Le président provisoire de la république a fait, ce soir, une déclaration à la nation. Une déclaration qui s'est décidée dans la hâte, histoire de brûler la politesse à Mehdi Jomâa chef du gouvernement qui avait osé le lèse-majesté d'annoncer un discours à la nation, sans attendre la priorité d'ainesse de la présidence de la république, fût-elle provisoire. Marzouki a donc parlé. Pas trop longtemps, il faut dire, car il ne devait pas avoir beaucoup de choses à dire. Il a transmis un message aux terroristes, en leur répétant qu'ils ne passeront pas, et qu'ils ne priveront pas les tunisiens de la joie de profiter de ce qui reste du Ramadan, et surtout, qu'ils n'arriveront pas à empêcher la tenue des prochaines élections. Bien évidemment ! Car il faut imaginer à quel point il y tient à ces élections, Marzouki. A croire qu'il en connait, dès à présent, un bout sur leurs résultats. Ou, peut-être se sent-il dopé par les dernières déclarations du Cheikh Ghannouchi quand il l'annonçait comme très probable candidat d'Ennahdha pour le fameux poste de président consensuel ? Sinon, le président provisoire n'a apporté aucune bribe de solution, ni la moindre ébauche d'un semblant de soupçon de stratégie de lutte contre ces terroristes. Pourtant, on s'attendait à quelque chose de ce type, de la part du chef suprême des forces armées. Ou plutôt, si ! Il en a avancé des solutions, une plus précisément. Celle d'inviter les jeunes tunisiens à accourir par milliers, grossir les rangs de l'armée et la soutenir dans son combat en s'enrôlant comme soldats volontaires. Ce qui ne manque, tout de même, pas de soulever certaines questions, dans le sens où Marzouki serait-il inconscient des conséquences d'une telle invitation, ouverte à tout le monde, à rejoindre l'armée ? N'a-t-il pas, un instant imaginé que des centaines d'apprentis terroristes se feraient un plaisir d'accourir à son appel ? On ne peut s'empêcher de penser que cela représenterait une vraie aubaine aux terroristes qui n'auront qu'à se raser et se présenter aux bureaux de recrutement de l'armée. Comme çà, ils auront tout le loisir de faire imploser l'institution militaire de l'intérieur. Décidément, il n'est jamais à court d'idées Marzouki, quand il est question de recycler et d'assimiler ces hors la loi. Ainsi après leur apparent refus de sa dernière proposition de leur pardonner et de les amnistier s'ils se rendaient et reprenaient le cours de leur vie normale, il aura, peut-être trouvé la solution pour vaincre leurs appréhensions, et les convaincre de reprendre le droit chemin... des armes.