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Tunisie : Déconstruction rampante de l'Etat et de l'héritage de Bourguiba ! (Partie I)
Publié dans Tunisie Numérique le 06 - 01 - 2014

La société tunisienne est plus que jamais menacée dans ses acquis de modernité et d'ouverture et frappée de plein fouet par le retour de manivelle d'une révolution confisquée et pillée. L'Etat moderne et le modèle de société sont au centre d'un bras de fer où le Gouvernement apporte son concours et son poids d'une manière partiale et non moins arbitraire. Les velléités de déconstruire l'Etat tel que pensé et bâti par Bourguiba et les manœuvres d'ordre législatif, politique, économique, social et culturel prolifèrent à cette fin. On dirait qu'un mot d'ordre est lancé, entre différents partenaires cultivant de réelles affinités de déstructurer le mode de vie et la nature de l'Etat en vigueur, pour passer à la trappe idéologique l'héritage institutionnel et sociétal légué.
La bataille bat son plein sur le patrimoine et non au sein du patrimoine comme toute évolution civilisationnelle suppose. Il y a un mouvement d'islamisation ou de réislamisation par le législatif et le social, par la force par moments, comme si la Tunisie est une terre à l'âge préislamique à conquérir ou les tunisiens sont des hordes d'hérétiques à mettre sur le droit chemin. Les revenants de l'histoire investissent l'espace public et social, brandissant leurs sabres et leurs griefs contre les fondements de l'Etat tunisien tel que la révolution a hérité. A en juger :
Ce projet porté à bout de bras par toute la mouvance islamiste tunisienne, notamment le parti au pouvoir, en l'occurrence Ennahdha, est jugée par divers experts et juristes comme un fer de lance contre l'Etat civil. Ce qui est en mesure, le cas échéant, de baliser le terrain à l'économie parallèle, de ponctionner la trésorerie publique d'un pan entier de sa recette fiscale et, par conséquent, d'installer un Etat dans l'Etat.
Pourtant, la pertinence socioéconomique commande que les biens financiers et immobiliers sont nettement plus rentables quand ils sont intégrés dans le circuit économique dans la mesure où le système « Hbous » confisque une partie des finances privées. Etant signalé que Bourguiba, conscient de son impact négatif sur l'Etat, a aboli le système d'administration des biens de mainmorte (Décrets du 31 mai et 18 juillet 1957), système favorisant le cléricalisme et entravant le processus graduel de sécularisation de la société et de l'Etat qu'il avait mis en train. Donc, la réactivation d'un tel système n'est-elle pas une opération anachronique et archaïque ? Un pas en arrière, un combat d'arrière-garde ?
Le texte, encore à son stade préliminaire de conception et de concertation, selon ses promoteurs, récemment médiatisé, a défrayé la chronique et a nourri déjà la controverse. Par ce texte, si jamais il était promulgué, le rôle de la mosquée serait élargi, sur le fond comme sur la forme, dans la mesure où divers et larges champs d'intervention, normalement incompatibles avec ses attributions premières de lieu de culte, de prière et d'enceinte d'apprentissage coranique et d'enseignement théologique, lui seraient confiés.
Alors que le contexte exige l'établissement d'une réglementation devant garantir la neutralité des mosquées, valoriser leurs fonctions majeure et les immuniser contre tout prosélytisme politique ou idéologique, le gouvernement agit en contre-pied et ouvre les portes du passé, à contre-sens de la marche de l'histoire et de l'évolution de la société. Dans ce sens que le projet de loi en question est de nature à peser des menaces par rapport à la nature civile de l'Etat, au modèle de société et aux attributs de la citoyenneté.
Aujourd'hui, nombreuses mosquées échappent à l'Etat, étant prises de force par des groupes extrémistes et transformées en sentinelles de la doctrine wahhabite. La conception tunisienne de l'Islam, modérée et ouverte, est combattue, vilipendée et évincée de ces lieux de culte, devenus de véritables enclaves de la radicalisation, de la violence et de la haine.
Dans ce cadre, il y a lieu d'évoquer l'acharnement d'une frange d'islamistes extrémistes sur les Mausolées (on en compte environ 40 cas de profanation), lieux de recueillement et de sociabilité que l'Etat a toujours protégés. Même Bourguiba, adversaire des pratiques traditionnelles et tribales, n'y a pas touché, conscient de leur rôle social et culturel. Depuis la révolution, Les cas de saccage des Mausolées ont proliféré, faisant couler beaucoup d'encre et de sang. En commettant leurs forfaits sur les sépultures et des tombeaux, tapis dans l'obscurité de la nuit, les coupables s'appuient à la fois sur une doctrine dissidente appelant farouchement et ouvertement à raser ce genre de monuments et sur un mode opératoire typiquement terroriste. Il s'agit d'un sombre projet, un acte criminel à répétition , contre la mémoire collective et individuelle, contre la foi et contre l'héritage commun, conçu et mis en œuvre d'une manière méthodique et coordonnée, par un groupe organisé, adossé à une stratégie d'attaque bien huilée.
Hauts lieux de méditation, chargés de symbole et de spiritualité, monuments de notre patrimoine religieux et culturel, dont certains figurent également dans le patrimoine culturel mondial de l'UNESCO, joyaux architecturaux et espaces de communion et de solidarité, lesdits Mausolées ont toujours été des phares de rencontre, de dialogue et de tolérance. Ces espaces soufis ont rempli diverses fonctions, dont on peut principalement citer deux : D'une part, ils ont remplacé l'Etat pour certains services Et d'autre part, ils ont permis d'islamiser ou de conserver l'islamité de la région, outre que des villages, voire des villes, ont été construits autour des Mausolées.
De tout temps, et outre leur fonction religieuse, les Mausolées et autres monuments soufis ont joué un rôle social, culturel, institutionnel et même politique. Zaouïa ou Dharih ou Maqam, quel qu'en soit le nom, chacun de ces lieux a toujours constitué un repère, un levier identificatoire, une niche de solidarité communautaire et un symbole pour la population ou la localité en question. Le rituel, la sacralité et la profusion populaire leur ont donné une densité mystique et une dimension mythique. Il s'agit de maîtres spirituels ayant mené une vie studieuse, recluse et ascétique, dont l'image, la stature et l'apport méritent le respect et non le sacrilège et l'imprécation.
Derrière les actes de profanation des Mausolées, il y a immanquablement la main wahhabite. Est-ce fortuit que seule la doctrine wahhabite, réfractaire à toute idée de modernité et fondée sur la sacralité outrancière d'un passé bien révolu, prône la destruction des Mausolées et dénonce férocement le soufisme, mouvement connu pour son mysticisme, son ouverture et son souffle progressiste, qui a élevé le respect des hommes pieux et saints au rang de culte, expression que les wahhabites incriminent comme manifestation païennes et forme d'intermédiation ou d'intercession entre l'homme et Dieu.
Pour eux, Le culte des saints n'est rien d'autre qu'une forme d'idolâtrie animiste et, par extension, une atteinte au dogme de l'unicité de Dieu, dérive à éradiquer par la force, à ce titre. La doctrine wahhabite n'a jamais pardonné au soufisme son ton différent et son interprétation éclectique et éclairé. Aujourd'hui, n'importe quel réformateur ou moderniste est épinglé comme ennemi de l'Islam. Au nom de leur approche sectaire et exclusive l'Islam, ils utilisent la violence pour imposer leurs vues et punir les présumés apostats car coupables de penser autrement et de défendre un tout autre modèle de société.
Cette législation moderne, citée en exemple, imitée mais jamais égalée dans le Monde Arabe, subit les attaques au vitriol d'une frange de la population. Dénonçant son caractère supposé impie, des voix s'élèvent pour démanteler ce dispositif législatif, pourtant bien digéré et bien implanté dans la conscience et la pratique sociales. Les francs tireurs, de tous bords, rivalisent de rafales contre la monogamie et tentent d'ouvrir des brèches dans la muraille sociale et culturelle pour permettre à la polygamie de s'engouffrer. En Tunisie, ce système matrimonial suranné n'est plus d'actualité, d'un point de vue historique et social, mais quelques esprits illuminés se démènent, sur tous les fronts, pour en faire un débat de société, lâchant leurs piques et leurs missiles oratoires contre le CSP et son orfèvre, à savoir Bourguiba. Encore une bataille d'arrière-garde.
La polygamie, le mariage coutumier (Orfi), Jihad Ennikah, le mariage des fillettes à peine nubiles,..., tout autant de revendications vicieuses, sexistes , illégales et non moins étrangères à la culture sociale et à la personnalité profonde de la Tunisie, qui bafouent grandement la dignité de la femme, les droits des enfants, les vertus de la citoyenneté ainsi que le patrimoine de modernité et l'ordre social. Les tares susmentionnées, et outre leur caractère anachronique et inhumain, montrent, si besoin est, que leurs auteurs ont plus de cervelle entre les cuisses que sous le crane, rompus à l'art de dissimuler le mobile sexuel dans les replis de la sacralité et sous la tunique religieuse. Un seul slogan, la femme n'est qu'un objet de désir et de sédition, sans sagesse ni foi, et à ce titre, sa soumission à l'homme est une loi divine.
Depuis plus d'un demi-siècle, la femme tunisienne ne cesse d'immuniser la société tunisienne contre toute dérive rétrograde, d'être une force de frappe et de progrès et un élément d'équilibre social. Première rempart de défense, la femme tunisienne, digne et fière, était dans toutes les batailles. Elle a marqué de son empreinte la révolution tunisienne et même en ce moment de transition démocratique, elle ne baisse pas la garde, toujours vigilante et virulente, non seulement pour défendre ses droits politiques, économiques et sociaux mais notamment pour valoriser et consolider les acquis modernes, séculiers et égalitaires de la société tunisienne. Minimiser aujourd'hui l'œuvre d'émancipation de Bourguiba est une manière, quoique grotesque et non moins inique, de mépriser cette femme tunisienne militante et orgueilleuse.
A titre illustratif : Honnissant Bourguiba jusqu'aux ongles, Hamda Said, Mufti de la République, n'a pas trouvé mieux, en termes de dénigrement et de rancune, que d'accuser le « Père de la Nation » d'être à l'origine du terrorisme, tout au moins d'en avoir fait le lit, une réplique qui en dit long sur cette obscure fixation de détruire l'Etat bourguibien. Même de sa dernière demeure, sous terre, Bourguiba continue de terroriser ceux qui s'acharnement aujourd'hui lâchement sur son cadavre et sur son œuvre, multipliant les formules au vitriol pour l'exclure, le défigurer et le confiner injustement dans un réduit terne et apostat.


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