Le pays où le déni des droits est élevé au rang de dispositif de gouvernance, où la femme n'est pas citoyenne mais une engeance humaine de second plan, où les minorités et les étrangers sont asservis et traités pire que le bétail, où la flicaille de conscience, fouet à la main et la haine plein le regard, fait fureur et terreur dans les rues, est bombardé président d'une importante instance du Conseil des Droits de l'Homme (CDH). Ce n'est même pas ridicule, c'est tout bonnement scandaleux. Jamais la communauté internationale n'est descendue aussi bas. Qui a dit que les droits humains ne sont pas entre de bonnes mains ?! L'ambassadeur saoudien, à Genève, a été nommé à la tête du groupe consultatif chargé de chargés de désigner les rapporteurs et les experts devant composer les missions d'évaluation en matière de droits de l'homme. Après cette autorité , à savoir le groupe consultatif, il n'est pas exclu que l'Arabie Saoudite envisage de voir plus haut et plus loin et lorgner vers la présidence du CDH. Tout est désormais permis. Pourquoi pas après tout ?! Du moment qu'on a confié à Riyad les rênes dudit groupe consultatif, pourquoi s'arrêter en si bon chemin. D'autant plus que la monarchie wahhabite a déjà présenté sa candidature à la présidence du CDH avant de la retirer devant le tollé général. Certains observateurs ont signalé que, c'est en guise de lot de consolation que le groupe consultatif a été offert à l'Arabie Saoudite. Riad pourrait revenir à la charge, faire le forcing et tenter d'obtenir la présidence du CDH dans la mesure où la prochaine présidence, qui est tournante, en vertu de la règle de rotation régionale, revient à l'Asie dont le groupe, à Genève, est appelé à désigner un candidat. Etant précisé que ce n'est qu'en 2013 que l'Arabie Saoudite est devenue membre du CDH, malgré le feu nourri de critiques que cette adhésion a soulevé à travers le monde à l'époque. Le royaume moyenâgeux, où la liberté d'expression non seulement n'existe point mais constitue notamment un motif d'hérésie. Il suffit que quiconque ose en parler pour faire l'objet d'une sanction physique féodale. Le blogueur Raef Badawi l'a appris à ses dépens, étant condamné à dix ans de prison, 1000 coups de fouet et une amende d'un million de rials (environ 240 000 euros) pour avoir commis, non un meurtre , mais seulement quelques mots sur la liberté d'expression, acte jugé comme une insulte à l'Islam. Malgré la volée de bois vert par la société civile et l'opinion publique internationales, l'appareil judiciaire saoudien était resté droit dans ses bottes, confirmant le verdict après recours de la famille de Raef Badawi à la cour suprême. Aux termes de sa résolution N° 60/251 instaurant le CDH à la place de la tant décriée et controversée Commission des Droits de l'Homme, l'Assemblée Générale des Nations Unies exige des Etats membres, élus au CDH de »respecter les normes les plus élevées dans la promotion et la protection des droits de l'homme......et de coopérer avec le Conseil« . L'Arabie Saoudite ne brille ni par son respect des normes ni par sa promotion des Droits de l'Homme ni par sa coopération avec le CDH. La dernière mission d'expert à Riyad remonte à 2008. Pire encore, neuf demandes de visite sont restées lettres mortes. Les pétrodollars font des miracles et offrent à un régime honni en matière de droit humain un bouclier démocratique et une attestation de loyauté à l'égard des Droits de l'Homme. N'a-t-on pas dit et redit que l'Arabie Saoudite est une dictature protégée.Premier exportateur mondial de pétrole et grand client de l'occident en armement et infrastructure militaire, Riyad peut compter sur ses fournisseurs et ses mentors pour dissimuler la face hideuse de son régime et accepter que l'Arabie Saoudite préside une instance aussi importante que le groupe consultatif et soit ainsi arbitre en matière des Droits de l'Homme.