Depuis le début de l'année 2025, l'Allemagne est confrontée à une menace persistante qui met en lumière ses fragilités sécuritaires : le survol répété de drones espions soupçonnés d'être russes, au-dessus de corridors stratégiques servant à l'acheminement d'aide militaire vers l'Ukraine. Plus de 530 observations ont été recensées rien qu'au premier trimestre, essentiellement dans l'est du pays, confirmant une escalade déjà perceptible en 2024, lorsque des drones avaient survolé la base américaine de Ramstein et des installations industrielles sensibles. Une armée aux mains liées Face à ces intrusions, la Bundeswehr (l'armée nationale de la République fédérale d'Allemagne) reste pratiquement impuissante. Le cadre légal allemand interdit encore à l'armée d'abattre ou d'endommager un drone dans l'espace aérien national, sauf cas exceptionnels. Les forces ne peuvent que recourir à des manœuvres de diversion, des tirs d'avertissement ou au brouillage électronique — des méthodes aux résultats aléatoires. Concrètement, Berlin observe les drones, mais ne les neutralise pas. Cette situation révèle une contradiction : une puissance européenne centrale, membre de l'OTAN, se retrouve spectatrice d'incursions qui visent directement ses lignes logistiques. Le gouvernement d'Olaf Scholz a bien introduit un projet de loi autorisant la destruction des drones menaçants, mais celui-ci est encore en attente d'approbation au Bundestag. En attendant, l'Allemagne reste juridiquement paralysée. Vigilance sans riposte, Moscou nie, Berlin temporise Berlin a lancé des enquêtes dans plusieurs Länder et intensifié la coopération entre les services de renseignement. Une campagne nationale met en garde les citoyens contre le risque d'être manipulés comme « agents jetables » par des puissances étrangères. Mais derrière ces signaux d'alerte, les mesures concrètes manquent : aucune interception armée n'a été annoncée, et aucune réaction ferme n'a été signalée. Pour les observateurs, cette retenue n'est pas seulement liée à des contraintes légales, mais aussi à une hésitation politique. Tirer sur un drone identifié comme russe serait interprété comme un acte hostile direct, un seuil que Berlin semble peu disposé à franchir, malgré les inquiétudes de ses partenaires européens. Le Kremlin, fidèle à sa ligne, dément toute implication et dénonce des accusations de « désinformation ». De son côté, Berlin se contente de promesses d'enquêtes et de projets de lois. Le contraste est frappant : alors que la Russie nie et avance, l'Allemagne observe et retarde sa riposte. Une guerre hybride qui expose l'Europe Ces survols ne sont pas de simples incidents aériens : ils s'inscrivent dans une stratégie de guerre hybride où espionnage, intimidation et propagande se mélangent. L'incapacité de l'Allemagne à agir nourrit l'image d'un pays vulnérable, malgré son poids économique et militaire en Europe. L'enjeu dépasse largement ses frontières : il s'agit de savoir si l'Europe peut protéger ses routes logistiques, et surtout si Berlin est prête à assumer le coût politique et militaire d'une confrontation directe avec Moscou. Pour l'instant, la réponse semble claire : les drones russes volent, et l'Allemagne regarde. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!