Braquage », « Zelzel » et « Rahina », trois caméras cachées élevant la violence au rang d'expression artistique et de figure comique. En termes d'audimat, ces programmes de divertissement ont semble-t-il cartonné, auquel cas ce n'est certainement pas une surprise, compte tenu du climat ambiant d'insécurité, de violence et de dérapage. Faire peur à une figure publique pour faire rire les téléspectateurs, voilà le clou du concept. Mais cette fois, la dose est plus aventureuse, il s'agit là tout simplement d'un exercice de terreur, à la limite de l'attaque cardiaque, et qui ne fait franchement pas rire. Le dindon de la farce est l'otage d'un péril, voire même d'un danger de mort. Ce n'est plus du divertissement, c'est de la torture en direct. Les chaines TV ont mis manifestement beaucoup de moyens pour nous arracher des rires. Pourtant, et c'est connu, des idées plus simples et moins coûteuses provoquent souvent mieux la réaction hilare et enjouée du public. En revanche, ces programmes se voulant de divertissement, mis en scène sur fond de terreur et de panique, suintent quand même des relents propres à la réalité du moment. Le paysage tunisien actuel est infesté de violence, d'appel au meurtre et d'incitation à la haine. Le tunisien se retrouve dans ce type d'émission, il n'est pas trop dépaysé d'autant plus qu'il y puise un motif de se moquer de soi-même et d'en rire un tantinet. Il y évacue une partie de la tension interne. C'est une autre façon de faire dans l'autodérision. En tout état de cause, ce genre d'émission, compte tenu de sa cruauté intellectuelle et sa ligne de terreur, permet de toucher de près la nature profonde des grandes figures publiques piégées. Leurs réactions à fleur de peau restituent sur le coup leurs fibres intellectuelles, morales et spirituelles. Il y a le lucide, le robuste, le courageux comme il y a l'idiot, le piteux, le couard. Un échantillon de caractères et de tempéraments. Une véritable galerie de portraits.