Il s'agit de dresser un constat et non d'esquisser une réponse. Kasserine, ville aussi militante que marginalisée, parmi les premiers foyers de la révolution et les principaux fossoyeurs de la dictature, semble être aujourd'hui, plus que les autres régions, la cible privilégiée du terrorisme. Ses enfants, soldats de la force sécuritaire et militaire en particulier, sont fauchés, souvent à la fleur de l'âge, au nom d'un dogme ténébreux que rien ne justifie. D'aucuns diraient que sa position frontalière avec l'Algérie en est la cause. Peut-être, mais d'autres zones limitrophes du voisin occidental ne sont pas visées, ou très rarement. Comment expliquer cet acharnement sur Kasserine en particulier ?! Le sud-est tunisien, contigu de la Libye, est plus vulnérable et plus infiltré (trafic d'armes, mouvement des djihadistes, climat social) pourtant les attentats sont nettement moins fréquents et moins sanglants qu'à Kasserine. Est-ce parce que la région de Kasserine a été longtemps laissée pour compte, pratiquement exclue de tout processus de développement, que ses enfants, connaissant bien la région, ont décidé de prendre leur revanche sur le pouvoir et ont retourné leurs armes contre les symboles de l'Etat?! L'argument ne tient pas debout car dans d'autres régions tout aussi déshéritées de la Tunisie profonde, le fléau terroriste n'est pourtant pas aussi meurtrier qu'à Kasserine.