Quelques semaines après, l'attentat de Sousse continue de défrayer la chronique et de partager les observateurs et les experts. Pour certains, l'attaque meurtrière est l'œuvre d'un « loup solitaire », de son propre initiative, sans commanditaire ni appui logistique ou technique, avançant , pour étayer leur version, que jusqu'ici la police a arrêté nombre de suspects sans formuler franchement une accusation en bonne et due forme contre quiconque parmi eux. Pour d'autres, il s'agit d'une opération dont la conception, la préparation et l'exécution engagent divers coupables, arguant que l'ampleur d'une telle l'action terroriste suggère l'implication de plusieurs acteurs. De toute évidence, l'alternative de « loup solitaire » ne résiste pas à l'examen dans la mesure où le timing, le lieu et la cible et le mobile ne sont guère fortuits mais le fruit d'une réflexion bien établie dont la mise en œuvre ne peut être le fait d'un seul homme mais d'un groupe dont les membres ont mutualisé les données collectées et coordonné leurs sombres efforts pour monter et perpétrer leur attentat dont 38 touristes ont été victimes, essentiellement anglais (détail très important, voir ci-dessous ). Premièrement le timing, perpétré à la veille de la haute saison pour laquelle le taux de réservation et le potentiel de la clientèle sont prometteurs et annoncent une meilleure saison touristique que l'année précédente, l'attentat vise à saboter la haute saison et de briser l'élan de sympathie et de solidarité amorcé après l'attaque terroriste contre le musée Bardo. Le timing est tout sauf un hasard. Deuxièmement le lieu, pourquoi Sousse ? Tout simplement parce que la perle du Sahel est réputée être la destination privilégiée des touristes anglais. L'hôtel visé en a fait la spécialité et le profil. C'est l'établissement le plus british de Sousse. Le lieu n'est donc nullement accidentel mais traduit un plan et un choix bien étudiés. Troisièmement la cible, pourquoi les anglais ? La cause est entendue quand on sait que, dans un contexte de grande érosion des touristes européens, tous pays confondus, seuls les touristes anglais sortent du lot et enregistrent un taux de croissance constant de 5% malgré l'attentat du Bardo alors que la régression caractérise tout le marché européen. Cibler les touristes anglais montre que les terroristes ont une idée précise sur la marché tunisien. Quatrièmement le mobile, Secteur par définition vulnérable certes, mais grand créneau d'exportation et principale source de devise, le tourisme est, pour les terroristes, la cible de choix dans la guerre économique qu'ils mènent contre la Tunisie. En effet, c'est de guerre économique qu'il s'agit, un autre palier dans leur stratégie de faire effondrer le pays et susciter une grave crise sociale pour mettre à profit le chaos et faire avancer leurs pions et leurs idées comme recommande leur théorie de référence, à savoir « gestion de la barbarie » (Idaret Tawwahouch), véritable livre de chevet de tous les terroristes islamistes. En conclusion, l'attentat de Sousse n'est pas un acte isolé, commis par un quelconque « loup solitaire » mais bel et bien l'œuvre sinistre d'un groupe qui a bien choisi le timing et la cible et qui a redéfini sa stratégie d'attaque, désormais focalisée sur la sphère économique. Par ailleurs, il faut se rendre à une nette évidence, il est difficile à un Etat, aussi doté qu'il soit, de combattre des individus qui ourdissent leur coup en cachette, qui avancent masqués, qui opèrent par surprise, le cœur, l'âme et l'esprit pétris de haine et de lâcheté. Tapi dans l'ombre, ils bondissent de leur cachette, brandissent leur sabre là quand on les attend le moins. Il est impératif que les forces de l'ordre anticipent et devancent les coups. Les experts sont en mesure d'apporter leurs analyses et leurs recommandations. Tout un chacun des forces vives tunisiennes a le devoir sacré d'apporter sa pierre et de contribuer à cette guerre contre le terrorisme que la toute la Tunisie a déclarée. En un mot : Contre le terrorisme, tout un chacun doit être concerné. L'union sacrée n'est pas un choix mais bel et bien un impératif, une condition impérieuse pour relever le défi et en finir, une fois pour toutes, avec la menace terroriste. Chaque tunisien, homme ou femme, doit en être conscient. Il est le premier responsable car il est la première victime. Bien sûr, les forces sécuritaires et militaires nationales sont en première ligne, mais sans soutien actif de la population, le combat risque d'être plus coûteux en termes humains et moins efficient en termes de résultats. Tous les tunisiens, quels qu'en soient l'obédience politique et idéologique ou la catégorie sociale ou la région en sont fondamentalement concernés.