouvelle contraction en Grèce. L'indice "indique une croissance de la production manufacturière avoisinant les deux chiffres, la progression tirée par les exportations atteignant un taux record en Allemagne et se poursuivant dans de nombreux pays", a souligné le chef économiste chez Markit. "Des signes particulièrement encourageants d'accélération de la croissance apparaissent en Irlande ou en Espagne, mais en parallèle, les difficultés de la Grèce s'accroissent de nouveau", ajoute-t-il. La production a enregistré ses meilleurs taux historiques de croissance en Allemagne et en Autriche et elle a augmenté également en France, en Irlande, aux Pays-Bas, en Italie et en Espagne. En revanche, la Grèce est le seul pays à enregistrer une contraction, mais moins forte qu'en mars.

Grèce: Le soutien colossal de l'UE et du FMI
Opportunément, l'actualité du coté de la Grèce a bénéficié de l'accord d'aide de l'Union Européenne (UE) et du FMI et le pays va enfin pouvoir profiter d'un plan de sauvetage de 110 milliards d'euros, niveau sans précédent dans le monde par son ampleur, en contrepartie d'une cure d'austérité impliquant de douloureux sacrifices pour la population dans les années à venir. Ces premiers prêts arriveront «à temps» pour permettre à la Grèce d'honorer l'échéance du 19 mai, jour où elle doit rembourser 9 milliards, selon une source gouvernementale. Un accord sur le versement de cette enveloppe a été conclu le 2 mai courant à Bruxelles pendant une réunion des ministres des Finances de la zone euro. «Nous avons décidé aujourd'hui d'activer le plan de soutien» en faveur de la Grèce, a déclaré leur chef de file Jean-Claude Juncker. «Le programme financier met 110 milliards d'euros à disposition de la Grèce sur trois ans pour lui permettre de faire face à ses obligations, les Etats de la zone euro contribuant à hauteur de 80 milliards d'euros, dont 30 milliards d'euros au cours de la première année» 2010, à un taux moyen de 5%, a-t-il ajouté. L'instance dirigeante du FMI doit encore approuver officiellement sa participation de 30 milliards d'euros «dans la semaine», a annoncé son directeur général, Dominique Strauss-Kahn, mais son feu vert ne fait aucun doute.
Un sommet extraordinaire
Cette enveloppe vise à éviter la banqueroute à la Grèce, confrontée à une dette colossale de plus de 300 milliards d'euros et dans l'incapacité aujourd'hui d'emprunter sur les marchés financiers qui exigent d'elle des taux d'intérêt trop élevés d'environ 9%. Les chefs d'Etat ou de gouvernement de la zone euro ont encore décidé de se réunir en sommet extraordinaire vendredi 7 mai à Bruxelles «pour boucler la procédure» et «tirer les premières leçons» de la crise, selon un communiqué, mais ils ne reviendront pas sur le feu vert donné par leurs ministres, a assuré Juncker. Ils devraient concentrer leurs débats sur les moyens de renforcer la discipline budgétaire dans la zone euro à l'avenir. Le plan de sauvetage international est d'un montant «sans précédent au niveau mondial», a déclaré le 2 mai le Premier ministre grec Georges Papandréou. Il dépasse les programmes mis sur pied dans le passé pour l'Argentine, le Mexique ou pendant la crise asiatique à la fin des années 1990. Il est vrai, l'Europe a traîné des pieds, mais elle n'avait plus le choix pour éviter la faillite à la Grèce, emportée dans une tourmente financière depuis le début de l'année après avoir maquillé l'ampleur réelle de ses déficits. Il s'agit aussi pour elle d'empêcher une contagion de la crise, au Portugal ou à l'Espagne notamment, qui ferait vaciller toute la zone euro.
Marchés financiers: les risques de contagion
La situation chaotique a inévitablement influé les marchés financiers et le CAC 40 et les marchés en Europe ont vécu encore une journée noire le 4 mai courant: à la clôture, l'indice parisien affiche un recul de 3,58 % et passe sous le seuil des 3.700 points à 3.691 points, dans un marché avec un volume d'affaires de plus de 4,3 milliards. Après avoir été fermée le 3 mai pour cause de jour férié, la Bourse de Londres affiche, quant à elle, une baisse de 2,56%. Le Dax 30 de la Bourse de Francfort recule pour sa part de 2,6 %. Les marchés asiatiques ont clôturé en ordre dispersé et la Bourse de Tokyo est fermée pour cause de jour férié. Les marchés sont très nerveux. Ils craignent un effet contagion de la crise grecque à d'autres pays de la zone euro. En ligne de mire ce 4 mai, l'Espagne. Des traders évoquent sur les marchés des rumeurs selon lesquelles certaines agences de notation, moody's et Fitch, seraient sur le point de dégrader la note de la dette de l'Espagne, ou bien que le pays serait sur le point de demander une aide financière au FMI. La rumeur de marché selon laquelle l'Espagne serait amenée rapidement à faire appel à la solidarité européenne pour faire face à la difficile situation de ses finances publiques est «folle» et sans fondement, a déclaré le Premier ministre espagnol. «On m'a informé de cette rumeur d'une demande d'aide prochaine. Elle est sans aucun fondement, c'est une folie», a déclaré José Luis Zapatero. Ces rumeurs «sont intolérables et seront combattues», a-t-il ajouté. De son côté, le FMI a assuré en fin de journée qu'il n'y avait «aucune vérité» dans les rumeurs qui ont fait chuter les Bourses européennes et américaines, selon lesquelles l'Espagne serait acculée à demander une aide internationale pour faire face à une crise de la dette, sur le modèle grec. En attendant, ces rumeurs font fuir les investisseurs de la Bourse de Madrid qui a perdu plus de 5,4%. Dans son sillage, à Athènes, l'indice FTSE/ASE 20 dégringole également de 6%. A Milan, l'indice perd 4,70%.
Asie: le FMI met en garde contre une surchauffe
Du coté de l'Asie, l'actualité est aux aguets et le FMI a récemment estimé que "le plus grand défi à court terme "des économies asiatiques est d'arriver à "normaliser leurs politiques fiscale et monétaire", pour éviter une surchauffe, sans mettre en danger leur reprise. Opportunément, dans ses dernières perspectives économiques semestrielles pour la région, l'institution internationale souligne que l'Asie, moteur de la relance économique mondiale, demeure "hautement vulnérable à une reprise plus lente que prévu dans les pays avancés "mais aussi à "des entrées de capitaux rapides et prolongées qui pourraient bouleverser la stabilité financière et macroéconomique"de certains pays. "De meilleures perspectives économiques et des écarts s'accroissant de taux d'intérêt avec les économies avancées sont susceptibles d'attirer davantage de capitaux dans la région", indique le Fonds qui a revu à la hausse de 1,25 point depuis octobre ses prévisions de croissance pour l'Asie, à 7,1% cette année. "Cela pourrait mener à la surchauffe de certaines économies et accroître leur vulnérabilité au boom du crédit et des prix d'actifs, avec le risque, par la suite, de renversement abrupt", explique-t-il. Le rapport souligne que "les attentes d'inflation se sont accentuées début 2010"dans beaucoup de pays de la région, et particulièrement en Inde et au Vietnam."Des signes qu'une liquidité excessive sont peut-être en train d'alimenter des élans intenables dans les prix d'actifs exigent un retour plus rapide à des conditions monétaires plus normales", ajoute le FMI. Le Fonds souligne, par ailleurs, que la relance en Asie a, cette fois, été moins liée aux exportations que lors de précédentes récessions, ayant été renforcée par une demande intérieure soutenue. Il estime, néanmoins, que la dépendance de la région à la demande extérieure reste trop forte dans l'ensemble.

USA: la consommation, moteur de la croissance
Sous le ciel américain, la conjoncture économique semble s'améliorer. En effet, les principaux ressorts de la croissance du PIB américain au premier trimestre, qui s'est établi à 3,2 % selon une première estimation publiée le 3 mai courant, ont été la consommation des ménages et les investissements des entreprises. C'est le troisième trimestre consécutif de hausse du PIB enregistré aux Etats-Unis qui se remettent de la plus forte et la plus longue récession depuis les années 30. Les Américains consomment à nouveau et de plus en plus et leurs dépenses sont en hausse de 3,6 % au premier trimestre, un niveau jamais atteint depuis trois ans et qui est sensiblement supérieur au quatrième trimestre 2009 (+1,6%). Même s'ils restent inquiets sur les perspectives de l'économie, les déficits budgétaires et le taux du chômage, ils sont désormais moins rétifs à utiliser des ressources rendues disponibles par l'abaissement de leur niveau d'endettement et les baisses d'impôts. Les entreprises ont, elles aussi, contribué en investissant davantage en équipement et logiciel (+13,4 %) et en reconstituant leurs stocks même si l'effet est moins fort que le trimestre précédent (+1,6 %contre 3,8% au 4ème trimestre 2009). Pour la première fois depuis longtemps, ce n'est pas la décélération de la réduction des stocks qui a joué sur le PIB, avec un recul de 139,2 milliards au troisième trimestre 2009, puis de 19,7 milliards au quatrième. Passées à une autre phase, les entreprises ont accru les stocks de 31,1 milliards de dollars sur les trois premiers mois de 2010, ce qui a compté pour la moitié de la croissance du PIB ce trimestre. La croissance reste malgré tout modérée en ce début d'année et elle est inférieure au fort rebond du quatrième trimestre (+5,6%). Cela s'explique notamment par un recul des dépenses publiques et par un ralentissement des exportations. En rythme annualisé, les Etats ont réduit leurs dépenses de 3,8%. «Cette tendance est inquiétante et les pouvoirs publics locaux ont de plus en plus de difficultés alors que les aides du plan de relance fiscal sont en train de s'assécher», constate un analyste. L'Etat fédéral a augmenté ses dépenses de 1,4% sur la période alors qu'elles étaient restées stables le trimestre précédent. La croissance des exportations, comme des importations, a été bien moins remarquable que le trimestre précédent (5,8% contre 22,8% pour l'export et 8,9% contre15,8% pour l'import). La hausse des importations est portée par la demande intérieure. Enfin, les rigueurs de l'hiver ont eu un impact sur la construction résidentielle, qui s'est contractée de 10,9%. «Jusqu'à présent, cette reprise est accompagnée par une désinflation»,observe un économiste qui ajoute que l'inflation de base n'a été que de 0,6% au premier trimestre alors qu'elle avait atteint 1,8% au quatrième trimestre. «Tout cela est la confirmation que l'économie n'est plus en récession et qu'elle entre dans une phase de croissance modérée soutenue»,estime-t-il. Les prévisions pour l'année oscillent entre 2,5% et 3,5%.


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