Les dernières statistiques de l'Institut national de la statistique (INS) confirment un net repli de plusieurs indicateurs démographiques en Tunisie. Selon le bulletin mensuel de juillet, le nombre de contrats de mariage a reculé d'environ 10 % en 2024 par rapport à 2023 : 70 942 unions enregistrées contre 78 115 l'année précédente, soit 7 173 mariages de moins (–9,2 %). La natalité suit la même trajectoire. Les naissances vivantes sont passées de 147 242 en 2023 à 133 322 en 2024, soit une baisse de 13 920 naissances (–9,5 %). Cette tendance prolonge le reflux engagé ces dernières années, sous l'effet combiné de facteurs socio-économiques et culturels : évolution des modèles matrimoniaux, report de l'âge de la première grossesse, contraintes budgétaires des ménages et priorités professionnelles et résidentielles. Parallèlement, le Recensement général de la population et de l'habitat 2024 établit le taux de fécondité à 1,7 enfant par femme, en deçà du seuil de remplacement des générations (2,1). Le taux de croissance démographique annuel a, lui, reculé à 0,87 % sur la période 2014-2024, plus bas niveau depuis l'indépendance. Des effets structurels déjà visibles. Le cumul de ces évolutions modifie la pyramide des âges : la proportion de personnes âgées augmente tandis que la base (enfants et jeunes) se rétrécit. À court et moyen termes, cela pose des défis multiples : tensions sur le marché du travail (moindre renouvellement des actifs), pression accrue sur les régimes de protection sociale et de retraite, besoins de santé spécifiques liés au vieillissement, et ajustements à prévoir dans les politiques d'éducation, de formation et de services sociaux. Quels leviers de réponse ? Des démographes alertent : sans politiques publiques coordonnées, la poursuite de la baisse des mariages, des naissances et de la fécondité pourrait accélérer le vieillissement et fragiliser la soutenabilité des systèmes nationaux. Parmi les pistes avancées figurent : * des incitations familiales ciblées (garde d'enfants, logement, fiscalité) ; * la conciliation vie professionnelle-familiale (services de proximité, congés, horaires souples) ; * l'amélioration de l'accès à l'emploi et du pouvoir d'achat des jeunes ménages ; * une politique territoriale réduisant les disparités régionales dans l'accès aux services ; * la montée en compétences et l'adaptation des filières de formation aux besoins d'une économie plus productive ; * une planification sanitaire anticipant la hausse des pathologies liées à l'âge. En bref, l'année 2024 marque un tournant démographique : moins de mariages (–9,2 %), moins de naissances (–9,5 %), une fécondité à 1,7 et une croissance à 0,87 %. L'enjeu, désormais, consiste à stabiliser l'équilibre intergénérationnel en combinant soutien aux familles, inclusion des jeunes et réforme de la protection sociale, afin de préserver le dynamisme économique et la cohésion sociale. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!