Les Etats-Unis ont révoqué plus de 6 000 visas d'étudiants étrangers, une mesure qui s'inscrit dans le cadre du durcissement des règles migratoires imposées par l'administration Trump. Selon un responsable du département d'Etat cité anonymement, la principale raison invoquée est le « dépassement de la durée de séjour autorisée et violation de la loi ». Des motifs variés mais contestés D'après les précisions fournies, près de 4 000 visas ont été annulés pour des infractions telles que des agressions, des conduites en état d'ivresse (DUI), des cambriolages, et dans 200 à 300 cas pour soutien au terrorisme. À cette justification sécuritaire s'ajoute une dimension politique. Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a reconnu avoir également ciblé des étudiants étrangers impliqués dans des manifestations contre l'offensive israélienne à Gaza, déclarant en mars dernier : « Chaque fois que je trouve l'un de ces fous, je leur retire leur visa ». Depuis son arrivée à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump avait signé un décret appelant à un contrôle renforcé des entrées afin d'écarter toute personne jugée hostile aux « citoyens, à la culture, aux institutions et aux principes fondateurs » des Etats-Unis. Cette ligne dure s'est traduite par une multiplication des révocations et par des conflits ouverts avec certaines universités américaines soupçonnées de contrevenir aux intérêts de la politique étrangère. Les étudiants chinois et indiens en première ligne Sans publier de chiffres officiels, le département d'Etat a indiqué que Marco Rubio avait manifesté une volonté particulière de viser les étudiants chinois. Des rapports font également état d'une forte proportion d'étudiants indiens touchés. Ces deux pays représentent ensemble plus de la moitié des étudiants internationaux aux Etats-Unis, ce qui explique l'impact direct de cette mesure sur leurs communautés académiques. Des conséquences lourdes Pour les étudiants étrangers * Des milliers d'entre eux se retrouvent expulsés en plein cursus, avec des investissements académiques et financiers perdus (frais annuels de 20 000 à 60 000 dollars). * Beaucoup dénoncent une stigmatisation injuste, craignant d'être assimilés à des menaces sécuritaires en raison de leur nationalité. Pour les universités américaines * Les établissements risquent une perte économique considérable : les étudiants étrangers contribuent à plus de 32 milliards de dollars par an à l'économie américaine, selon NAFSA. * Le climat d'incertitude pourrait dissuader de futurs candidats, au profit de destinations comme le Canada, le Royaume-Uni, l'Australie ou la France. * Les programmes scientifiques et technologiques (STEM), où les étrangers représentent parfois 50 % des doctorants, sont particulièrement menacés. Pour la diplomatie américaine * La décision accroît les tensions avec la Chine et l'Inde, qui pourraient renforcer leurs propres systèmes universitaires et réduire leurs liens académiques avec les Etats-Unis. * Elle érode le soft power américain, en limitant la capacité du pays à former des élites étrangères qui, autrefois, contribuaient à son rayonnement culturel et politique. Vives réactions * Les étudiants concernés parlent d'un sentiment de « trahison », après des années d'efforts et de dépenses. * Les associations étudiantes américaines dénoncent une décision « arbitraire » qui ne fait pas de distinction entre délinquance réelle et militantisme pacifique. * Plusieurs universités prestigieuses, dont des membres de l'Ivy League, s'inquiètent des répercussions sur la recherche et la diversité académique. * Les communautés chinoise et indienne aux Etats-Unis s'organisent pour contester la mesure, qu'elles jugent discriminatoire. Une image ternie La révocation de 6 000 visas étudiants dépasse le cadre administratif. Elle révèle une réorientation politique vers un contrôle migratoire strict, qui remet en cause l'image d'ouverture et d'attractivité des Etats-Unis. Dans un contexte de rivalités géopolitiques, ce durcissement pourrait transformer durablement la carte mondiale de l'éducation supérieure, au détriment de la première puissance universitaire mondiale. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!