Saifeddine Raïes, le porte parole des Ansar Achariâa, qui avait été arrêté samedi à Kairouan, a été relâché ce matin par le juge. Saifeddine, celui-là même qui a appelé à tuer les policiers et les soldats tunisiens, et qui les avait traité de « Taghout ». Les manifestants de la Cité Ettadhamen, ont été relâchés, aujourd'hui par le juge. Ceux-là même qui ont mis la ville à feu et à sang, et qui ont attaqué, armes au poing, les policiers et les soldats tunisiens. Voilà comment on procède pour saper l'enthousiasme des policiers et casser leur élan. Voilà comment elle procède pour faire bénéficier ses « fils » à barbe d'une immunité totale quoi qu'ils fassent quoi qu'ils disent, qui que ce soit qu'ils attaquent. Après un weekend de sang, de sueur, mais aussi, de gloire retrouvée, les forces de l'ordre se retrouvent en ce début de semaine avec un arrière goût d'amertume voire de dégoût. Ils auront encerclé des quartiers entiers, voire même des villes, comme le cas de Haffouz, ils auraient bravé tous les risques, pour appréhender de très dangereux malfaiteurs, pour être témoins, le lendemain de leur relaxe, avec probablement des excuses des représentants du Cheikh, en prime. Et Dieu seul sait ce qu'ils ont encouru comme risque. Car une descente dans une cité comme Ettadhamen, et surtout de nuit, il faut l'avoir fait pour savoir ce que c'est. Il faut avoir redouté des tirs de balles ou de tout autre projectile à tout bout de ruelle. Il faut avoir essuyé des jets d'objets lourds de par-dessus les toits. Il faut avoir repoussé les attaques de pitbulls et autres races de chiens spécialement dressés pour « manger du flic ». Il faut avoir été dans l'obligation de se rouler par terre pour éteindre un départ de feu qui prend dans ses vêtements suite à la réception d'un cocktail Molotov dans la gueule. Et on en passe des « surprises »... Donc après avoir enduré tout cela, et être rentré fort content avec la satisfaction du devoir accompli, il est décidément difficile de « gober » les décisions de la justice, pas si juste que çà, aux yeux de nos valeureux justiciers Mais voilà, ce revers qu'ils essuient, c'est le revers de la médaille de la réussite, et de la persévérance dans l'accomplissement du devoir. C'est le prix à payer en contre partie de l'esprit de pertinence et le goût prononcé pour l'indépendance, affichés par leur ministre Ben jeddou. Ben Jeddou s'est en effet avéré être loin de l'image qu' « on » s'est faite de lui, celle du pantin manipulable à volonté, et qui serait trop content de son poste pour oser rechigner. Ben Jeddou s'est avéré être le digne descendant des farouches berbères des steppes... Qu'à cela ne tienne, « on » le laissera faire (un moment) tout en passant au plan B, à celui du fameux « gouvernement de l'ombre ». Car gouvernement de l'ombre il y a, et au lieu de lier les mains et les pieds des policiers, en les empêchant de faire leur devoir, comme c'était de mise avec l'ancien ministre de l'intérieur, ce même ex ministre de l'intérieur promu chef du gouvernement, peut avoir tout le loisir de « casser » le travail de son successeur, en s'appuyant sur l'ex ministre de la justice, qui de toute évidence demeure plus que jamais aux commandes de la magistrature, en faisant relâcher ceux qu'on s'était évertué à appréhender. En réalité, le cheminement de la décision est simple : Sur invective d'AQMI, par exemple, on décide de relâcher les « chabeb » arrêtés. Larayedh a même eu l'audace, ou la maladresse de déclarer bien avant leur passage devant le juge, qu'ils seront probablement tous relâchés. On fait valider l'ordre venu d'ailleurs, par une Fatwa, émanant dans notre cas, de notre illustre ministre des affaires religieuses qui a déclaré que ces enfants ne sont pas des terroristes, mais plutôt, des réformateurs. On transmet ensuite le dossier aux dévoués de l'ex ministre de la justice, qui s'empressent de ratifier ce qui avait déjà été scellé. En conclusion, il faudra dire à nos valeureux guerriers, qu'il ne faudra surtout pas baisser les bras, qu'il faudra continuer à braver les dangers et envahir les terrains minés par nos propres ainés, qu'il faudra continuer de voir nos collègues sauter sur des engins explosifs, se faire estropier ou crever les yeux... L'histoire retiendra qu'il y a eu à un certain moment, une équipe glorieuse conduite par un super ministre, un vrai homme, pas comme les autres ministres qui se complaisaient dans le rôle de marionnette qui leur a été dévolu, et que l'histoire ne leur pardonnera jamais.