Certains l'avaient bien prédit. Ils ont, d'ailleurs, été taxé d'oiseaux de mauvaise augure, et même de saboteurs de sacrosaint dialogue national. Ces gens avaient, en effet, prédit qu'Ennahdha, en faisant semblant d'accepter la feuille de route et de s'engager dans le processus du dialogue national, tout en ayant pris le soin de montrer au grand jour, que dans ce registre, elle y allait, contre la volonté et l'avis de sa base, le parti au pouvoir ne faisait que gagner du temps, et grappiller quelques jours voire quelques semaines de plus au pouvoir. Le but derrière cet acharnement à gagner du temps était, et demeure encore, du reste, assez sombre. Toujours est-il que ces « oiseaux de mauvaise augure » avaient finalement raison dans leur scepticisme, puisqu'à la première occasion Ennahdha a fait valoir la duplicité de son langage. Et, bien que les parties représentant le mouvement au gouvernement aient donné l'impression de suivre un tant soit peu les décisions du dialogue, ne voilà-t-il pas que le tout puissant président du conseil de la Choura du parti (autrement dit, le siège du pouvoir suprême du pays) nous sort sur un plateau de radio pour nous faire « allègrement » une démonstration de l'idée que se fait son conseil de la notion de « dialogue national ». Et c'est ainsi qui le Sieur Fathi Ayedi, puisque c'est de lui qu'il s'agit, nous annonce, le plus normalement du monde, qu'il n'en a rien à cirer de tout ce qui avait été convenu avant, et de tout ce qu'a contenu la « foutue » feuille de route du quartette. Et que pour lui et les siens, il est partant pour (faire semblant de) participer au dialogue qu'on nomme national, mais à ses conditions. Conditions qui ne sont, somme toute, pas inaccessibles ni nouvelles. Puisque pour lui, le conseil a choisi, en l'occurrence et pour ce premier couac, un candidat pour le poste de futur chef de gouvernement, et çà sera leur candidat, ou alors personne d'autre. C'est clair, c'est simple, c'est limpide, et çà a le mérite de ne prêter à aucune équivoque. Voilà donc comment çà se présente : Aux yeux de tout le monde, Ennahdha n'a pas proposé de noms, mais en réalité elle a poussé ses « sous traitants » à le faire à sa place. Ensuite elle a laissé les autres se démener et s'entre éliminer. Et dans la mêlée, son propre candidat a fini par se retirer, et elle a du user d'on ne sait quel « miracle » pour le faire revenir sur son retrait. Et finalement, Elle annonce que parmi tous les candidats, dont aucun n'était le sien, elle a opté pour Untel. Mais que ce choix sera définitif et irréversible. Par la même occasion, Ennahdha a fait savoir qu'elle reste toujours aux commandes et que de toutes les façons, ce sera à son président de présenter la proposition du dialogue au président de l'Etat. Pour déballer tout cela, Fathi Ayedi ne s'est, bien sûr, pas privé d'adopter un air hautain, celui des vainqueurs, celui de ceux qui se targuent d'être « LA » majorité, que çà plaise ou non aux autres, aux perdants aux « zéro virgule ». D'ailleurs, il se dit, tout confiant, prêt à soumettre leur décision au peuple ou à ses représentants, fort qu'il se trouve de la majorité au sein de l'ANC et d'un soutien infaillible de certains députés gagnés à leur cause. Voilà, donc, comment s'annonce le dialogue national, sur lequel beaucoup de crédules ont misé leurs espoirs pour une issue rapide du tunnel, qui s'annonce plus compromise que jamais.