Les événements en Egypte divisent la classe politique et tiennent l'opinion publique tunisienne en haleine. Un scénario à l'égyptienne est-il possible en Tunisie ? Les défenseurs de la légitimité électorale, ceux là mêmes qui brandissent la thèse du complot et du coup d'Etat militaire, comme leurs opposants, ceux qui considèrent l'éviction de Mohamed Morsi comme une rectification de la trajectoire de la Révolution et voient dans le coup de force des militaires un acte de patriotisme dicté par l'appel du devoir n'ont pas de réponse affirmative. Même si au fin fond des uns et des autres le pressentiment qui prédomine est que tout ce qui se passe en Egypte aura inéluctablement des incidences sur la Tunisie. C'est dans la logique des choses. Les deux pays passent par la même période de transition démocratique, sont gouvernés par des partis islamiques et il est normal qu'ils s'inspirent de leurs expériences réciproques et en tirent les leçons qui s'imposent en cas d'échec. Les frères musulmans ont échoué en Egypte, le peuple est sorti dans la rue pour revendiquer leur départ et l'armée est intervenue pour imposer la volonté du peuple. Ce n'est peut-être pas très démocratique, mais c'est une affaire égypto-égyptienne dont la solution ne peut venir que des seuls Egyptiens. Il est vrai que l'Egypte est un pays du printemps arabe, qu'il est sur la voie de la transition démocratique donc dans les mêmes conditions que la Tunisie. Et c'est pour cette raison que les gouvernants tunisien appréhendent avec une certaine nervosité, une hystérie même ( le discours de Sahbi Atig) ce qui se passe dans le pays du Nil. Pourtant, les conditions qui ont mené à la deuxième révolution en Egypte n'existent pas disent-ils et que la Tunisie a mieux négocié sa transition démocratique. Pourquoi avoir peur alors et verser dans un alarmisme injustifiés.