Aujourd'hui, c'est le 100ème anniversaire de la Journée internationale des droits de la femme appelée, trop simplement, Journée de la femme. En effet, le 8 mars 1910 à Copenhague (Danemark), une confédération internationale de femmes socialistes ont créé cette journée en vue de servir à la propagande du vote des femmes. Il faut attendre 1977 pour que les Nations unies officialisent cette date ; le droit de vote est déjà un acquis depuis de nombreuses années pour la majorité des femmes, cependant, les attentes des femmes ont évolué au cours de ce siècle de revendication. Certains pays tels le Burkina Faso, le Cambodge, le Laos, la Russie, l'Ukraine, la Moldavie, l'Azerbaïdjan, l'Arménie, l'Ouzbékistan, le Kirghizistan ou le Belarus ont décrété le 8 mars férié. En Tunisie, la fête de la femme tunisienne se déroule le 13 août, date correspondant à la promulgation du Code du statut personnel (13 août 1956). Cette journée est aussi fériée. Une fête pour les femmes ? Les femmes ont-elles encore besoin d'une journée spécifique pour être fêtées ? Cette question est sur de nombreuses lèvres masculines et, parfois, féminines. « La femme est l'avenir de l'homme » disait Aragon. Nous pouvons même affirmer que sans femme, il n'y a pas d'homme puisque c'est elle qui le met au monde. « La maternité est un service rendu à la société » indique Mme Edite Estrela, députée européenne (Portugal). Pourtant, ce service n'est toujours pas reconnu par les différentes sociétés dans le monde. Les mouvements de libération des femmes n'ont pas empêché que l'excision perdure en Afrique, que les inégalités salariales soient toujours de mise partout dans le monde, que de trop nombreuses femmes meurent chaque année sous les coups de leurs compagnons et tant d'autres problèmes. Les femmes africaines et arabes sont parmi les premières à payer un lourd tribu à la domination masculine. Cependant, un certain nombre d'entre elles ont mis en place d'autres moyens pour faire reconnaître leur force et leur différence. Certaines ont réussi à devenir chef d'Etat, d'autres dirigent des partis politiques, etc. La proportion des femmes dans les universités et grandes écoles ne fait qu'augmenter à en devenir souvent majoritaire ! Ce qui démontre que les femmes devraient avoir un avenir décisif dans l'évolution du monde. Les hommes les laisseront-elles faire? Malheureusement, ce sont aussi les femmes qui quittent l'école le plus tôt et sans diplôme ou formation professionnelle. La femme est-elle à la fête tous les jours ? Comme nous venons de le voir, la femme rencontre de nombreuses difficultés dans la vie quotidienne. De plus en plus, elle est amenée à assumer non seulement sa carrière professionnelle mais également les tâches matérielles à la maison (ménage, cuisine, éducation des enfants, etc.). Les mentalités sont certainement ce qu'il y a de plus dur à changer. Il est une époque, pas si lointaine, où les femmes travaillaient aux champs quand les hommes discutaient dans les cafés ! Il est temps que les hommes changent leur approche de la vie commune et commencent à « mettre la main à la pâte ». Le partage des tâches ménagères est l'un des éléments qui pourra permettre à la femme de se libérer. L'éducation qu'elle donne à ses enfants doit donc être adaptée à cette modification fondamentale. La femme tunisienne et la révolution Les Tunisiens des 2 sexes se sont révoltés ensemble contre, tout d'abord, les inégalités sociales mais, également, contre une femme, Leïla Trabelsi, chef d'un clan mafieux. Toutes les Tunisiennes ne sont pas des Leïla Trabelsi, loin d'en faut ! Les Tunisiennes ont activement participé tant aux manifestations qu'en acceptant que leurs père, mari, frère, enfant meurent ou soient blessés durant les évènements. Elles ont, comme toujours, montré leur courage et leur dignité. Elles ont dormi, sous la pluie, place de la Kasbah ou manifesté à la Kouba. Elles ont continué, malgré les difficultés d'approvisionnement et le manque d'argent, à nourrir leur famille. Elles ont assuré leur travail et l'éducation de leurs enfants. Elles sont restées le pilier de la société tunisienne. Certaines participent activement à la nouvelle donne politique au travers des partis politiques. Il est, cependant, malheureux de constater que le pouvoir intérimaire n'ait nommé que 2 femmes au gouvernement provisoire. Elles seront présentes en nombre, espérons-le, au sein du futur parlement. La révolution tunisienne ne doit en aucun cas remettre en cause les droits que la femme a pu acquérir. Elle devra même aller plus loin en lui accordant, par exemple, une meilleure reconnaissance dans son activité professionnelle ainsi que dans ses droits à l'héritage. Elle doit pouvoir également conserver son droit de pensée et de liberté religieuse. Elle se doit d'être un exemple pour toutes les femmes arabes et musulmanes. Des actions citoyennes De nombreuses actions ont eu lieu, de par le monde, pour soutenir les femmes ; que ce soient des manifestations, des groupes de parole ou des activités plus festives. Nous pouvons en citer une en particulier qui met particulièrement la femme en valeur. Il s'agit de la manifestation « United Fashion for Peace » qui se déroulera le 7 mai 2011 à la Women's Tribune d'Essaouira (Maroc). « United Fashion for Peace » a été conçu par Feriel Bennaies Guigny, Franco-Tunisienne et journaliste reconnue. Cette association est née suite au printemps arabe. Elle défend “la paix, la tolérance, l'échange, le dialogue entre les peuples avec la création et dans le farouche désir de combattre pacifiquement les injustices sociales et économiques à l'encontre des peuples par la culture. Quel plus beau message d'humanité, là où les politiques et les diplomaties en tout genre sont en voie d'impasse?” Seule, une femme pouvait avoir une aussi belle idée !