Chronique d'une condamnation annoncée, après d'autres batailles judiciaires perdues… Avec tout ce qui lui pendait aux basques dans l'affaire du financement libyen l'ancien président Nicolas Sarkozy pouvait difficilement échapper à une peine de prison ferme. Il a esquivé une kyrielle de chefs d'accusation ce jeudi 25 septembre mais est finalement tombé pour association de malfaiteurs. Une condamnation infamante pour un ancien chef d'Etat. On dira que cette sentence règle le lourd passif de Sarkozy avec feu le Guide libyen Mouammar Kadhafi, dont Paris a précipité la fin tragique. 5 ans de prison, avec mandat de dépôt à effet différé, c'est moins que les 7 ans requis par les procureurs en mars 2025 mais tout de même. La procédure d'appel que l'ancien a lancée ne le sauvera pas de la case prison. «Le mandat de dépôt à effet différé» permet juste à Sarkozy de ne pas être conduit immédiatement vers son lieu de détention. Ce dispositif, qui a été aménagé en 2020, donne un délai d'un mois pour que le condamné soit convoqué par le parquet afin de fixer sa date d'incarcération. Du temps qu'utilisera l'ancien président pour calibrer sa vie professionnelle et personnelle. Reste «l'exécution provisoire» assortie à la peine. Concrètement en dépit de la procédure d'appel Sarkozy sera placé derrière les barreaux pendant que la justice examine son recours. C'est surtout cette décision qui a provoqué le courroux de l'ancien président… A la sortie du tribunal il a pesté devant les médias : «Alors même qu'on connaît mon adresse, qu'on peut me reconnaître dans la rue, que j'ai assumé toutes mes responsabilités, le tribunal prononce l'exécution provisoire pour me voir dormir en prison le plus tôt possible. Je demande aux Français, qu'ils aient voté ou non pour moi, qu'ils me soutiennent ou non, d'apprécier ce qui vient de se passer : la haine n'a donc décidément aucune limite». Mais Sarkozy rassure son monde et de toute façon il n'a guère le choix : il «déférera aux convocations de la justice (…). Et s'ils veulent que je dorme en prison, je dormirai en prison. (…) Sans doute devrais-je comparaître les menottes aux mains devant la cour d'appel»… Bon, il exagère un peu avec cette histoire de menottes aux mains au jugement en appel, sans doute il sur-joue parce qu'il sait que le spectacle de sa déchéance est épié par tout le microcosme, par tous ceux qui ont pris – beaucoup trop – des libertés avec le mandat que leur ont donné les Français. S'il y en a un qui n'a pas loupé une miette de la disgrâce de Sarkozy c'est bien Marine Le Pen. La cheffe de file du Rassemblement national (RN) a été condamnée dans l'affaire des assistants parlementaires à 4 ans de prison, dont 2 ferme sous bracelet électronique et 5 ans d'inéligibilité avec exécution provisoire, la même qui frappe Sarkozy. Si la condamnation de Mme Le Pen est confirmée en appel Adieu l'élection présidentielle de 2027, une sanction ultime pour la favorite de la course, selon tous les sondages. Ce n'est pas pour rien qu'elle a été l'un des premiers à commenter le verdict de l'ancien président. Elle s'insurge contre «la généralisation» de ce type de condamnation, «un grand danger, au regard des grands principes de notre droit, au premier rang desquels se trouve la présomption d'innocence». On a reproché à l'ancien chef d'Etat d'avoir «laissé ses proches» – dont les anciens ministres Claude Guéant et Brice Hortefeux, également condamnés – pactiser avec Kadhafi pour décrocher des fonds pour la campagne électorale de 2007. En l'absence d'éléments matériels étayant les accusations la justice a relaxé tous les prévenus. Donc pas de corruption ni financement illégal… Par contre pour Mme Le Pen les mécanismes de détournement de fonds publics – de l'argent européen – pour arroser le RN et son ancêtre le Front national, du patriarche feu Jean-Marie Le Pen aux cadres du parti, ont été démontrés. Si Sarkozy a été coincé et sévèrement condamné on ne voit pas comment la patronne de l'extrême droite pourrait passer entre les mailles du filet, favorite de la présidentielle ou pas, avec l'appui des présidents Vladimir Poutine et Donald Trump ou pas. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!