Décidément, les choses ne semblent pas vouloir s'arranger du côté de Bab Saâdoun, où trône l'impressionnante bâtisse qui abrite le ministère de la santé. Çà ne semble pas s'arranger, malgré le grand « Ouf » exhalé par certains à l'annonce du départ d'Abdellatif Mekki, qui aura marqué son passage par Bab Saâdoun, comme étant « LA » période noire de la santé, tellement il a fait du mal à ce secteur en marginalisant les professionnels de la santé, en les diabolisant aux yeux des citoyens, en installant un climat de conflit social à peine installé dans son bureau, en se mettant sur le dos les différents syndicats de la santé, en infiltrant les services du ministère par des inconnus aux compétences apparemment douteuses... Mais voilà qu'avec le Professeur Mohamed Salah Ben Ammar, pourtant qualifié par « fils de la boite » comme le disent les gens à Bab Saâdoun, les choses ne semblent pas s'améliorer, du moins pas au rythme qu'escomptaient les nombreux observateurs. Car il y avait urgence à réparer les dégâts subis par le secteur, et à redorer l'image de marque des professions médicales et paramédicales mise à mal par ses prédécesseurs. Et il y avait, surtout, urgence à entamer les réformes du système et à entreprendre les mesures qui s'imposaient. Or ce, pourtant brillant à ce qu'on le dit, professeur Mohamed Salah Ben Ammar, semble quelque peu obnubilé par le poste, et étourdi par ce qu'il est en train de vivre. Au point qu'il aura oublié les élémentaires de sa spécialité, qu'est la réanimation, qui sont la rapidité d'intervention, la promptitude de la réaction, l'à propos des ripostes, et surtout, la recherche et le traitement de la vraie cause du mal. Du moins, c'est l'avis qui prévaut du côté de Bab Saâdoun, où on est déçu de l'absence d'actions, de la lenteur à la détente, et surtout du désordre dans les idées et les priorités. A Bab Saâdoun, ils ne voulaient point d'un ministre qui se voue aux plateaux de TV et de radios, délaissant son bureau et ses programmes. Ils comprennent bien qu'il veuille se forger une « image » et qu'il travaille sur le renouvellement de son bail, mais force est de constater qu'il ne s'y prend pas de la meilleure des manières. Mais d'un autre côté, ce qui désappointe le plus chez ce ministre, c'est qu'il a toujours tendance à chercher le mal ailleurs, et à se décharger de ses responsabilités au profit d'autres parties. Les derniers exemples de cette attitude ne peuvent que laisser songeur : On lui parle de résistance aux antibiotiques, il répond que c'est probablement la faute à l'automédication, donc au pauvre citoyen. On lui dit que certains agents dans les hôpitaux détournent l'argent des malades dans leurs poches, et au lieu de contrôler et éventuellement sévir, il en appelle au même citoyen en lui demandant de ne pas donner son argent ailleurs que dans les caisses des hôpitaux. On attire son attention sur les dangers des maladies qui sont ramenées par les voyageurs, il réagit comme s'il s'agissait d'une fatalité contre laquelle il n'y a rien à tenter. On lui dit que la CNAM connait des difficultés, il répond que c'est à cause du secteur privé qui « raflerait » 80% des dépenses de la caisse. Il est, tout de même, supposé savoir et comprendre que la CNAM rembourse plus que les actes dispensés dans les hôpitaux, les médicaments et autres dispositifs thérapeutiques qui, eux, sont dispensés presqu'exclusivement par le secteur privé. Alors, normalement il devrait être bien placé pour ne pas être « étonné » ni offusqué.