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Force militaire arabe commune : Epouvantail confessionnel ou artifice militaire ?!
Publié dans Tunisie Numérique le 10 - 04 - 2015

Pour une fois que les Etats arabes ont uni leurs forces, politiques et militaires, ont parlé globalement d'une seule voix, ils ont bombardé un pays frère, le Yémen. La boutade conserve un fond de vérité et ouvre la porte à toute sorte d'interprétations et analyses. Le 26ème Sommet arabe, tenu à la station balnéaire égyptienne de Charm El-Cheikh, en présence de 20 monarques et présidents arabes (seul la Syrie a manqué à l'appel, car chassé de son siège, demeuré donc vide), a conclu ses travaux par l'adoption d'un accord de principe sur la création d'une force militaire arabe conjointe dont le mandat consiste à « faire face aux menaces contre la sécurité et la souveraineté nationale de tout Etat membre ou toute menace directe contre la sécurité nationale arabe, y compris les menaces des organisations terroristes ». Tout un programme !
L'idée était lancée par l'Egypte, certainement en coordination préalable avec l'Arabie Saoudite, dont l'unique mobile est d'adresser un message fort à l'Iran en conduisant une intervention militaire au Yémen, opération que le royaume rechigne à mener cavalier seul et souhaite une couverture politique et une coalition militaire régionales, ne serait-ce qu'arabes. Le Caire, soucieux, d'une part de renvoyer l'ascenseur à Riadh, venu à sa rescousse pour aider financièrement, à fonds perdus, l'Egypte, et d'autre part, de retrouver son rang et son leadership dans la région, a donc balisé le terrain et soumis sa proposition L'axe sunnite La Caire-Riadh face à la montée en puissance chiite dont l'Iran est le fer de lance, pays érigé en premier adversaire, voire ennemi juré, surtout après la conclusion d'un accord sur sa force nucléaire avec le Groupe G5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité en plus de l'Allemagne), qui reste en travers la gorge de l'Arabie Saoudite surtout.
Le premier objectif assigné à cette force militaire commune est de contrer les menaces sécuritaires grandissantes dans la région et de combattre sinon éradiquer les factions terroristes sévissant dans plusieurs Etats membres de la Ligue Arabe. Avec pour cible immédiate, les milices houthies au Yémen, aux portes de l'Arabie saoudite. Cette intervention militaire arabe a accéléré le projet. En effet, l'opération militaire lancée par la coalition arabe (huit pays : Emirats arabes unis, Koweït, Qatar, Bahreïn, Egypte, Jordanie, Maroc, Soudan), sous la conduite de l'Arabie Saoudite, avec le soutien logistique des Etats-Unis, militaire du Pakistan et l'appui politique de la Turquie, est considérée, à ce titre, comme un ballon d'essai, un test grandeur nature et à conditions réelles de cette force militaire conjointe naissante. Dans l'esprit de ses partisans, il y a urgence et péril sur la demeure, et face aux menaces et aux défis sécuritaires communs pesant sur tout le monde arabe, la réponse ne peut être que collective.
La constitution d'une telle force militaire arabe commune est historique dans ce sens qu'il s'agit d'une première dans les annales de l'ordre arabe. Jamais les leaders arabes n'en aient emprunté la voie et composé une armée conjointe devant agir en leur nom. Aussi, faut-il signaler que depuis sa création, la Ligue Arabe n'a cessé de batailler, en vain, pour sceller un accord de défense commune et une force militaire unifiée. Est-ce le bout du tunnel pour la Ligue Arabe ?! En tout cas, cette institution n'a jamais brillé par son efficacité et son autorité, elle a toujours agi comme succursale de la diplomatie égyptienne. Pour preuve, La Ligue arabe s'est empressée d'appuyer l'intervention militaire au Yémen avant même de convoquer son Conseil de la Défense Arabe Commune, en principe le seul organe habilité à traiter et à se prononcer sur ce genre de question. Voilà dans quel état de déliquescence et de désarticulation moisissent la Ligue Arabe et ses institutions.
L'accord de principe en question n'a pas livré de précisions sur le mandat, la composition, le budget, la nature, le mode de fonctionnement et le cadre juridique devant structurer la formation de la force militaire arabe conjointe. Tout juste s'il a été indiqué que, au plus tard dans un mois après la date d'adoption de la décision, les chefs d'Etat-major arabes sont invités à se réunir pour en discuter et en convenir de tous les détails avant de soumettre, dans un délai de trois mois, les résultats de leurs travaux au Conseil de la Défense Arabe Commune pour examen et décision finale. Comme tous les pays arabes sont représentés audit Conseil, chaque membre est en mesure de développer ses points de vue et de présenter ses propositions sur tous les volets régissant l'établissement de la force militaire arabe conjointe. Il est question que tous les pays arabes, participant ou non à la composition de cette force, trouvent leur compte dans la décision final.
Il y a lieu de signaler les principaux éléments suivants concernant la constitution de cette force militaire arabe commune, dont le noyau dur est déjà en place, sur le champ de bataille, à savoir les neufs pays arabes composant la coalition militaire contre les Houthis au Yémen.
- La participation à cette force est facultative. Aucune obligation.
- Cette force est avant tout une coalition arabe sunnite élevée contre l'Iran perse et chiite. Une sorte d'avertissement à l'encontre de Téhéran, épinglant en particulier ses manœuvres de déstabilisation qu'il mène par procuration.
- Tout pays arabe ne souhaitant pas, pour quelque raison que ce soit (absence de volonté politique ou de force militaire) rejoindre cette force reste en mesure de l'intégrer à un stade faire ultérieure quand il jugera qu'il est tout disposé à le faire.
- Cette force ne regroupera que les contingents des pays arabes demandant d'en faire partie.
- Au-delà de l'échéancier convenu, il n'est pas exclu que la formation et le déploiement de cette force militaire prennent un temps fou, compte tenu, d'abord de la nature inaugurale, insolite et sensible de l'opération, ensuite, des dissensions internes au sein aussi bien de la Ligue Arabe que du Conseil de Coopération du Golfe.
- L'axe Egypte-Arabie Saoudite n'est pas cohérent dans sa finalité et son ordre de priorités. Les objectifs ne sont pas les mêmes : La priorité du Caire est de combattre le terrorisme, notamment au Sinaï. Pour Riadh, il s'agit avant tout de bloquer l'influence de l'Iran dans la région, notamment dans l'arc chiite, son arrière cour.
Le consensus sera-t-il facile à dégager ?!
Cette initiative de former une force militaire arabe commune est sujette à des réserves, mues pars des considérations liées à l'intérêt national des pays arabes concernés. A cet égard, il est important de souligner les réserves formulées par l'Algérie et l'Irak, qui ont déploré qu'aucune concertation préalable n'ait été tenue sur l'opportunité, la faisabilité et la viabilité d'une telle entreprise. L'Algérie n'a pas laissé trainer les choses pour faire part de sa position et déclarer sans faux-fuyants : « L'Algérie n'autorisera aucune participation de ses troupes armées à des opérations militaires en dehors de ses frontières, mais pourrait toutefois apporter un soutien en logistique au delà de ses frontières sans pour autant impliquer ses troupes armées« .
La Syrie étant absente (son siège était attribué au bloc de l'opposition armée), l'Irak étant sceptique sinon réticente, soit les deux pays arabes les plus ciblés et les plus dévastés par les milices armées terroristes, dont le financement et l'armement, comble de l'ineptie, sont redevables à quelques monarchies arabes médiévales, donc de quelque force militaire arabe commune contre le terrorisme peut-on parler quand ces deux pays, de gré ou de force, en sont écartés. Mauvaise foi, jeu de paradoxe ou myopie militaire ? A moins que ce soit les trois à la fois ! Est-il recevable de plancher sur des plans collectifs de lutte contre le terrorisme sans capitaliser sur les expériences, certes sinistres mais combien riches en enseignements, que la Syrie et l'Irak ont accumulées dans ce cadre ?
En outre, à travers cette force militaire collective, il semble que les pays arabes, du moins les parties à la coalition militaire contre le Yémen, d'obédience sunnite, voire wahhabite pour certains, aient changé de fusil d'épaule et d'ennemi, préférant, de loin, cohabiter avec l'entité sioniste, malgré ses exactions, ses abus et ses sanglants frasques qu'avec le courant chiite, en particulier son porte-drapeau, à savoir l'Iran. De toute évidence, les monarchies du Golfe, construites sur un modèle féodal, en farouches adversaires de la démocratie et de la liberté, œuvrent et manœuvrent pour empêtrer toutes les crises dans les méandres religieux et les sentiers confessionnels, juste pour pérenniser leur trône, conscients que sans l'armure d'un Islam défiguré et instrumentalisé, ils risquent de perdre le pouvoir. Ancrer leur peuple dans l'ignorance, l'obscurantisme et l'arbitraire est, à leurs yeux, le meilleur moyen pour que les arabes restent des sujets et jamais des citoyens et que leurs aspirations légitimes d'émancipation ne dépassent guère le stade de la pensée, et encore !
Dans cette occurrence, une question s'impose d'elle-même : Si demain Israël, Etat terroriste et fasciste, fort de l'impunité et de la complicité occidentale, mène une autre guerre d'extermination à l'encontre de la Palestine, la bande de Gaza notamment, est-ce que la force militaire arabe commune sera-t-elle déployée pour en protéger la population ?! Que nenni, la réponse coule de source, bien sûr que les monarchies du Golfe, derrière leur logique tribale et leur insolente richesse, ne bougeront pas le petit doigt. Ce qui est de nature à confirmer que la cause palestinienne n'est plus au premier rang de l'ordre des priorités arabes. Le cas échéant, cette évanescente force militaire n'est qu'un doux euphémisme, un artifice de circonstance, un front de pacotille, une feuille de vigne derrière laquelle les arabes cachent leur triste nudité et leur criarde faiblesse. Jamais cette force arabe ne défendra le territoire palestinien, en cas d'agression. Sinon l'ordre arabe marchera sur la tête !
Cette force militaire arabe commune n'est en fait qu'un fruste leurre, un piètre subterfuge visant à militariser les rapports arabes, à la tête du client, sur fond de rivalité confessionnelle avec l'Iran. Il ne s'agit pas de défendre l'ordre et l'intérêt arabes ou de combattre les ennemis déclarés et latents mais de se déchirer entre arabes. Tout compte fait, cette force n'est pas au service d'un agenda arabe commun mais à la botte de quelques pays arabes, notamment l'Arabie Saoudite, tel un sabre à brandir exclusivement contre des pays arabes quand le noyau dur en pointe un, qui sera nul doute accusé d'être sorti des rangs et de menacer l'unité et la sécurité de tel ou tel pays frère, en particulier l'Arabie Saoudite. Royaume qui, adossée à sa puissance financière, à son art consommé de corrompre et de magouiller et à sa force de nuisance, réduit les intérêts arabes aux lubies de son monarque, aux faux épouvantails qu'elle s'amuse à agiter et aux fictifs adversaires qu'elle veut bien désigner. Le système saoudien n'a jamais cristallisé les aspirations de la population arabe, loin s'en faut. Tout le monde voit en lui une entrave, entre autres, à l'affranchissement arabe.
En conclusion, et outre les grandes puissances dont les intérêts ont toujours été différents, voire opposées, Israël, Iran et Turquie, pays aux confins de la région, ont chacun son propre projet et sa propre stratégie au Moyen-Orient, sauf les arabes, pourtant héritiers et propriétaires des terres, disposant de tous les facteurs naturels d'union, ils n'en ont pas. Ils ont toujours opéré par ordre dispersé, rongé en interne par les clivages, les conflits, les rivalités de leadership et les déloyautés. Et ce n'est guère la mise sur pied d'une force militaire arabe commune, dans la précipitation et le désordre, sans préparation ni coordination au préalable, qui soit en mesure d'en constituer le noyau. Bien au contraire, cette force crée plus de problèmes qu'elle n'en résout et risque de précipiter la rupture là où il y a possibilité de dialogue ou de négociation.


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