La décision des Etats-Unis d'imposer de nouvelles sanctions à des magistrats de la Cour pénale internationale (CPI) suscite de vives réactions sur la scène internationale. Paris a exprimé ce mercredi 20 août sa « consternation », alors que l'un de ses ressortissants figure parmi les juges visés, tandis qu'Israël a salué une « action décisive ». Des sanctions ciblant quatre magistrats internationaux Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a annoncé que quatre personnalités de la CPI étaient désormais sanctionnées : Kimberly Prost (Canada), Nicolas Guillou (France), Nazhat Shameem Khan (Fidji) et Mame Mandiaye Niang (Sénégal). Ils sont accusés d'avoir participé directement aux enquêtes et poursuites visant des ressortissants américains et israéliens « sans leur consentement ». Les mesures consistent en une interdiction d'entrée sur le sol américain, le gel de leurs avoirs aux Etats-Unis et l'interdiction de toute transaction financière avec eux. Ces sanctions s'ajoutent à une série de mesures prises ces derniers mois : en juin, quatre autres magistrates avaient déjà été visées, et en février, le procureur Karim Khan avait lui aussi été sanctionné. Paris exprime sa consternation La France a vivement réagi par la voix de son ministère des Affaires étrangères, dénonçant des sanctions « contraires au principe d'indépendance de la justice ». Elle a exprimé sa solidarité avec les magistrats concernés, en particulier le juge français Nicolas Guillou. Pour Washington, en revanche, la CPI souffrirait d'une « politisation » et représenterait une « menace pour la sécurité nationale », ayant été utilisée comme un instrument de guerre juridique contre les Etats-Unis et Israël. Israël se félicite de la décision De son côté, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a félicité Marco Rubio, estimant qu'il s'agissait d'« une action décisive contre la campagne de diffamation et de mensonges visant Israël ». Netanyahou, visé depuis novembre 2024 par un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans la bande de Gaza, considère que ces sanctions renforcent sa position face aux accusations internationales. Les Etats-Unis contestent notamment les enquêtes de la CPI sur les crimes présumés commis par leurs soldats en Afghanistan ainsi que les poursuites engagées contre Israël. Une remise en cause de l'ordre international issu de 1945 Au-delà du bras de fer diplomatique, cette décision illustre la volonté américaine de délégitimer la justice internationale dès lors qu'elle met en cause ses intérêts ou ceux de ses alliés. Alors que la CPI cherche à enquêter sur des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, la réponse de Washington démontre l'usage de la puissance brute pour entraver un mécanisme créé justement pour éviter la répétition des atrocités du XXe siècle. En soutenant Israël face aux accusations de génocide et en ciblant les magistrats chargés d'appliquer le droit international, les Etats-Unis envoient un signal inquiétant : celui d'une justice mondiale affaiblie par la loi du plus fort. Une position qui heurte les valeurs universelles d'humanité et de dignité, établies après la Seconde Guerre mondiale pour protéger les peuples contre les excès de la brutalité et de l'impunité. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!