Pour ceux qui n'arrivent pas à saisir la signification ni les causes de ce qui se passe actuellement en Tunisie, pour ceux qui ne comprennent pas le timing de ces évènements, il faudra se mettre dans la tête d'un leader nahdhaoui, pour pouvoir y voir plus clair. En y regardant de plus près, tous les dirigeants nahdhaouis qui se sont relayés sur les plateaux TV et aux micros des radios, depuis le crime odieux qui a ciblé Mohamed Brahmi, s'entêtent carrément à vouloir relier ce qui se passe chez nous à ce qui se passe en Egypte. Ils s'ingénient à démontrer que les deux scénarii sont indissociables. Ils qualifient ce qui se passe en Egypte de « coup d'Etat contre la légitimité », donc ils veulent insinuer qu'ici aussi on est en train d'attenter à la légitimité. La Tunisie pleure sa situation dramatique, et eux, ils déambulent par 40° à l'ombre, pour soutenir la « légitimité » de Morsi. Les tunisiens pleurent leur martyr, et la rue s'embrase, menaçant du pire, et eux, ils publient un communiqué pour condamner « la tuerie » de Rabaâ Adawiya. Au fait, ils ont raison de faire le rapprochement entre le scénario égyptien et ce qui se prépare en Tunisie. Ils ont raison de dire que c'est un même scénario, que c'est un complot, et un complot sioniste. Car, justement, c'est un complot sioniste qui a été concocté et par les sionistes et leur appareil de renseignements qui vise les territoires arabes du moyen orient et de l'Afrique du nord. Mais ce qu'ils ne disent pas, et ce qu'il est vital de savoir, c'est que ce scénario, imaginé par les sionistes a été ratifié et adopté par les frères musulmans, lors de leur dernière réunion à Istanbul, où il fallait trouver une solution urgente au renversement de la situation en Egypte. Le scénario consiste à créer la crise politique, à jouer l'escalade, à pousser les forces armées à intervenir... Et c'est alors que les guerriers promis en renfort par les sionistes qui rallieront l'Egypte à partir de la bande de Gaza (çà sera à partir de la Libye, pour nous) vont entrer en action, en s'adonnant à leur sport favori, celui de tirer les manifestants comme de vilains canards, avec des fusils de précision. En résumé, il s'agit de pousser des franges de la population à s'affronter entre elles, pousser l'armée à intervenir pour les séparer, et placer des snipers autour du théâtre des opérations pour tirer des innocents dans les deux camps, et faire endosser la responsabilité aux militaires (Les forces de la police pour la Tunisie). Le but étant de montrer la violence des forces armées, et raviver chez les occidentaux la hantise des régimes militaires totalitaires qui se dressent face à « la légitimité des urnes » et contre « la volonté des peuples », en comptant in fine à un soutien moral et surtout logistique de la part de ces occidentaux pour reprendre les rênes et perdurer au pouvoir. D'ailleurs certaines puissances occidentales semblent être en expectative par rapport avec les évènements égyptiens, dans l'attente de pouvoir crier, à la faveur du premier dérapage, au putsch militaire. Il devient, de ce fait, très probable que la scène tunisienne qui vit depuis quelques jours un début de ce scénario, plonge dans les heures qui viennent dans l'horreur des attentats et des crimes en série, pour coller chaque fois un peu plus au scénario dicté par les frères à Istanbul, avec une variante près, c'est qu'en Tunisie, on va s'ingénier à impliquer de force ou de gré les salafistes d'Ansar Achariâa dans le coup, alors que ceux-ci en renards futés qu'ils sont, arrivent pour le moment à se maintenir hors du coup, malgré toutes les accusations et toutes les tentatives de les impliquer frontalement dans les évènements. Tout, donc, se serait décidé à Istanbul, ces dernières semaines, et a été mis en exécution en Egypte d'abord, puis, depuis quelques jours, en Tunisie. Ce qui se prépare à Istanbul, est grave. Il est d'autant plus grave, que rien ne doit en filtrer en Tunisie. C'est ce qui expliquerait que notre ambassade à Ankara est depuis près de six mois sans ambassadeur. Puisque le diplomate qui y avait été désigné, a été à la dernière minute prié de rester au Canada son précédant poste, laissant notre chancellerie à Ankara gérée par un simple chargé d'affaires.