Tahar Belkhodja, expert en sécurité et ancien ministre de l'intérieur sous Bourguiba, a fait part, à la rédaction de TunisieNumérique, de ses remarques, et soucis, quand à la façon avec laquelle le pays, et en particulier, les forces armées, sont en train de combattre le terrorisme sur tous les fronts. Belkhodja a tenu, au début de l'entretien, à mettre l'accent sur la gravité du moment, et sur la délicatesse de la situation actuelle que doit affronter la Tunisie. Dans ce sens, il a précisé que contrairement à ce que certains se plaisent à dire, la Tunisie représente, bel et bien, « LA » prochaine cible de Daech, en cette phase. Il a ajouté qu'en ce moment, la Tunisie représente le point de fragilité, par lequel les organisations terroristes, Daech à leur tête, comptent pénétrer et prendre possession du terrain en Afrique du Nord. Daech avait bien annoncé son intention de créer un Emirat islamiste allant de Zarzis à Syrte, a-t-il précisé. Ce n'est qu'ensuite, selon notre interlocuteur, que ces organisations pourront organiser leurs rangs et entreprendre de s'attaquer à l'Algérie à l'ouest, ou à l'Egypte, à partir de la Libye, à l'est. La Tunisie a-t-il précisé, reste fragile, car affaiblie par plusieurs années de « restructuration » qui a anémié l'appareil sécuritaire du pays, qui commence, s'est-il félicité, à reprendre du poil de la bête, ces derniers mois. Dans ce contexte, Belkhodja rappelle que ce combat contre le terrorisme va être laborieux pour nos troupes. Car il ne s'agit point de se focaliser sur un front, qui est la frontière avec la Libye, pour pouvoir contenir la menace. Belkhodja rappelle que le péril peut survenir à tout moment, n'importe où, à l'intérieur du pays, venant de la part des cellules dormantes qui avaient été prévues pour cette échéance. Pour que ce combat soit le plus efficace possible, Tahar Belkhodja nous a fait part de ses appréhensions quant à la capacité, des différents corps armés en Tunisie, de coopérer et de travailler de concert. Il a précisé que par le passé, les trois principaux corps armés n'ont pas eu à travailler dans une si étroite collaboration. Donc, l'essentiel, pour notre interlocuteur, c'est qu'entre les soldats et les agents de sécurité, de même qu'entre les agents de police et ceux de la garde nationale, la coordination et la synchronisation soient optimales. Ils vont avoir à travailler ensemble, avec un maximum de coordination, pour espérer atteindre l'efficacité requise. Dans ce domaine de la coordination, Belkhodja assure qu'elle ne doit pas se limiter, comme certains le croient, à un échange performant des renseignements, mais doit s'étendre à toutes les actions et interventions sur le terrain, et le suivi de ces opérations, pour éviter les doubles emplois et les surcharges d'un côté, et de dégarnir d'autres champs, de l'autre. Belkhodja conseille aux hommes de troupes, et à leur hiérarchie, de travailler ensemble, de penser ensemble, d'agir ensemble, d'affronter ensemble, comme un seul et unique corps, sans hésitations, sans couacs, dans les interrelations et les échanges. Il a jouté que c'est de cette façon, qu'il conçoit, que nos troupes vont pouvoir venir à bout de ce péril. Car a-t-il tenu à rappeler, tout le monde, quelque soit son poste dans la hiérarchie, quelque soit son grade, est redevable de résultats et d'efficacité, sans failles, aux yeux de la Patrie et du citoyen.