Finalement la montagne a accouché d'une souris. Le bon peuple n'a pas répondu à l'appel de l'opposition (plutôt une mosaïque hétéroclite d'opposants) d'investir la rue et de braver l'Etat d'urgence. Un vrai camouflet notamment pour le Front Populaire qui a fait de cette manifestation contre le projet de loi sur la réconciliation économique et financière son cheval de bataille et son fer de lance, multipliant les invectives et les provocations à l'égard du gouvernement et de l'ARP, soufflant sur un feu qui s'est avéré finalement un pétard mouillé. La mobilisation tant acclamée a fait défaut comme le FP a fait chou blanc, se cassant les dents sur l'épreuve de force qu'il a lui-même lancée et nourrie. L'alliance objective entre le FP et les partis de la défunte Troïka, qu'il n'a cessé de honnir,montre, en fait, que la cible n'est pas contre le projet de loi sur la réconciliation économique et financière mais bel et bien contre le pouvoir politique en place, en particulier les deux têtes de l'Exécutif. Même les slogans scandés épinglent les présidents de la république et du gouvernement. Le mobile inavoué est de descendre le gouvernement. Un gouvernement pourtant démocratiquement élu. L'opposition a cru en un nouveau Bardo. Sauf que la donne a complètement changé et les amis d'hier sont devenus les ennemis d'aujourd'hui. L'inverse n'est pas faux non plus, à en juger par les profils incompatibles de manifestants. L'opposition a voulu que la Rue parle, et la rue a parlé, d'une voix haute, forte et tranchante. La rue n'a pas suivi l'appel. Le boycott de la manifestation, que certains ont brandie comme un épouvantail contre l'Exécutif, est aussi un message adressé à l'opposition pour lui signifier que son camp manque de représentativité et de crédibilité. N'a-t-on pas encore compris que le peuple a pardessus la tête de la politique et de la classe politique ?! N'a-t-on pas compris que le peuple ne se reconnait plus dans cette opposition qui détruit là où elle croyait construire, qui se tire une balle dans lepied là où elle pensait cibler et trouer la peau de l'adversaire désigné. Maintenant que l'épisode est plié et bien plié, verra-t-on l'opposition, notamment le FP, tirer les bonnes conclusions et les enseignements adéquatsd'un tel revers.Le doute est permis tant le FP n'a jamais brillé par sa faculté de se remettre en question et de s'autocritiquer. Le FP n'a jamais quitté sa tunique d'éternel mécontent et de farouche moulin à vent. Toute sa culture politique se résume à un seul mot, à savoir « Non », il ne respire que dans l'opposition. Au point que le jour où il avait l'opportunité d'intégrer le pouvoir, il a invoqué tous les motifs pour s'en détourner et rester figé dans les méandres de la réfutation à tout-va, otage de sa propre vision étriquée. En conclusion, La démonstration de force, dont les promoteurs ont présentée comme acquise et fulgurante, a tourné au non-événement.L'arbre qui n'a pu cacher la forêt de convoitises bassement politiciennes, sourdement ourdies. Rien que des casseroles. La manifestation a, au moins, le mérite d'avoir montré le poids de l'opposition dans la rue et le niveau de sa force de mobilisation. La rue lui a remonté les bretelles et l'a confondue dans sa rupture par rapport aux préoccupations et autres enjeux dont le peuple est rongé. Le projet de loi sur la réconciliation économique et financière n'est qu'un prétexte, un mauvais alibi, le principal mobile et l'objectif central étant ailleurs.