Au terme des dernières vingt-quatre heures, le mouvement « GenZ 212 » a poursuivi ses rassemblements dans plusieurs villes du Royaume — Rabat, Casablanca, Tanger, Tétouan et d'autres centres urbains — avec un mot d'ordre réaffirmé : des actions pacifiques, cadrées et visibles. Malgré une présence policière renforcée et des interdictions préfectorales ponctuelles, des sit-in et marches statiques ont pu se tenir, sans incidents majeurs signalés en soirée selon les témoins que nous avons pu contacter. Un mouvement structuré en ligne, présent dans la rue Né et coordonné sur les réseaux, « GenZ 212 » revendique une communauté de plus de 180 000 membres sur Discord. Dans les dernières vingt-quatre heures, les organisateurs ont diffusé des « kits de mobilisation » (consignes de non-violence, horaires, points de ralliement, consignes juridiques de base) et appelé à documenter les rassemblements par des vidéos horodatées pour contrer les rumeurs et éviter tout débordement. Partout, les slogans et pancartes reprennent le triptyque désormais classique : lutte contre la corruption, amélioration de la santé et de l'éducation, accès à l'emploi. Les animateurs du mouvement insistent sur l'égalité des chances, la transparence dans les recrutements publics et l'urgence d'un plan d'inclusion pour les jeunes « NEET » (ni en emploi, ni en études, ni en formation). Aucun nouvel affrontement significatif n'a été recensé au cours de la journée écoulée, contrairement aux nuits de tension du début de la mobilisation. Le passif demeure toutefois lourd : 409 personnes interpellées depuis le déclenchement du mouvement, 193 dossiers déférés devant la justice, la plupart des autres remises en liberté sous caution, et plus de 350 blessés, majoritairement dans les rangs des forces de l'ordre lors des premiers heurts. Le chiffre le plus grave reste celui des trois décès signalés lors d'une tentative d'intrusion dans un poste de gendarmerie près d'Agadir, drame que le collectif rappelle régulièrement pour exiger des enquêtes transparentes. Position des autorités : réitération du cadre légal et main tendue Dans leurs communications des dernières heures, les autorités locales ont reconduit la ligne adoptée depuis une semaine : droit à manifester dans le respect de la loi, interdictions ciblées lorsqu'un risque de trouble est avéré, et appel réitéré au dialogue. Côté exécutif, la main tendue reste conditionnée à des propositions concrètes : priorisation des urgences dans la santé et l'éducation, dispositifs d'insertion professionnelle, lutte contre les pratiques clientélistes. Le mécontentement social s'appuie sur des données structurelles : un chômage des jeunes élevé, un secteur informel qui capte une large part de l'emploi urbain, et des inégalités territoriales marquées entre métropoles privilégiées et villes moyennes ou territoires ruraux. Des experts consultés soulignent le besoin d'un « paquet d'urgence » mêlant programmes d'emploi, accélération des réformes de l'école et de l'hôpital, et garde-fous contre la corruption à tous les niveaux de la chaîne administrative. Et maintenant : cap sur une deuxième semaine déterminante Dans les prochaines quarante-huit heures, le collectif envisage de maintenir des formats courts et pacifiés (chaînes humaines, lectures publiques de doléances, veillées citoyennes), pendant que des juristes bénévoles peaufinent un mémorandum de propositions à transmettre aux autorités. Objectif affiché : convertir l'énergie de la rue en agenda négociable avec un calendrier, des indicateurs et des mécanismes de suivi. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!