Un porte-parole de l'insurrection libyenne a exhorté les Etats-Unis à reprendre du poids dans la campagne aérienne de l'OTAN pour éviter qu'il y ait davantage de victimes civiles, alors que s'ouvrait mercredi à Doha (Qatar) la réunion du groupe de contact consacrée à la crise libyenne. Mahmoud Shammam a aussi exhorté l'OTAN à renforcer sa campagne aérienne pour frapper les forces de Moammar Kadhafi afin de protéger les civils, et il a appelé Washington à jouer un rôle plus important. Ses propos faisaient écho à ceux tenus mardi par le ministre français de la Défense Gérard Longuet, qui a déploré que Paris et Londres “supportent l'essentiel” de l'effort militaire aérien en Libye, regrettant que Washington ait réduit son implication depuis que l'OTAN a pris les commandes des opérations militaires internationales en Libye le 31 mars. “Quand les Américains étaient impliqués, la mission était très active et elle se préoccupait plus de la protection des civils”, a déclaré Mahmoud Shammam. “L'OTAN est très lent à réagir à ces attaques sur les civils. Nous aimerions qu'il y ait plus d'efforts pour la protection des civils”, a-t-il ajouté avant l'ouverture de la conférence, à laquelle étaient notamment attendus le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, un haut représentant du Département américain William Burns, et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. William Hague a affirmé sur la BBC que l'intervention militaire en Libye se terminera par le départ de Kadhafi, mais sans se prononcer sur une date. Il a également affirmé que l'opposition libyenne devenait “progressivement mieux organisée”. L'ancien ministre libyen des Affaires étrangères Moussa Koussa devait aussi être présent à Doha: il a été demandé à M. Koussa, qui a fui en Grande-Bretagne fin mars, de participer à la conférence pour témoigner de son expérience aux côtés du colonel Moammar Kadhafi. Moussa Koussa est le plus haut dignitaire du régime libyen à s'être désolidarisé de Kadhafi à ce jour, après avoir été pendant de longues années un de ses plus proches collaborateurs. Des responsables des rebelles ont affirmé que Moussa Koussa ne jouait aucun rôle dans leur mouvement. Par ailleurs, le président français Nicolas Sarkozy recevra mercredi soir le Premier ministre britannique David Cameron pour un entretien suivi d'un dîner de travail consacrés à la Libye. Une rencontre au lendemain des critiques formulées par Paris et Londres à l'encontre de l'OTAN et de son action jugée insuffisante en Libye. Mardi, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé avait exhorté l'Alliance à jouer “pleinement son rôle” en Libye, estimant qu'elle ne le faisait “pas suffisamment” actuellement. Le porte-parole du gouvernement français, François Baroin, a expliqué mercredi lors du compte-rendu du Conseil des ministres que Nicolas Sarkozy avait “rappelé les conditions d'exercice de l'application de la résolution 1973 pour protéger le peuple libyen des massacres”, soulignant que “stratégie militaire de protection des civils et stratégie diplomatique” devaient “avancer de pair”. “Le Conseil national de transition est aujourd'hui l'interlocuteur privilégié de la communauté internationale”, a également souligné Nicolas Sarkozy, selon M. Baroin. De son côté, le ministère français des Affaires étrangères a fait savoir qu'un vol humanitaire avait décollé de Roissy mercredi matin en direction de Benghazi. “L'appareil A340, mis à disposition par Airbus à la demande du gouvernement français, emporte neuf tonnes de matériel médical et de médicaments”, souligne le Quai d'Orsay dans un communiqué. “Une tonne de matériel médical et médicaments est par ailleurs transportée pour le compte de Médecins sans frontières-Belgique.” Les personnels de quatre ONG (La chaîne de l'espoir, HumaniTerra, Pharmacie & aide humanitaire et Télécoms sans frontières), ont pris place à bord de l'appareil, a ajouté le Quai d'Orsay.