En cette soirée du mercredi 13 août, qui coïncidait avec la Fête nationale de la femme tunisienne, la 59e édition du Festival International de Hammamet s'est achevée sur une note à la fois élégante et militante, signée par la voix profonde et sincère de la chanteuse tunisienne Nabiha Karaouli. Fidèle à ses racines musicales et à ses convictions, l'artiste a offert à un public conquis un spectacle dédié à la femme, à la liberté et à la dignité, transformant la scène en une tribune artistique contre la violence et le silence imposé. Un concert en hommage à la femme et à la patrie Dès les premières notes de « Metchaouqa », chanson symbolisant son impatience de retrouver la scène mythique de Hammamet et son public qu'elle qualifie de « sincère », Nabiha Karaouli a entraîné les spectateurs dans un voyage musical alternant entre amour et révolte, émotion intime et message collectif. Les morceaux populaires comme « Kan Qalbi Yetaoua'ni », « Mahlaha » ou encore « Idha Habouk Ertaah » ont côtoyé des chansons plus profondes telles que « Makoua Houak », « Layam Welmektoub » et la reprise algérienne « El Mermadha ». Le moment fort de la soirée fut sans conteste l'interprétation de » Mabrouka Tetbarra », hymne de la campagne nationale contre la violence faite aux femmes. En transformant le refrain en « Mabrouka Tetjalla » – symbole du passage de l'ombre à la lumière – l'artiste et son public ont uni leurs voix dans un cri libérateur. Sur l'écran géant, le numéro vert 1899 s'est affiché, rappelant aux femmes victimes de violence qu'un soutien existe. L'engagement au cœur du répertoire La dimension militante de la soirée s'est également exprimée à travers une vibrante interprétation de « Asbaha indi Al Ana Boundoukiya », en hommage à la Palestine. Dans la conférence de presse qui a suivi, Nabiha Karaouli a expliqué avoir longuement hésité sur le choix du titre avant d'opter pour cette chanson, la jugeant en parfaite résonance avec les injustices actuelles et la situation du peuple palestinien. « Le monde traverse des vagues d'ombre et d'errance, et la Palestine incarne la conscience de ce monde », a-t-elle affirmé. Une artiste fidèle à Hammamet Attachée au théâtre de Hammamet qu'elle décrit comme un espace à part, l'artiste originaire de Gafsa et diplômée en chant tunisien à l'Institut supérieur de musique, a expliqué avoir refusé d'autres propositions pour privilégier ce lieu qui « parle à [son] cœur ». De El Nawara El Achika à Zakharef Arabia et Ennejaa', Nabiha Karaouli a su, au fil de sa carrière, conjuguer authenticité et modernité, engagement artistique et appartenance humaine. « L'art n'est pas qu'un divertissement, c'est un message. L'artiste doit apporter quelque chose d'utile à la société. Protéger la dignité des femmes, c'est protéger la famille et donc la société tout entière », a-t-elle déclaré. Elle a également évoqué ses débuts dans la chanson engagée aux côtés du cheikh Imam, dont les textes l'ont profondément marquée. Une clôture à l'image du festival Sous le slogan Nabdh Moutawassil (« Battement continu »), la 59e édition du Festival International de Hammamet (11 juillet – 13 août 2025) s'est achevée avec 36 représentations réparties sur 33 soirées, mêlant musique, théâtre et danse. Quatorze pays étaient représentés, dont la Tunisie, la Palestine, l'Algérie, le Maroc, la Syrie, le Liban, le Soudan, la Jordanie, le Mali, les Etats-Unis, la France, l'Italie, l'Espagne et la Colombie, faisant de la scène de Hammamet un véritable carrefour des cultures et des valeurs universelles. Dans un souffle mêlant élégance et engagement, Nabiha Karaouli a offert à cette édition sa conclusion idéale : un hommage à la femme tunisienne libre, cultivée, créative et résistante, laissant résonner dans les mémoires la puissance d'une voix qui chante pour dire, émouvoir et éveiller les consciences. Source : TAP Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!