Le compte à rebours pour la libération des deux diplomates tunisiens enlevés en Libye, a commencé avec l'annonce dimanche soir du Premier ministre libyen Abdallah Theni de pourparlers de haut niveau et directs avec les ravisseurs de Laaroussi Gontassi et Mohamed Ben Cheikh ainsi que de l'ambassadeur jordanien à Tripoli. Le responsable libyen a fait cette annonce lors d'une interview diffusée par la chaîne privée libyenne al-Nabaa dans laquelle il a rassuré sur la bonne santé des deux kidnappés, citant à l'appui des preuves fournies par une vidéo réalisée par les ravisseurs. Il a souligné que les diplomates seront libérés bientôt, refusant de donner davantage de détails sur ce qui semble être une transaction pour échanger les prisonniers libyens détenus en Tunisie et en Jordanie en contrepartie des diplomates des deux pays enlevés à Tripoli. Face à la faiblesse de l'Etat libyen pris en otage par de puissante les milices armées qui font la loi sur le terrain bloquant les ports pétroliers et n'en faisant qu'à leur tête, quelle crédibilité donner à ces assurances d'un Premier ministre qui a été contraint après une attaque armés contre son domicile il y a deux semaines, de démissionner. Si le Premier ministre Abdallah al-Theni a montré tant d'assurance c'est que les intermédiaires sont d'une très grande crédibilité. Plusieurs parties sont entrées en ligne pour mener dans un premier temps les premiers contacts telles que les tribus dans les deux pays notamment dans la région ouest de la Libye et frontalière entre les deux pays qui entretiennent des rapports de parentés. La seule option possible qui pourrait convaincre les ravisseurs des diplomates de les libérer est la satisfaction de leur demande de libération de libyens en échange des diplomates. Volte-face En outre la volte-face du ministre des Affaires étrangères Mongi Hamdi qui a souligné récemment la disponibilité de la Tunisie à recourir à tous les éventualités pour préserver l'intégrité des diplomates y compris, en sourdine, l'échange contre les prisonniers libyens détenus en Tunisie, constitue un autre signe de la proche libération du Conseiller et de l'employé de l'ambassade à Tripoli. Le chef de la diplomatie tunisienne écartait, en effet, jusqu'ici toute idée de céder au chantage des terroristes en satisfaisant leurs exigences. Il a affirmé que la stratégie visait à agir tout en œuvrant d'abord, à assurer l'intégrité physique des diplomates sans tomber dans le piège du chantage des terroristes. Ce revirement dénote qu'une transaction était en cours de finalisation. Les ravisseurs et l'islamisme radical Les prémices du règlement à l'amiable de cette affaire de rapt des diplomates étaient apparues avec l'annonce par la sœur de Mohamed Ben Cheikh d'un contact de la part de Abdelhakim Belhaj l'ex-rebelle libyen et ancien membre de groupe combattant libyen, une organisation islamiste affiliée à Al-Qaïda qui l'a rassurée sur la prochaine libration de son frère. Leader d'un parti politique en Libye et candidat malheureux aux premières élections législatives libres en juillet 2012 depuis plus de quatre décennies de règne du dictateur Mouammar Kadhafi, Belhadj demeure une personnalité incontournable du paysage politique libyen. Il dispose encore d'une grande influence sur les différents groupes armés basés à Tripoli et en vertu de cette position et de ces antécédents djihadistes, il est bien placé pour conclure cet échange. Son rôle doit se limiter à jouer les intermédiaires entre le gouvernement libyen et les ravisseurs pour faciliter l'échange qui aura lieu. Il faut pas perdre de vue que c'est un secret de polichinelle que les ravisseurs appartiennent à la mouvance islamiste radicale en pleine montée de puissance en Libye. Le passé des détenues dont ils réclament la libération en dit long. Les seuls zones d'ombres qui restent sont les procédures par lesquelles les détenus libyens emprisonnés en Tunisie seront libérés et remis aux autorités libyennes par le pouvoir en Tunisie. Si jamais cette transaction aboutit, elle aura des conséquences graves sur les ressortissants tunisiens résidents en Libye où la prolifération des armes entre les mains de la population pourrait conduire à tout moment un quelconque libyen qui a son parent détenu en Tunisie même pour des délits de droit commun de recourir au rapt pour obtenir sa libération.